Une nuit au marché aux poissons d’Hiroshima
Nuit photographique, le contexte
Haaa… Ces photos datent un peu. Je les ai prises en juillet 2020 ! Mais comme j’en ai pris des centaines, je n’ai jamais eu le courage de les trier pour un article.
C’est une agence de com’ d’Hiroshima (Seeds) avec laquelle je travaille depuis 3 ans qui m’a envoyée sur ce marché aux poissons. Ils voulaient que j’accompagne leur photographe pro attitré : Bond, sur ce lieu.
Honnêtement, je ne me sens pas super légitime en tant que photographe. Non seulement je suis complètement autodidacte, mais en plus ça ne fait pas si longtemps que je m’y suis mise. Mais le patron de cette agence dit aimer l’ambiance qui se dégage de mes photos. Ma foi…
Ceci dit, lorsque ça me permet de découvrir des lieux habituellement inaccessibles comme ce marché aux poissons réservé aux professionnels, je ne dis pas non ! Oui, on a eu notre petit brassard et notre badge « all access » comme dans les festivals !
All access, mais pas de tout repos
Oui, ce soir très pluvieux j’ai dû prendre un train pour rejoindre mes collègues à 23h. Et on est resté debout avec tout notre matos jusqu’à plus de 7h du matin, les pieds dans l’eau !
Mais c’est peut-être un peu ce que vivent tous les gens qui travaillent sur ce marché nocturne ?
L’ambiance, les initiés
C’est ce qui m’a le plus marquée. Cette ambiance particulière. Ces gens, ces personnages qui travaillent la nuit, qui se connaissent tous.
Honnêtement, avec mes deux collègues, on sentait qu’on gênait. Tout le monde est pressé, tout le monde connaît les codes, tout le monde est habitué et navigue dans les allées de ces immenses hangars.
On ne fait pas partie du même monde. Ils ont leurs propres expressions, leur propre langage, leur propre culture. Nous, on se pousse maladroitement pour les laisser passer, sans bien comprendre ce qui se passe. Eux ont leur propre gymnastique, leur propre mécanique, super huilée. Nous on gêne. Mais la plupart sont sympathiques, alors ils nous acceptent *.
Eux vivent la nuit, nous on vit habituellement le jour.
(* J’imagine que certains d’entre vous vont se demander comment moi en tant qu’étrangère j’ai pu vivre ça. Je n’ai souvenir d’aucune remarque. Peut-être une question au coin fumeur dehors. En fait mes collègues japonais et moi, on était tellement extérieurs à ce monde, que le fait que je sois étrangère passait quasiment inaperçu. C’était anecdotique.)
Les enchères vers 4h du matin
Les enchères, c’est un peu le clou du spectacle. La nuit est longue ! De 23h à 4h du matin, après avoir fait le tour des entrepôts, des boutiques de vente en gros et des lieux où ils réceptionnent le poisson fraîchement pêché, on fini par s’ennuyer un peu. Et puis, il y a des personnes dont on nous interdit de prendre les photos. Je n’en dirai pas plus, mais je vous laisse imaginer les connexions possibles avec certains milieux.
On était donc tout excité quand ça a commencé !
Et à nouveau, mes collègues japonais et moi nous sommes retrouvés au même niveau. Étrangers face au spectacle auquel nous assistions.
Seuls les initiés comprennent ce qui se passe pendant ces enchères. Celui qui les mène semble chanter des incantations. Chaque participant fait des gestes, des mimiques, emploie des mots que nous ne comprenons pas. Et tout se passe très vite.
C’est un peu après ces enchères que les restaurateurs de la ville peuvent venir s’approvisionner en poisson et fruits de mer pour leur restaurant. Ceux qui arrivent le plus tôt repartent avec les meilleures pièces. Et ils peuvent choisir et négocier. Des cartons sont préparés pour les supermarchés, et ce ne sont pas forcément les plus beaux poissons d’après ce que j’ai compris.
L’arrivage de petites sardines
Ça, c’était le 2e grand évènement auquel on devait assister. L’arrivage des petites sardines. Un spécialité de la mer intérieure de Seto (ou Setonaikai).
On était mort de fatigue, on avait le dos flingué, mais avec le jour qui se lève et l’ambiance particulière, ça valait vraiment le coup.
Côté marché et restauration avant de rentrer
Un peu avant la fin, je suis allée faire un tour du côté des restaurants. A plusieurs centaines de mètres. Le lieu est immense. Il y a même des conbini sur place.
On a pu mangé des sashimi de poulpe fraîchement pêché, et avant 8h on a fini dans un petit boui-boui avec des soba et une bière.
J’ai repris le train direction le centre-ville avec un pantalon tout mouillé, un dos cassé pour aller me coucher alors qu’autour de moi tout le monde se rendait au travail.
tetoy
janvier 31, 2022
Ahah je vois Popeye sur la photo du monsieur dont tu adores la pose.
Judith Cotelle
janvier 31, 2022
haha ! Oui c’est vrai !
Briner Véronique
mars 03, 2022
Magnifique reportage. C’est un reportage photographique, pourtant on le ressent comme un film. Progressivement le jour pointe , avec le moment magique des palettes multicolores vides et l’arrivée des sardines argentées qui frétillent. Puis, de plus en plus lourdement, on ressent la fatigue qui s’abat sur vous. En quelques secondes vous m’avez fait vivre une véritable expérience ! merci. Véronique Briner
Judith Cotelle
mars 03, 2022
Merci beaucoup pour votre commentaire !
C’est en effet la manière dont je voulais présenter le lieu, de manière plus narrative que purement informative, et en laissant les images parler.
Christine Stein
mars 20, 2024
Super reportage et magnifiques photos… on sent presque l’humidité, les odeurs ! Bonne continuation
Judith Cotelle
mars 20, 2024
Merci !