EDIT : ayant reçu plusieurs commentaires insinuant que j’attaquais Tokyo, ce qui n’est absolument pas le cas ni l’intention, j’ai surligné en rose quelques passages.
Se faire des amis au Japon, difficile ?
C’est en tous cas un problème souvent évoqué qu’on ne peut pas nier.
<spoiler> J’ai jamais trouvé que c’était particulièrement le cas.</spoiler>
En fait, l’idée d’écrire sur ce sujet m’est venue en regardant cette vidéo qui fait le bilan d’un an passé au Japon. Bien qu’il est l’air plutôt sympathique, l’auteur y explique avoir eu du mal à tisser des liens avec les Japonais, notamment à Tokyo. Et il est malheureusement loin d’être le seul à rapporter ce genre d’expérience après ou pendant un long séjour en terre nipponne.
Si le Japon est réputé pour la difficulté que rencontrent les étrangers à se lier d’amitié avec les autochtones, il semble néanmoins que ce ne soit pas le seul endroit au monde. J’ai lu un nombre phénoménal de témoignages d’expats ou étudiants affirmant que c’est impossible en France, oui chez nous, en Suède, en Allemagne, et même aux États-Unis. D’autres y parviennent pourtant.
Alors rassurez-vous, je ne prétends ni connaître ni vous livrer la méthode miracle. Seulement vous donner modestement quelques pistes, celles à éviter, celles à favoriser, pour se faire des relations ici.
Je parlerai d’ailleurs sans doute plus de l’étape initiale : « se faire des connaissances au Japon » mais on verra aussi comment aller un peu plus loin.
Car malgré tout ce que je pourrais vous dire, le processus qui mène une simple « connaissance » à devenir un « ami » reste le résultat d’une alchimie bien trop complexe entre deux personnes pour être disséqué. Ce n’est pas une science, le hasard y est pour beaucoup et chacun a sa propre définition, rigide ou plus élastique, de ce qu’est l’amitié.
Ce ne sont en aucun cas des ordres à suivre à la lettre, ni même vraiment des conseils, juste mon approche, et j’admets qu’elle ne conviendra pas forcément à tous.
Les choses qui risquent de vous rendre la tâche difficile :
Tokyo, Tokyo…
Vous êtes nombreux à rêver de vous installer dans cette ville et je le comprends très bien. Malheureusement, c’est là que la communauté étrangère semble le plus se plaindre de la pauvreté ou de la superficialité des contacts avec la population locale.
Et oui, comme dans toutes les grandes capitales du monde, on reproche généralement aux habitants d’y être froids, distants et trop occupés. Et l’anonymat fait qu’on y oublie souvent la courtoisie.
Une ville aussi dynamique et diverse que Tokyo attire pourtant forcément aussi son lot de gens avenants et chaleureux – et j’en connais, vous en connaissez sûrement aussi. Peut-être qu’il est plus difficile de mettre la main dessus au milieu de cette gigantesque fourmilière.
Quoiqu’il en soit, si au Japon comme ailleurs on attribue un certain type de personnalité aux habitants de chaque région (pensez à la différence entre les habitants du Texas, de NY ou de LA par exemple), ce ne sont pas tant les gens le problème. C’est surtout la taille de la ville, les distances et l’organisation auxquelles celle-ci contraint.
Les trajets entre la maison et le lieu de travail sont souvent longs et éprouvants, mais ils le sont aussi pour rejoindre des amis quelque part le soir. Je vous conseille la vidéo d’Objectif Japon s’il est encore besoin de vous en convaincre. Si l’on habite loin du lieu de rendez-vous, le retour en taxi coûte cher et oblige à rentrer avec le dernier train. Ça enlève du coup pas mal de spontanéité aux rapports humains et explique pourquoi à Tokyo il faut toujours tout prévoir longtemps à l’avance (ce qui n’est pas le cas à Hiroshima et j’imagine dans d’autres villes de même taille en tous cas).
Si en outre la personne avec qui vous souhaitez passer une soirée est souvent contrainte de faire des heures sup’ de dernière minute, elle risque d’avoir encore plus de mal à fixer un rendez-vous. Ajoutez à cela la peur d’incompréhensions culturelles et linguistiques avec une personne étrangère que vous ne connaissez pas encore très bien, et les chances de s’engager pour une rencontre s’amenuisent encore.
La vie dans une grande ville étant épuisante et onéreuse, on consacre fatalement moins de temps aux sorties et on se réserve donc plus volontiers pour les passer avec des gens qu’on connaît bien, avec qui on est à l’aise, avec qui la communication est fluide. C’est déjà difficile pour les Japonais qui s’installent à Tokyo de se créer un réseau, pas étonnant que ce le soit pour les étrangers.
Ceci-dit, à aucun moment, je ne vous déconseille de vous installer à Tokyo si c’est votre choix ou si justement vous n’en avez pas. Mais les inconvénients que je viens de citer sont à prendre en compte. Rien ne vous empêche non plus de tâter un peu le terrain dans une autre grande ville quitte à se déplacer sur Tokyo plus tard, une fois que vous vous serez acclimaté à la culture locale. En ce qui me concerne, c’est une ville que je préfère garder comme terrain de jeu et lieu de vacances.
Arriver en couple
On ne choisit évidemment pas cette situation, mais mieux vaut savoir que ça ne favorise pas les nouvelles rencontres. Et ce n’est pas spécifique au Japon, je pense.
En couple, on est généralement moins réceptif, moins disponible – je ne parle pas uniquement de temps – et les gens hésiteront plus à vous aborder. Vous aurez aussi tendance à parler entre vous, dans votre langue, même en compagnie d’autres personnes.
Si vous venez rejoindre votre petit(e) ami(e) ou votre conjoint japonais ici, ne comptez pas non plus vous faire des amis par son biais. Je dirais même que ça risque de diminuer vos chances d’y parvenir. Ici, les couples ne se présentent pas automatiquement leurs amis et chacun a tendance à fréquenter des personnes du même sexe. A l’instant où je dis ça, vous viennent sûrement à l’esprit ces images de grandes tablées d’hommes ou de femmes qu’on est peu habitué à voir dans les restaurants chez nous. Et oui, c’est comme ça.
Et combien même vous compteriez vous faire des relations de votre côté, encore faudra-t-il que vous ayez l’occasion de sortir seul et que votre moitié n’y voit pas d’inconvénient.
Ne vous découragez pas pour autant, tout le monde ne fonctionne pas systématiquement de cette manière. Mon copain et moi nous sommes naturellement présenté nos amis respectifs et ça se passe à merveille. Cependant il m’a confié que son ex n’avait jamais accepté ses invitations à venir passer des soirées avec les siens bien que celle-ci ait peu de fréquentations de son côté.
Avoir ou se créer dès le départ une bande d’amis de son pays d’origine
Là aussi, je comprends tout à fait le besoin de s’entourer de gens avec qui on partage une même langue, une même culture. Avec qui on se sent naturellement plus proche et sur qui on peut compter pour se consoler du mal du pays. Mais je vous conseillerais d’attendre d’avoir consolidé des liens d’amitié avec les Japonais avant de chercher à fréquenter vos compatriotes.
Pourquoi ? parce que vous allez vous fermer à des tas d’opportunités et céder malgré vous à la facilité de vous isoler dans une bulle confortable (la fameuse «bulle gaijin»). Plus le temps passera, et les tentatives peu fructueuses ajoutées à la paresse et aux habitudes prises vous couperont l’envie de sortir de votre zone de confort. Passer votre temps à médire sur la population locale deviendra un hobby, et la paroi de la bulle sera de plus en plus épaisse. Vous aurez alors déjà perdu la fraîcheur, l’esprit d’aventure et la motivation qui vous caractérisaient en arrivant.
Il faut également être conscient que quand on se déplace en groupe, comme en couple, c’est plus difficile de se faire proposer des sorties, des repas. On aura tendance à se confier en priorité aux amis de ce groupe, et les relations avec ses quelques connaissances japonaises risquent du coup de rester superficielles.
De même, l’étiquette « gaijin » tant redoutée vous collera bien plus à la peau si on est habitué à vous voir accompagné d’autres étrangers plutôt qu’en solo ou avec des Japonais. Et le fait qu’on vous entende principalement parler entre vous dans une autre langue risque de créer une barrière et de la distance. On ne se doutera peut-être même pas que vous êtes en fait capable d’avoir une conversation en japonais.
Je grossis le trait bien sûr, mais c’est un peu ça.
Une attitude négative, des idées préconçues
Évidemment, si avant votre arrivée vous n’avez fait que lire des articles disant que les Japonais sont froids, n’ont pas d’humour, n’ont que des sujets de conversation superficiels, sont tous racistes et vous considéreront toujours comme un « outsider » quels que soient vos efforts, que les Japonaises sont toutes des grosses niaises à sac Vuitton, etc, la prophétie s’autoréalisera sans aucun doute et vous ne chercherez qu’à confirmer vos certitudes. Car oui, même avec tout l’optimisme du monde, des Japonais correspondant au stéréotype que je viens de décrire, vous en rencontrerez plus d’un. Et c’est pas avec ceux-là que vous aurez envie de devenir potes.
Gardez une attitude ouverte et curieuse, ce n’est pas valable qu’au Japon. Si dès le départ vous vous montrez arrogant, condescendant et méprisant à l’égard de leur culture, même sous forme de fausses questions innocentes, il y a de fortes chances que vos interlocuteurs se braquent. Les sujets épineux, vous pourrez les aborder et en débattre plus tard, quand justement ces gens seront devenus des amis.
Inutile aussi de monter sur vos grands chevaux dès qu’une personne à le malheur de vous féliciter pour votre manière de tenir les baguettes, ou vous pose une question maladroite sur votre pays. « Ha ! ça y est ! exactement comme on me l’avait dit ! tous des racistes xénophobes insulaires qui supposent qu’en tant qu’étranger je ne suis pas capable de me servir de baguettes ni de parler leur langue ! Bouh ! le faux compliment ! Le tatemaé ! la fameuse hypocrisie japonaise ! ». CAL-MOS.
Vous risquez d’entendre des choses comme ça, oui, même parfois dans des groupes de gens pourtant cools et intéressants. C’est souvent une manière de briser la glace, de combler la conversation au départ. Pas la peine de sur-interpréter. Vous aurez tout le temps de rectifier les préjugés ou idées erronées qu’ont vos amis sur votre pays d’origine ou sur les étrangers en général une fois que vous vous connaîtrez mieux. Puis rien ne vous empêche sur le coup de répondre avec humour, sans chercher à froisser ou humilier.
Arriver en mode « fan du Japon » gaga sans autre sujet de conversation
Tomber dans l’excès inverse, ça ne marche pas non plus. Déballer toutes vos connaissances sur le Japon et votre amour inconditionnel du pays, si ça peut flatter deux minutes, ça risque de vite barber. Vous serez rangé dans la case « maniac » dont le sens est différent du nôtre en japonais, et c’est rarement un compliment.
Les choses qui peuvent vous aider
S’installer dans une grande ou moyenne ville de province
Les gens sont généralement plus relax. Vous rencontrerez une plus grande proportion de personnes nées dans la ville ou la préfecture en question, fières de vous montrer que chez eux on est accueillant. Flattées que vous ayez choisi leur ville plutôt que Tokyo, elles se réjouiront à l’idée de vous en montrer tous les secrets.
Moins de temps passé dans les transports, c’est aussi plus de temps libre. Il est de ce fait beaucoup plus facile de prévoir à la dernière minute, de se rejoindre en cours de soirée. Puis pas besoin de regarder sa montre de peur de louper le dernier train. On rentrera à l’heure qui nous convient, à pied, en vélo, ou même en taxi pour une somme raisonnable.
Les logements sont plus spacieux et moins éloignés les uns des autres, on s’y invite donc plus volontiers, pour des soirées nabé ou maki-zushi par exemple. La famille n’habite généralement pas très loin non plus, et il ne sera pas rare qu’on vous la présente, ce qui renforcera les liens avec vos nouveaux amis et votre sentiment d’appartenance.
On se familiarise et se sent à l’aise plus vite dans une ville à taille humaine. On y prend rapidement ses marques. Vous retomberez aussi plus facilement sur les gens par hasard, ce qui augmentera vos chances de créer des liens avec.
Petit tip supplémentaire : apprenez le dialecte local ! Ça fera plaisir aux habitants de la région, et vous donnera un point commun de plus avec eux. Voir mon article sur les dialectes japonais et l’Hiroshima-ben.
Arriver pendant la période du hanami ou en été
Ce sont les périodes où les activités de groupe en extérieur (pic-nics, barbecues, journées à la plage) sont les plus nombreuses. Vous ne devriez pas avoir de problème à vous y faire inviter et ce sera une occasion facile de rencontrer plein de monde.
Se faire pote avec le barman d’un lieu qui vous correspond
N’hésitez pas à sortir seul ! Le Japon est plutôt safe et c’est tout à fait dans les habitudes ici, même pour les gens qui ont déjà plein d’amis. Si vous vous asseyez au comptoir d’un bar, d’un dining-bar ou d’un restau à open-kitchen dont l’ambiance et la clientèle vous semblent sympa, vous pouvez quasiment être sûr que le staff ou le barman, peut-être même vos voisins, engageront la discussion avec vous. Si le courant passe bien, ils ne tarderont pas à vous présenter les autres clients ou même leurs propres amis, et à vous proposer des sorties en dehors du travail.
À ce propos, vous pouvez lire cet article écrit par Manon, ma dernière stagiaire qui, comme d’autres Français rencontrés à Hiroshima, s’est rapidement fait son petit réseau d’amis en s’y prenant de cette manière.
À partir de là, les choses devraient aller vite. Si vous rencontrez des locaux et pas des gens fraîchement mutés, il y a des chances que leur réseau d’amis / potes / connaissances soit assez étendu et de fil en aiguille vous ferez rapidement de nouvelles rencontres. On vous tiendra au courant des choses à faire, on partagera avec vous les bons plans et les bonnes adresses.
Rencontrer des gens qui ne sont pas des salaryman
Les salaryman sont des gens qui n’ont pas de vie, et pas de temps à consacrer à qui que ce soit d’autre que leurs collègues. Ils ont souvent une vision très étriquée des choses, jamais voyagé en dehors du tour organisé de 5 jours en Europe pour leur lune de miel. Comme ils passent les 3/4 de leur existence au bureau, leurs centres d’intérêt sont plutôt limités.
Au contraire, les personnes travaillant dans le commerce, la restauration, le design, les secteurs médical, artistique, universitaire sont sans cesse au contact de gens et d’horizons variés et sont généralement plus ouverts. Ils ont souvent moins d’obligations envers leur entreprise, plus de liberté et un esprit plus indépendant et critique.
(EDIT : j’ai été un peu radicale à l’égard des salaryman dans ce paragraphe, n’hésitez pas à lire les commentaires de Neji_Olvia et Chris qui nuancent un peu mon propos)
Avoir des goûts particuliers, un passion, faire partie d’une scène
Je dis sans doute une évidence mais ça sera forcément plus facile de trouver des sujets de conversation et de se faire intégrer dans un groupe si vous avez une passion commune, si vous faites partie d’une « tribu ».
Un Français en PVT avec qui j’avais fait connaissance il y a une dizaine d’années, et qui revient tous les ans depuis, s’est créé un réseau et une bande « d’amis pour la vie » grâce au tatouage. J’ai aussi remarqué que les punks d’Hiroshima n’hésitaient pas à faire connaissance avec leurs homologues étrangers en visite, et à les inviter à passer des soirées avec eux. Je pense également à Gaëlle, qui semble bien se débrouiller, en fréquentant le milieu gothique tokyoïte.
Ça peut être des goûts musicaux ou vestimentaires pointus, l’œnologie, n’importe quoi, mais ça sera plus facile de trouver des gens qui vous ressemblent et vous conviennent que si vous n’avez que des goûts très généralistes.
Inviter les gens à dîner plutôt qu’à un simple verre ou un café
C’est plus naturel ici. Ça évite à la personne d’avoir à rentrer chez elle avec le risque de perdre la motivation de re-sortir après. Et autour d’un bon repas arrosé, il sera plus facile de discuter et de prendre le temps de faire connaissance qu’au comptoir d’un bar bruyant, dans un club ou dans une salle de concert.
Un lunch peut tout à fait convenir aussi, mais les Japonais sont souvent plus à l’aise après quelques verres.
Si vous n’êtes que deux, choisissez de préférence un lieu que vous ou votre invité connaît bien. Avec un comptoir pour éviter le face à face parfois embarrassant et pouvoir éventuellement discuter avec le staff.
Veillez cependant à « déchiffrer l’atmosphère » lorsque vous proposez un rendez-vous, et à laisser une porte de sortie. Je donne peut-être l’impression qu’il faut continuellement marcher sur des œufs, mais à moins que vous soyez vraiment lourdaud ou naïf, c’est tout simple. J’essayais juste d’imaginer le cas de figure où vous êtes un mec et invitez une fille, même sans arrière-pensée, ou celui où vous vous trouvez avec quelqu’un d’extrêmement timide (gens que j’essaie d’éviter).
Je sais que personnellement, étant malgré tout moi-même un peu timide, si on me propose un repas alors que je connais à peine la personne ou que je soupçonne qu’il y a anguille sous roche, j’aurais du mal à accepter mais aussi du mal à refuser catégoriquement. Et j’avoue que je n’aime pas tellement ce genre de situation. J’ai besoin de temps pour m’ouvrir aux gens, et je crois que les Japonais sont un peu comme moi.
Si on vous pose des lapins, le problème vient peut-être de là. Personnellement, ça ne m’est jamais arrivé. L’annulation de dernière minute, oui, mais rarement et seulement pour reprogrammer le rendez-vous un autre jour.
Si la personne ne peut vous donner de date qui convient dans l’immédiat, ça ne signifie pas nécessairement qu’elle fuit. Il se peut qu’elle se trouve réellement dans une période de boulot intense. Vous pouvez relancer un peu plus tard, sans être trop insistant, avec un petit message sur Line du genre « fais-moi signe quand tu auras moins la tête dans le guidon ».
Inviter un groupe de gens chez soi
Le truc encore plus cool, à moins que vous ne logiez en guesthouse ou sharehouse (et dans une ville moyenne, vous aurez les moyens de louer votre propre appartement) c’est d’inviter un petit groupe chez vous pour un repas. De cette manière, il y a moins de chance qu’ils refusent votre invitation par timidité. Et si en plus vous proposez un petit buffet français, ne serait-ce que par curiosité et gourmandise, ils seront certainement intéressés !
Pour l’anecdote, c’est ce que j’avais fait au tout début (quelques images pourries ici). Mais encore peu au fait des us et coutumes locaux, je n’avais prévu qu’une sorte d’apéro, sans rien de consistant à manger. Ils ont été très surpris et en ont bien rigoler une fois qu’on se connaissait mieux.
C’est évident, mais essayer de booster son Japonais au maximum
À moins que vous ne vous limitiez aux Japonais anglophones ou francophones, faites le maximum pour améliorer sans cesses vos capacités linguistiques. Sinon les conversations ne voleront jamais très haut et vous serez les premiers à vous en plaindre. Vous écouter et vous comprendre deviendra vite fatiguant pour vos interlocuteurs et les malentendus risquent de vous mettre dans des situations délicates.
Je sais que c’est frustrant au début de parler comme un enfant, d’avoir l’impression d’être emputé de sa personnalité et de son humour, mais il ne faut pas se décourager.
Je l’avais dit dans un autre article, mais prenez des pauses pour écouter et observer vos interlocuteurs, vous imprégner de leur manière d’interagir. Le but n’est pas de singer les Japonais, c’est creepy, mais juste de vous fondre un peu plus dans le paysage, d’adapter votre langage corporel, de manière naturelle et sans y perdre votre nature.
Se démarquer par son humour / rester soi
Si vous êtes drôle, ne vous auto-censurez pas ! Malgré ce que vous avez peut-être pu entendre dire, les Japonais apprécient les gens qui ont de l’humour et de l’esprit.
Là, je pense immédiatement à Guigui d’Ichiban Japan ou à Anaïs et Pédro qui réussissent par ce biais à briser la glace partout où ils vont. Et ces derniers sont pourtant en couple et ne parlent pas japonais, comme quoi !
Je pense aussi à mon pote Madjid, qui ne passe jamais une soirée seul lors de ses pélerinages presque annuels de 3 semaines à Hiroshima. Lui non plus ne parle quasiment pas japonais et n’a pas besoin de se préoccuper de tout ce que je viens d’expliquer, son humour et sa nature joyeuse suffisent.
S’il n’y avait qu’une chose à retenir, d’ailleurs, c’est ça : « restez vous-même » et oubliez tout ce que vous venez de lire. Sinon, à trop tenter de vous conformer à l’image que vous supposez qu’on attend de vous, un jour vous allez craquer. C’est tout le paradoxe de mon article, je sais, mais c’est bien pour cette raison que j’ai précisé dès mon introduction que j’allais proposer des pistes et non des conseils à suivre à la lettre.
Pour terminer, comment moi je conçois l’amitié ?
Je n’ai pas de définition arrêtée mais voilà quelques signes qui me font dire que l’on est ami :
- La durée de la relation dans le temps, plus que la fréquence même si ça compte aussi
- La réciprocité
- Le fait qu’on puisse se confier l’un à l’autre
- Qu’on ait des valeurs communes
- Qu’on puisse momentanément se disputer sans que ce ne soit définitif
- Qu’on puisse se dire la vérité même quand ça fâche, qu’on puisse être honnête l’un avec l’autre
- Qu’on puisse compter l’un sur l’autre en cas de problème, se prêter de l’argent en cas de pépin
Voilà, je suis consciente que certains points ont pu vous paraître trop évidents, que d’autres ne sont pas compatibles avec votre nature ou votre mode de vie. J’ai en probablement oublié aussi. Dans tous les cas, j’ai tenté de faire de mon mieux pour décomposer et décrire les choses que j’ai faites au feeling, en tâtonnant, sans rien calculer. Comme je l’ai dit c’est mon approche, et il en existe sûrement d’autres.
Alors n’hésitez pas à partager vos expériences, à faire part de ce qui a marché pour vous ou à me dire s’il y a des passages que vous souhaitez que j’approfondisse en commentaire.
Neji_Olivia
décembre 27, 2016
Tokyo a son lot de défaut pour se faire des amis mais des cartes en main nombreuses : une population si importante qu’il est obligé que quelqu’un qui vous ressemble s’y trouve, des activités partout en veux-tu en voilà, des amis d’amis… les apps de rencontre qui sont beaucoup utiliser pour se trouver des amis même sans ambiguïté, toutes les expos et concerts qui passent là bas en premier, etc.
Cela dit, il est vrai qu’en tant que petit nouveau, il est plus facile je pense de s’attaquer à une ville de taille moyenne, parce qu’on sera peut être moins noyé parmi tous les autres nouveaux, il sera plus facile de prendre ses habitudes dans son quartier et faire connaître son visage. Et en effet, choisir une autre ville que Tokyo vous donne un prestige d’emblée. Rien qu’en tant que touriste, en tant qu’étranger parlant japonais, aller dans des petits coins vous ouvre des portes.
D’ailleurs, j’avoue ne pas encore oser aller dans les bars seuls, restau ? pas de soucis. sento ? yup. cinema ? of course. Expo ? bien sûr… mais les bars, j’y ai encore un peu de mal. ça va être ma résolution 2017 parce que j’ai envie de rencontrer de nouvelles personnes et faut bien se battre contre sa timidité.
Par contre, je ne suis pas tout à fait d’accord sur les salary-man parce qu’au final ça englobe beaucoup de gens dans pas mal de domaine différent et c’est faire un peu une bonne généralisation. Évidemment, le stéréotype du salaryman est celui qui fait boulot-dodo-metro (dans un sens ou l’autre, je ne sais plus), mais beaucoup de musiciens sont salary-man le jour, beaucoup de jeunes après voir échoué les filières de niche retournent aussi dans ces carrières plus « lambda ». Pour autant, ils restent des personnes intéressantes. J’ai des amis typique salary-man qui sont aussi des personnes très cools et ne sont pour autant pas des outsider ou etc. (et puis j’ai beaucoup de tendresse pour les petits salary-man qui vont voir les concerts que je fréquente et se dandine sur de l’électro en costume cravatte)
Quoiqu’il en soit, au final, se faire des amis prend du temps et on a tendance à l’oublier en tant qu’expat … parce qu’on a envie de reconstruire un lien très vite pour combler celui qu’on laisse un peu en France, qu’on oublie que le small talk c’est normal dans les premières étapes d’une relation et qu’on ne peut pas forcer les amitiés. Mes potes japonaises, on est bien proche que depuis un an ou deux environ ? On se connait pourtant depuis bien 8 ans maintenant … mais on se voyait de manière sporadique. Maintenant, je vais chez elles, on se fait des bonenkais, on s’organise des concerts partout dans le Japon, etc.
Judith Cotelle
décembre 27, 2016
Merci pour ton commentaire, il est vraiment très intéressant. Et je suis en fait tout à fait d’accord avec ce que tu dis.
A propos de Tokyo, c’est ce que j’essayais de dire : qu’au milieu de cette foule se trouve forcément les gens uniques qui nous correspondent, mais que ça peut être plus difficile d’y accéder et que certains obstacles risquent de se dresser avant. C’est aussi pour ça que je précise que je ne déconseille pas du tout d’aller y tenter l’expérience.
En ce qui concerne les salarymans, oui, je reconnais que j’ai fait une énorme généralisation. Je me suis emportée quoi ! C’était l’un des derniers passages que j’ai écrit, j’aurais dû nuancer un peu plus 🙂
Neji_Olivia
décembre 28, 2016
T’as tout fait à raison, je pense que je me sentais obligé de défendre Tokyo, ma chérie, parce qu’on a tendance à souvent la critiquer pour faire de la pub pour les autres villes moins connues (et souvent à tort). Pour moi, ce qui est rigolo c’est que lorsque j’ai eu l’opportunité de partir au Japon, je voulais aller dans le Kansai ou dans une ville pas aussi grande et finalement pour des raisons budgétaires je suis partie à Tokyo (j’avais la possibilité d’avoir une bourse dans une université tokyoïte ce qui me permettait de payer mon loyer, ça ne se refuse pas.) … Souvent, j’aimerais bien découvrir une autre ville pour voir aussi ce que c’est que de vivre hors de la capitale, pour voir les avantages et finalement pour le moment j’aime trop Tokyo et j’en suis pas encore rassasiée. Quoiqu’il en soit, je sais que tu ne la dénigres pas du tout.
Après on écrit en fonction de son expérience et à-priori tu vis dans un milieu plus underground et un peu éloigné des costards cravates donc c’est normal … et comme les salary-mans font partie de la grosse moyenne, on se focalise souvent bien plus sur eux et leurs points négatifs 🙂
cecile salma
décembre 27, 2016
Coucou Judith
Je dis alléluia en voyant cet article! Il m’est arrivé quasi tout ce que tu y as décrit!
Pourtant au debut pas du tout eu envie de m’installer à Tokyo! A vrai dire je voulais venir à Hiroshima, mon ex viens de là (où Fukuoka ou Osaka ou gunma) et j’adore le 広島弁 mais en tant que fille, seule, Black avec un petit surpoids , internet et les connaissances plus expérimenté mon vite découragée….genre.une fille comme toi ne trouvera jamais de baito si c’est pas dans la capitale.
J’ai passé une année sympa mais pas extraordinaire non plus…je voulais améliorer mon japonais donc je n’ai eu aucun contact avec des français et j’habitais un quartier assez underground, koenji, pour ne pas le nommer, ou je m’étais dit que les gens serait un peu plus ouvert d’esprit mais j’ai été assez déçue…
En 1 an avec 359 contact line on ne m’as jamais envoyé une seule invitation style » tu fais quoi ce samedi? »
Allez dans le même bar c’est vrai on forge avec le barman mais les autres habitués ça reste du très très superficiel…genre tu leur parles dans le bar et c’est tout!
Bref heureusement pour moi vers la fin avec mon 3 eme baito, je travaillais près d’un club assez connu à Tokyo j’ai rencontré pas mal de dj, d’artistes de mannequins etc qui étaient cools.
Tinder m’a un peu aidée enfin si on trie les 外人試したい et les 黒人女のお尻いいね!
Et une autre personne aussi un punk de 45 balais hyper engagé anti fasciste , anti raciste anti anti gay.
Le fait que la vie soit si chère aussi même avec 3 boulots c’était dur et c’est rare qu’on t’invite…
Bref fin de mon looooooong commentaire j’ai quand même trouvé ce pays extraordinaire et j’ai un petit projet qui me trotte dans la tête, à ce propos : puis je me permettre de t’envoyer un mail?
Merci encore une fois pour cet article super cool!
Judith Cotelle
décembre 27, 2016
Merci d’avoir partagé ton expérience, c’est intéressant !
Oui, quoiqu’on fasse, il reste toujours une part de chance et de hasard.
Pour le fait d’être black et trouver un baito à Hiroshima, non ce n’est pas forcément impossible. Il y en a un par exemple qui travaille dans un Seven Eleven, et j’en ai rencontré 2 autres qui ont des emplois stables, mais ils sont nés ici et le Japonais est leur langue maternelle. Mais je comprends oui, niveau boulot il y a forcément plus d’opportunités dans une ville comme Tokyo.
Pas de souci, tu peux m’envoyer un mail, et merci encore pour ton commentaire !
chris
décembre 28, 2016
Bonjour,
J’ai trouvé cet article très juste, même pour quelqu’un qui ne vis pas au Japon. Je l’ai pris comme se faire des amis japonais.
Je me suis fait mon réseau d’amis japonais : en boostant mon japonais (qui étend nos limites de communications, avec nos capacités à blaguer, s’amuser, etc…), en étant passionné par un point particulier de la culture traditionnelle (cela m’a permis de rencontrer des gens passionnants différents)…
Sur les salarimen, je me dis qu’ils ont moins de temps pour développer leurs jardins secrets ou les exposer, donc il est sans doute plus difficile de les aborder. Mais parfois ils sont surprenant et passionnants. ce qui rejoint vos deux avis.
Judith Cotelle
décembre 28, 2016
Merci pour ton commentaire !
En effet, je suppose que certaines choses peuvent s’appliquer aux rencontres avec les Japonais installés à l’étranger.
Je vais ajouter un petit édit sur le passage sur les salarymen, car comme Neji_Olivia et toi l’avez fait remarqué, je dois reconnaître qu’il y a aussi des exceptions parmi eux. J’ai un peu trop généralisé, ayant travaillé 1 an et demi en « baito » dans une sorte de mini kyabakura où il fallait discuter avec les clients composés à 95% de salaryman et une bonne proportion de gros cons qui disaient tous la même chose. Ca m’a traumatisé ! 🙂
Julie
décembre 28, 2016
En gros faut être cool quoi 😉 Bon je vais pas encore te dire que ton article est super parce que se serait hyper redondant quand même (et je pense à tes chevilles).
Je pars en février pour 1 an et je vais commencer par Tokyo. Mais, comme je l’avais dis dans de précédents commentaires, je veux absolument venir à Hiroshima ! Une ville à taille humaine, où on peut aller à la plage, à des festivals de saké et faire des fat barbucs en face de la mer..
J’aimerai bien venir début juillet, histoire de profiter de l’été, mais j’admets que mon niveau de japonais n’est pas assez élevé (voir nul) pour faire des recherches d’appartement sur internet.
Bon je vais pas raconter ma vie.
Encore merci pour ton article et ton retour d’expérience sur la vie japonaise 😉
Judith Cotelle
décembre 30, 2016
En gros c’est ça oui 😛
Bon courage pour ton installation et peut-être qu’on aura l’occasion partager un de ses gros barbocs à Hiroshima 😉
Un Gaijin Au Japon
mars 22, 2017
Salut Jud,
comment va? Je viens tout juste de tomber sur ton article (désolé j’ai été pas mal pris avant et je n’ai pas pu le lire plus tôt). Ce que j’aime bien c’est que tu exprimes ton point de vue (que l’on soit d’accord ou non, peu importe) et que tu le détailles, bien loin des articles du net habituels qui font uniquement dans « la surface ».
Sinon, pour ce qui est de tes écrits, je ne suis pas d’accord avec toi sur la vie des Salarymen Japonais et j’ai envie de dire dommage que tu les stigmatises de la sorte. j’ai beaucoup d’amis Japonais qui sont Salarymen et ils sont vraiment cool et veulent eux aussi avoir une vie normale. ^^
Et sinon, pour Tokyo, j’y ai vécu 5 ans et même si le fonctionnement de la ville peut laisser à croire qu’il n’est pas vraiment possible de se faire des amis sur place, c’est faux et c’est juste une impression. La seule chose c’est d’arriver à prendre les individus en séparés, un par un, et tu verras qu’ils sont souvent plus chaleureux qu’on ne le pense. D’ailleurs, ce n’est pas avec la ville que l’on veut devenir ami hein, mais avec les Japonais ^^
En tout cas, content de voir que tu t’éclates un max et profites en à fond, tes photos sont cool 😉
Judith Cotelle
mars 22, 2017
Merci beaucoup pour ton commentaire !
Oui, je sais que j’ai beaucoup généralisé à propos des salarymans, c’est pour ça que j’invitais les gens à lire les opinions contraires ou plus nuancées exprimées dans les commentaires ^^. Mon avis partait du constat fait en travaillant presque 2 ans tous les week-ends dans une nomiya dont la clientèle était composée presque à 100% de salarymans et de ceux rencontrés aux hasard à des comptoirs de bars ou d’izakaya.
Sinon, t’inquiète, à aucun moment je ne dis qu’il est impossible de se faire des amis à Tokyo, et précise bien qu’il y a des Tokyoïtes géniaux, je dis juste que c’est plus difficile pour des raisons logistiques. C’est surtout à force d’entendre les étrangers installés à Tokyo dire qu’il est « impossible de se faire des amis au Japon », et aux témoignages de Japonais s’y étant installés dire qu’effectivement c’était un peu plus compliqué (mais pas impossible) que je me suis dit que présenter une autre perspective pouvait être intéressant.
En tous cas qu’on soit clair, y a aucune guéguerre contre Tokyo, ni bataille de cloché ! J’adore Tokyo et m’y rends à chaque fois que j’en ai l’occasion avec plaisir.
En tous cas, bonne continuation à toi dans tous tes projets !
Julie Mannès
mars 10, 2018
Hey Jud! J’adore ton article: il est mesuré et vrai! J’entend beaucoup de critiques sur honne et tatemae, et c’est penible de voir que les gens le taxent d’ hypocrisie…chose que l’on fait parfois en occident sous d’autres formed 😉
Mercki ~ どうもありがとうね
Judith Cotelle
mars 11, 2018
Merci pour ton commentaire !
En effet, je pense qu’on fait un peu trop de fixette sur ce « concept » seulement parce qu’il a un nom ici, mais le honne et le tatemae existent en fait dans toutes les cultures à un certain degré.