On laisse cette fois-ci un peu les sentiers historiques, les sanctuaires et les vieux temples de côté pour parler de mon métier au Japon : le graphisme.
Un environnement de travail très satisfaisant
Ça va maintenant faire 4 ans que j’ai intégré le studio de graphisme et de communication Nininbaori, qui gère également la publication du magazine GetHiroshima, et j’en suis toujours extrêmement heureuse. J’avais déjà détaillé les raisons pour lesquelles cet environnement me plaisait au début de cet article, je ne vais donc pas y revenir cette fois-ci.
Cependant, je ne voudrais surtout pas faire passer le Japon pour l’eldorado de l’épanouissement professionnel, c’est d’ailleurs généralement plutôt le contraire. Car même si je ne m’en tire pas trop mal au final, il faut savoir que dans mon entreprise, les heures sup’ ne sont pas rémunérées. On est censé s’y retrouver avec le bonus, mais je n’en ai vu la couleur qu’une fois seulement en 4 ans.
Contrairement à mes collègues, j’ai tout de même la chance de pouvoir généralement partir à l’heure prévue (parce que je bosse seule sur mes projets et gère moi-même mon emploi du temps), mais ça ne m’a pas empêché de finir 3 jours de suite à 23h et de travailler un samedi après-midi le mois dernier (pour aider mes collègues complètement débordés, justement).
Pas de règles explicites concernant les congés payés non plus. Je m’octroie 2 semaines pour rentrer en France chaque année, mais je suis bien la seule à jouir de ce privilège. Je n’oserais pas demander 5 jours pour partir en voyage à Bali ou Hawaï par exemple. J’entends par-là que le retour dans mon pays sert un peu d’excuse à ces vacances que mes collègues ou mon patron n’ont jamais prises.
Des projets passionnants
C’est ce qui compense largement les 40 heures hebdomadaires minimum et la quasi absence de congés payés. J’ai la chance de bosser sur des projets qui me passionnent, notamment en packaging et en brand identity (ou « identité de marque » si vous êtes fâchés avec les anglicismes).
Oliver Rich
Une grande partie de mon temps est occupée par la direction artistique de la marque Oliver Rich, et ce, depuis sa création. Cependant, et à mon grand regret, j’ai parfois dû faire certains compromis dans les choix graphiques et n’ai pas toujours la main sur tous leurs supports de communication.
Comme vous l’aurez certainement remarqué, leur site internet fait un peu amateur. C’est pas faute pourtant de m’être appliquée à leur créer un joli site WordPress mais ils ont préféré tout gérer eux même à l’aide de la plateforme Jimdo. Je suis également déçue que leurs vidéos de promotion ou leurs stands sur les salons ne respectent pas toujours la charte graphique de la marque.
Mais les choses devraient s’améliorer puisque je suis de plus en plus impliquée dans les décisions de l’entreprise. En effet, depuis quelques mois, j’assiste aux réunions hebdomadaires pendant lesquelles on discute de la conception des nouveaux produits et mon rôle dépasse de plus en plus le cadre initial de simple graphiste. Mon avis est sollicité et pris en compte, et c’est très gratifiant. J’apprends également plein de choses sur un domaine que je ne connaissais pas du tout à la base.
Pour des questions de positionnement, de coûts de production, de timing, de saison, de concurrence, de difficulté à trouver une place pour les produits en rayon, de doute sur le succès potentiel, ou tout simplement parce que les acheteurs des grandes enseignes ne sont pas intéressés, seule une infime partie des produits sur lesquels on travaille voit le jour. Heureusement, certains projets ont récemment abouti et sont sur le point d’être mis en vente.
Voir sur mon portfolio :
Rebranding de la marque Oliver Rich
Le magazine GetHiroshima
C’est le couple anglo-américain, Paul et Joy Walsh, installés au Japon depuis 25 ans (dont 22 à Hiroshima), qui ont lancé GetHiroshima il y a 15 ans. L’aventure a commencé avec un site portail dédié à la ville, puis une carte touristique et enfin un magazine, il y a 3 ans.
Nous nous connaissons depuis 10 ans et partageons les mêmes valeurs et la même envie de proposer un magazine classy qui ne soit pas uniquement centré sur la communauté étrangère, mais plutôt sur la rencontre avec la population locale. Tout ça nous permet de travailler dans une parfaite entente et dans une excellente ambiance.
Là encore, mon rôle ne se limite pas uniquement à la mise en page. Je soumets des idées, rédige parfois des articles et il m’arrive aussi d’être chargée de prendre des photos.
Voici le dernier numéro printemps 2017 dont j’aime beaucoup la couv’.
Vous pouvez trouver GetHiroshima mag version papier dans les principaux hôtels et gares d’Hiroshima, ainsi que dans celles des grandes villes du Japon. Vous pouvez aussi le consulter en ligne sur Issuu ou le télécharger en PDF ici.
Des projets pour des grandes marques
On m’a récemment demandé de créer l’identité et les packagings d’une ligne de crèmes pour les mains d’une grande chaîne de magasins de déco et le rebranding d’une boisson alcoolisée afin d’effacer son image de « pépé alcoolo » et attirer une clientèle plus jeune. Oui, je sais, je travaille un peu pour le diable là ! Je n’en dis pas plus sur ces 2 projets pour l’instant puisque je ne sais pas s’ils seront retenus, mais c’est très excitant d’y travailler dans tous les cas.
Un travail reconnu
Enfin, je suis extrêmement flattée d’avoir pour la deuxième fois une de mes créations sélectionnée pour être publiée dans un ouvrage de graphisme (Sendpoints Publishing). Il s’agit cette fois d’un livre intitulé « Japanese Graphics » qui dans la première partie retrace l’histoire du graphisme japonais de la période d’après-guerre jusqu’à nos jours et présente les graphistes et illustrateurs phare du pays. La seconde partie est consacrée à des créations contemporaines japonaises ou inspirées du design japonais.
C’est mon travail pour le tatoueur Horitaro qu’ils ont décidé de présenter. Vous pouvez voir ce projet plus en détail sur mon portfolio ici.
Il y a 2 ans, c’est mon travail pour la marque Pink India qui avait été publié dans « Good Idea 4 » (Hightone Publishing).
Vous pouvez aussi voir le projet complet sur mon portfolio ici.
Je vous en avais déjà parlé, mais j’avais également été super honorée de découvrir que mon travail pour Oliver Rich avait été présenté sur l’excellent site de packaging The Dieline.
C’est pour l’opportunité de travailler sur des projets aussi intéressants bien que l’on soit une toute petite agence située dans une petite ville du Japon et avec un patron en or, le tout dans une ambiance super relax et familiale, que je m’estime vraiment heureuse au travail.
Quelques articles complémentaires sur le métier de graphiste et le graphisme au japon
Le concept et l’identité visuelle d’une soba-ya, racontés par son boss et le D.A.
Graphiste au Japon Part.2 & Hanami à Hiroshima
Vocabulaire graphisme en japonais
[Sur le blog de Béné no Fukuoka] Être webdesigner au Japon
Jérémie
mars 13, 2017
En tout cas ton amour d’Hiroshima se ressent et est contagieux : j’avais visité Hiroshima la première fois en 2012 et j’étais passé complètement à côté de la ville, la jugeant un peu vite.
En suivant ton compte Instagram puis ton blog, j’ai retrouvé l’envie de visiter la ville et j’ai découvert un bijou qu’on réduit trop facilement à la « visite du Dôme-unokonomiyaki puis on file à Miyajima » en tant que touriste novice.
Merci pour toutes ces découvertes 🙂
Judith Cotelle
mars 13, 2017
Merci pour ton commentaire !
Et oui, le Dôme et Miyajima font malheureusement beaucoup d’ombre au reste…
tetoy
mars 13, 2017
Ah ouais quand même ! Voir son travail aboutir comme ça c’est super gratifiant. Bravo !
Et c’est mérité =)
Pour moi, le meilleur travail, c’est celui dans lequel on se trouve bien. Bon patron, bonne équipe : le combo parfait !
wissal
juillet 25, 2017
Les débuts n’ont pas dû être de faciles ? Le fait de s’adapter au pays même au clavier d’ordinateur ? (Je dis ça car quand je suis allée en espagne j’ai eu du mal à m’adapter au clavier espagnol, et maintenant je galère avec le français)
Enfin bref. Ça se voit bien que tu es épanouie et je trouve ça super de faire un travail dans lequel on n’a pas la boule au ventre dès qu’on commence, mais de le faire avec envie et les résultats sont présents !
En tout cas je te souhaite l’épanouissement éternel 😀
Judith Cotelle
juillet 25, 2017
Ca va, quand j’ai commencé à bosser dans cette entreprise ça faisait un moment que j’utilisais des ordinateurs japonais. En fait, ma première année au Japon (en working-holiday) alors que je bossais en Freelance sur des projets en France et que c’était le mois le plus busy de toute ma vie, mon portable français m’a lâchée, obligé d’en racheter un en urgence au Japon, tout en japonais alors que je ne le lisais quasiment pas à l’époque ! Ca m’a formée !! 😀
Sinon oui, y a rien de plus agréable que de travailler dans un endroit où on se plaît, même si on fait un peu plus d’heure qu’en France ici…