On poursuit cette série d’articles sur la randonnée au Japon avec le Mont Misen, sur l’île sacrée de Miyajima. Je pense qu’il est inutile que je vous présente une énième fois l’ensemble de l’île puisque de nombreux articles y sont déjà consacrés, notamment sur la carte collaborative Jipangu ou sur mon blog.
Mais sachez qu‘il y a plus à voir à Miyajima que le fameux Torii et le sanctuaire d’Itsukushima, tout comme le Japon ne se limite pas à ses grandes métropoles et à ses temples bondés de touristes. La marche ou le trekking sont aussi d’excellents moyens d’explorer l’archipel, loin des foules et des clichés. Arpenter les sentiers de forêts primaires ou de montagnes à l’aura quasi mystique, vous laissera sans aucun doute des souvenirs impérissables et plus intimes du le pays. Et prendre le temps de visiter, plus lentement, s’imprégner des lieux, pratiquer ce qu’on appelle le « slow tourisme » me semble être encore plus une priorité depuis le début de cette pandémie.
Les 3 circuits de randonnée du Mont Misen
Trois chemins permettent d’atteindre le sommet du Mont Misen à pied :
- Momijidani (fermé pour rénovation jusqu’à fin mars 2021) : le plus court (2,5 km / ≈1h30), chemin de forêt qui longe la rivière
- Daisho-in : 3 km / 1h30 à 2h, 2000 marches de pierre, cascades, nombreuses statuettes Jizo
- Omoto : 3,2 km / ≈2h, marches et sentiers au cœur de la forêt primaire, gros rochers, grotte de Kobo Daishi
Nous avons cette fois-ci choisi le chemin Omoto.
Attention ! Ne partez pas trop tard si vous comptez redescendre en téléphérique (dernier départ à 17h, et 16h30 de décembre à février).
Niveau : Pas particulièrement difficile, mais ça grimpe pas mal par moments.
Dénivelé : Alternance de chemins très pentus et plus plats.
Longueur du circuit : 3,2 km du début du parcours jusqu’au sommet. Nous sommes redescendus en téléphérique + 2km de l’embarcadère jusqu’au Parc Omoto, et 1,6km du Parc Momijidani jusqu’à l’embarcadère. Au total, on a parcouru 12 km dans la journée.
Temps : environ 2h pour monter
Sentiers : chemins de terre, marches en pierre, pierres
Équipement à prévoir : bonnes chaussures ou chaussures de marches, si vous avez des bâtons, prenez-les mais on peut faire sans
Altitude: 535m
Restauration : au pied de l’île
Toilettes : au pied de l’île et au sommet
Faune : cerfs et biches, sangliers
Accès : voiture, train JR (Quai n°1 JR Sanyo Line ou n°2 City-Liner, 420¥ de 20 à 35 min jusqu’à Miyajimaguchi) + ferry (10 min, 180¥)
Halte à Etto avant la traversée en ferry
L’embarcadère de Miyajimaguchi a été complètement rénové au printemps 2020. Le splendide bâtiment, œuvre de l’architecte Kumiko Inui, abrite sous la partie droite un complexe commercial plutôt chic, nommé Etto. Vous y trouverez de nombreuses boutiques de souvenirs et spécialités de la région, ainsi que des restaurants.
Pour un bon pique-nique au sommet du mont Misen, je vous recommande l’achat de quelques omusubi chez Kakuichi Yokocho !
On avait pris un petit assortiment : anago (congre de mer, la spécialité de Miyajima), shiso-kombu et ume-kombu, et on s’est régalé ! Ils vendent aussi des sakés d’Hiroshima, mais mieux vaut repasser au retour, comme nous l’avons fait.
La montée depuis le Parc Omoto
Contrairement au chemin de randonnée du Mont Shirakiyama, celui-ci démarre en douceur, ce qui laisse le temps de s’échauffer. On ne tarde pas à y croiser des biches, cerfs et faons en liberté.
La promenade se poursuit au cœur d’une magnifique forêt de sapins, épicéas, muscadiers et autres arbres gigantesques. On alterne entre chemins de terre et marches de pierre, côtes raides et quasi plat.
Si vous souhaitez visiter la grotte de Kobo Daishi, fondateur de le secte Shingon, c’est au niveau de la pancarte, sur la droite qu’il faut tourner. Il vous suffira de descendre quelques marches.
On trouve au fond un petit sanctuaire dédié à Kobo Daishi (moine Kukai), au dieu Fudo et à Bouddha.
Sentier menant au mont Komagabayashi et vue panoramique sur la Mer intérieure de Seto
Une fois ce sentier atteint, la marche devient beaucoup plus reposante. Vous avez fait le plus gros et le plus dur !
Et après la relative obscurité de la forêt, on apprécie le changement de décor. En effet, par beau temps, la caresse des rayons de soleil, sur ces chemins à la vue plus dégagée, est extrêmement agréable.
À partir de là, on ne cesse de s’extasier sur ces vues à couper le souffle sur les forêts ultra denses de Miyajima et les îles de la mer intérieure de Seto.
Le Mont Komagabayashi (506m)
Il faudra encore monter quelques marches avant d’atteindre le sommet du mont Komagabayashi, mais vous serez vite récompensé ! La vue depuis le haut de cette falaise abrupte de 50 m est tout simplement époustouflante. Il ne faut pas avoir peur du vide cependant !
Avec l’odeur enivrante des pins et ce ciel bleu vif, on aurait presque oublié qu’on était déjà en automne.
Le Sanctuaire Miyama
De nombreux randonneurs semblent faire l’impasse sur le sanctuaire Miyama, et c’est bien dommage ! Bien qu’indiqué par des pancartes, il faut reconnaître qu’on peut facilement passer près du petit sentier y menant sans le remarquer. Ce qui explique sûrement pourquoi il est principalement fréquenté par les biches.
Il se trouve à mi-chemin entre la porte Niomon et la place des pavillons Hondo et Reikado. Littéralement perché sur le rebord de montagne, ce sanctuaire isolé offre une vue spectaculaire sur la mer en contre-bas. Bref, faites ce petit détour, ça en vaut la peine !
Le sommet du Mont Misen
Depuis la place des pavillons Hondo et Reikado, il faudra compter une dizaine de minutes de marches jusqu’au sommet.
L’observatoire a été reconstruit en 2013, et c’est à l’architecte Hiroshi Sambuichi, dont j’avais déjà parlé dans mon article consacré à la tour Orizuru, que ce travail a été confié. Si l’ancien bâtiment défigurait le paysage, celui-ci s’y fond parfaitement. La particularité du travail de Sambuichi réside dans sa façon d’utiliser les éléments naturels (vent, lumière, etc) dans ses constructions. Deux articles à lire si vous voulez en savoir plus sur le travail exceptionnel de cet architecte soucieux de l’environnement : Revolutionary Nature: the Architecture of Hiroshi Sambuichi, Hiroshi Sambuichi: The nature of architecture.
Après tous ces efforts, on était affamé, et ravi d’avoir emporté de si délicieux omusubi !
Fou rire au pavillon Reikado
Et là, alors qu’on faisait une petite pause sur un banc, un moine caché dans les fourrés a commencé à s’entraîner à jouer de la conque… On a d’abord cru qu’il s’agissait du brame d’un cerf en rut. Mais non… juste d’un pauvre moine qui ne maîtrise pas encore son instrument, et on n’était pas les seuls à se prendre des fous rires !
La descente en téléphérique et le parc Momijidani
On aurait aimé redescendre par le chemin Momjidani, malheureusement il était fermé pour rénovation. On a donc marché jusqu’à la station Shishiiwa, et pris le téléphérique (1010¥ pour un aller simple – non c’est pas donné).
Sur le retour, dans le parc Momijidani, on s’est arrêté au restaurant Momiji-so. On peut manger en plein air, dans la forêt ou près du bassin à carpes koi, sur des tables occidentales ou des tables basses japonaises. Le patron est très accueillant et sachez qu’ils proposent des plats végétariens.
C’était encore un peu tôt pour profiter du spectacle des momiji, mais quelques feuilles rougissaient déjà par-ci par-là.
Et, comme prévu au retour, on est passé acheter quelques bouteilles de saké de la région. Tous les deux excellents, mais ma préférence va pour le Ryusei.
Bilan
Encore une magnifique balade ! Habitant la région, vous imaginez bien que je ne compte plus mes visites de Miyajima et du Mont Misen ! C’est donc le Mont Kobagamayashi et la forêt du parc Omoto, que je connaissais peu, qui m’ont le plus marquée et impressionnée cette fois-ci.
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Ne manquez pas les deux premiers articles de cette série :
Sandankyo et le Mont Shirakiyama
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