Slow tourism à Onomichi
Whoa ! J’avais commencé à écrire cet article au mois d’août ! Et je ne le publie que maintenant. Mais ce n’est peut-être pas totalement un hasard. En effet, je compte aujourd’hui faire l’éloge de la lenteur et de l’art de ne pas se presser en voyage. On va donc parler de slow tourism à Onomichi.
C’est devenu un peu à la mode récemment, et c’est tant mieux. Ce qu’on préconise depuis quelque temps et qu’on appelle parfois « Slow Tourism » correspond finalement assez bien à ma manière de voyager depuis toujours.
Je vais rester honnête avec vous cependant. C’est surtout ma paresse naturelle et l’envie de profiter des lieux sans m’imposer un rythme épuisant, plus qu’une quelconque idéologie, qui ont souvent motivé mes choix. Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais vraiment compris ceux qui se vantaient d’avoir fait 50 destinations en 10 jours au pas de course, ni le plaisir qu’ils pouvaient en retirer.
Et ça tombe bien, le tourisme au ralenti serait plus durable, écologique et bénéfique pour les économies locales. Mais franchement, c’est juste surtout beaucoup plus agréable !
Du coup, j’ai désormais envie de promouvoir cette idée dans mon propre blog. Comme je l’ai fait avec ma récente série sur la randonnée au Japon, j’ai envie d’inciter au slow tourism.
Avant d’écrire ces articles sur Onomichi et Tomo no Ura (qui m’ont été commandés, sous une autre version), j’ai fait quelques recherches (afin de vérifier mes infos, éviter de répéter ce qui a déjà été dit, trouver un angle d’approche différent). Et même constat à chaque fois : on ne fait que survoler les lieux. Allez ! Droit au but ! Bim, bam, boum ! On vous garantit que c’est faisable en une demi-journée comme si c’était tout ce qui comptait. Les parcours proposés ne listent que les attractions les plus évidentes. On ne prend jamais le temps de s’attarder, de flâner, de prendre des détours, de s’arrêter sur les petits détails. D’apprécier des ambiances, de vivre quoi. Non, on enchaîne.
J’ai envie de vous inviter à « vivre les lieux », plus qu’à les « faire » dans le but de simplement les rayer d’une liste !
Onomichi
Mais il est temps de parler de la destination que je vous présente aujourd’hui ! Onomichi (尾道) !
C’est une petite ville portuaire pleine de charme que j’ai visitée un paquet de fois sans jamais m’en lasser. Et bizarrement, je ne lui ai jamais consacré aucun article.
C’est vraiment selon moi un lieu à ne pas manquer si vous visitez la préfecture d’Hiroshima ou la région de Setouchi.
Nichée entre les montagnes et la mer de Seto, sur la route de la piste cyclable Shimanami Kaido, cette petite ville paisible a toujours inspiré et attiré les artistes, poètes et cinéastes japonais. Vous allez certainement comprendre pourquoi !
C’est rétro à souhait ! On ressent immédiatement ces bonnes vibrations nostalgiques en y flânant, et l’atmosphère particulière qui se dégage des petits villages de la Mer Intérieure de Séto. Et pourtant, on peut aussi tomber sur des lieux plus contemporains qui trouvent parfaitement leur place ici et ne dénaturent absolument pas cette petite ville. C’est même sans doute ce genre de contraste inattendu qui fait l’originalité d’Onomichi.
D’ailleurs, sachez que cette petite ville attire de plus en plus de jeunes et de citadins. Des personnes certainement en quête elles aussi, d’une « slow life ».
Onomichi U2 et la piste cyclable de Shimanami Kaido
Voilà de quoi illustrer immédiatement ce dont je viens de parler ! L’espace Onomichi U2.
Situé en bord de mer, juste à l’entrée de la ville, ce lieu créé en 2014 est un ancien entrepôt reconverti en espace interactif. Il abrite un hôtel pour cyclistes, un café avec terrasse, un restaurant, un bar, une boulangerie, des boutiques et un magasin de vélo.
En effet, la ville d’Onomichi se situe au départ de la célèbre piste cyclable nommée Shimanami Kaido. Une piste de 70 km qui permet de rouler jusqu’à Imabari, sur l’île de Shikoku, tout en admirant les paysages uniques des nombreuses îles de la Mer Intérieure de Seto. Et oh ! Elle a été désignée comme l’une des 7 plus belles pistes cyclables au monde par CNN ! rien que ça.
Vous vous posez peut-être la question, mais non, je n’ai pas encore tenté la traversée, par contre Guigui d’Ichiban Japan l’a fait ! (lien ici)
La Shōtengai, rue commerçante rétro
Ayant pris ces photos en pleine crise du Coronavirus début juin 2020, vous comprendrez pourquoi les rues semblent si désertes.
Ces galeries commerçantes sont évidemment un peu plus animées en temps normal et j’adore m’y promener ! Pas de Starbuck ni d’H&M, seulement des petites boutiques ou étals d’une autre époque avec des enseignes très instagrammables ! J’y avais déniché une paire de lunettes de soleil vintages de la marque Chloé pour 2500¥ il y a une dizaine d’années !
Le Mont Senkō-ji
Alors oui, on peut y accéder en téléphérique mais franchement, à moins qu’un problème de santé vous en empêche, allez-y à pied !!
Les chemins pour accéder au sommet sont variés et valent vraiment le coup ! Et ils ne sont pas particulièrement longs.
Le chemin des temples
Ce chemin, qui traverse la ville d’ouest en est sur 2,5 km, permet de visiter plus d’une vingtaine de temples. Mais on peut aussi en parcourir une portion avant de bifurquer sur de petites allées et escaliers bordés de cafés, boutiques et vieilles maisons abandonnées. Elles sont nombreuses à Onomichi, et certaines font depuis quelque temps l’objet de travaux de restauration / rénovation.
La pagode Kaiuntō et le Temple Senkō-ji
Avant d’atteindre le Temple Senkō-ji, je vous recommande une petite pause pour admirer la vue depuis la pagode Kaiuntō, une pagode noire à trois étages qui dépend du temple Tennei-ji.
Si vous suivez mon blog, vous devez savoir que je suis fan des temples de la secte bouddhiste Shingon ! Et en effet, comme dans tous les temples de cette secte, on ressent une ambiance mystique dès que l’on pénètre dans l’enceinte du Senkō-ji. On ne sait où donner de la tête : petits recoins, statuettes et pavillons, murs de plaquettes ema et messages divinatoires o-mikuji. Ce temple ne fait qu’un avec la nature environnante et l’énorme rocher auquel il est adossé. Pour de belles photos de la ville, des monts et du port en contrebas, n’hésitez pas à faire un tour du côté du clocher !
L’allée des chats et le sanctuaire Ushitora
Pour redescendre vers la ville, rien de mieux qu’une promenade poétique et féline dans l’étroite allée des chats (猫の細道 Neko no hosomichi). On y prendra le temps d’observer les pierres rondes fukuishineko et autres décorations à l’effigie de l’animal.
Au bout du chemin, vous pourrez faire une petite halte au charmant sanctuaire Ushitora.
Les délicieuses ramen d’Onomichi
Mais il est temps de parler de gras ! Ce qui fait la spécificité des ramens d’Onomichi est ce bouillon à base de sauce soja et petits poissons de la mer intérieure de Seto. Alors, pour être honnête, je n’en attendais pas grand-chose. J’étais même super sceptique, convaincue que ramen et poisson n’avaient rien à faire ensemble.
Mais en fait… j’ai immédiatement changé d’avis après trois coups de baguettes !
Il existe différentes variantes de ces ramens et chaque restaurant propose sa propre recette, mais les kakuni ramen d’Ichibankan c’était juste un orgasme culinaire !
Le plat est composé de nouilles confectionnées sur place, d’un délicieux bouillon qui contient aussi du porc et de l’os de poulet. Elles sont agrémentées de tranches de porc kakuni moelleux, d’œuf, de menma (pousses de bambou fermenté) et de negi. Oui, c’est un peu un plat « cholestérol, tu m’affoles » mais bon, une fois de temps en temps…
Le Onomichi Denim project
Cette boutique et ce projet, c’est typiquement ce qu’on louperait quand on fait du tourisme à l’ancienne, en allant à toute allure et uniquement à l’essentiel. Je doute qu’elle figure dans les guides. Ça sent pas suffisamment le « typique » et le « traditionnel » comme on l’imagine. Et je trouve ça dommage. Découvrir un lieu ne doit pas se limiter aux symboles de son passé. Comment un lieu vit maintenant, ce que sa population y fait, c’est tout aussi important. C’est l’héritage du passé qui s’exprime et se réinterprète dans le présent.
Dans tous les cas, si l’idée de slow tourism à Onomichi vous emballe toujours, je vous conseille de faire un tour à la boutique de jeans Onomichi Denim Shop. La région est réputée mondialement pour sa production de denim de très haute qualité, et le projet Onomichi Denim Project en fait une utilisation particulièrement intéressante.
En effet, la boutique propose des jeans portés un an par des artisans locaux. Des charpentiers, des pêcheurs, des moines bouddhistes, ou bien encore des cuisiniers. De cette manière, chaque pièce acquiert une usure unique et naturelle, et un peu de l’âme d’Onomichi. On est loin de la « fast fashion », plus proche de l’artisanat et du bon vin vieilli.
Haute cuisine locale
On mange bien autour de la mer intérieure de Seto ! Le climat, presque méditerranéen, la géographie et la géologie particulière de la région ont créé un environnement unique et idéal donnant naissance à des produits locaux de haute qualité : poissons et fruits de mer, citrons, riz à saké… D’ailleurs si vous êtes amateur de saké, foncez sur le site sake-hiroshima.com !
Prendre le temps de goûter la cuisine locale des lieux qu’on visite, pour moi c’est primordial. Ça permet de vivre une expérience complète, plutôt que de juste survoler les sites « carte postale » et de barrer un nom dans une liste. Voyager moins, mais voyager mieux.
Je ne pourrai pas vous décrire avec précision les plats, les photos datant d’il y a 3 ans, mais on s’était régalé !
Repas au Ryotei Ryokan Uonobu :
Un lieu assez incroyable où passer la nuit
Parce que non, je vous l’annonce déjà, vous n’allez pas repartir en fin de soirée pour votre prochaine destination. Non, vous allez rester sur place.
Minato no Yado / Izumo Yashiki (minatonoyado.jp)
Vous succomberez forcément au charme de cette maison japonaise traditionnelle restaurée, perchée dans la colline. J’avais eu l’occasion d’y passer la nuit (gratuitement) lors d’un « monitor tour » (ces voyages où l’on sert de cobaye aux agences de voyage). On peut évidemment y loger à plusieurs.
Prendre le temps de se prélasser dans un sento ou un onsen
Si vous ne connaissez pas les sento, ces bains publics japonais, il faut vous procurer le livre de Stéphanie, l’embassadrice française officielle au Japon. Ce sont des lieux où on prend le temps, où dans la nudité et la chaleur de l’eau, on apprécie le temps, et le passé.
Et justement, Loïc et Kico, deux vidéastes / youtubeurs en ont trouvé un que j’aimerais vraiment découvrir la prochaine fois que je me rends à Onomichi !
https://twitter.com/_KicoS/status/1331587074621800449
Votre prochain voyage au Japon, en mode slow tourism ?
Essayez de réduire le nombre de destinations, ce n’est pas un concours, ce n’est pas une course ! C’est pas grave si vous ne visitez pas toutes les régions du Japon en une fois ! Mieux vaut en explorer quelques-unes plus en profondeur. Dénicher des petits lieux qui vous correspondent et que la masse de touristes ne connaît pas encore vous permettra de rentrer avec des souvenirs uniques.
Essayez de passer au grand minimum une nuit dans chaque lieu que vous visitez. Goûtez la cuisine locale, rencontrez les locaux en passant une soirée dans un petit boui-boui, un café ou un bar. Ils vont vous filer plein de bons plans ! Des petits resto super bons, des lieux insolites à visiter ! Flânez dans les rues sans forcément chercher un monument ou un musée, mais juste la banalité du Japon quotidien. Je peux vous promettre que vous garderez de meilleurs souvenirs de votre voyage. Et vous l’optimiserez bien mieux ainsi ! Imprégniez-vous des lieux, de l’atmosphère, relaxez-vous, plutôt que de passer les 3/4 de votre temps dans les transports, à déplacer vos valises d’hôtels en hôtels.
Bref, tentez l’expérience du « slow tourism », prenez le temps d’apprécier.
Olivier STOICHE
décembre 06, 2020
Le coin a l’air vraiment super sympa, ça donne envie de crapahuter dans les alentours pour observer les différents points de vues sur tous les chapelets d’îles. Et niveau bouffe, je suis convaincu !
Judith Cotelle
décembre 07, 2020
Oui, puis c’est vraiment un bon mélange entre petite ville et charme des villages de bord de mer. Je m’en lasse jamais !
Fanny Velardo
février 25, 2023
Merci pour cette super recommandation! Je vais y passer deux jours!
Est-il aisé d’y aller sans parler japonais ?
Merci encore pour ce super blog et cette belle mentalité <3
Judith Cotelle
février 25, 2023
Merci pour votre commentaire !
Parlant moi-même japonais, je ne me rends pas forcément compte, mais à priori il n’y a pas de difficultés particulières ni pour s’y rendre ni pour s’y promener.
C’est une destination assez touristique. J’ai pas mal d’amis venus de France qui y sont allés.
Bon séjour !
Damien
octobre 04, 2024
Ça faisait bien trop longtemps que je n’étais pas passé sur votre blog… Merci pour ce grand moment de nostalgie ! J’avais eu l’occasion de visiter la ville fin octobre 2013(!), ça avait été un réel coup de cœur. Et, grand hasard, après vérification de mes photos, j’avais mangé dans ce même restaurant, et exactement le même plat, leur « n°1 » sur la carte. Entré directement avec son bouillon incroyable dans mon top 3 des meilleurs ramen du Japon que j’ai pu manger, avec Hakata et Takayama. J’y retourne en mai 2025, j’ai hâte…
Judith Cotelle
octobre 04, 2024
Merci pour votre commentaire.
Onomichi estvraiment une petite ville que j’adore. Nous y sommes retournés avec des amis pendant les vacances de Noël, nous avions loué une grande maison sur une île en face d’Onomichi, et on a encore passé un déjour super agréable.
C’est une ville où j’aimerais tenter l’expérience de vivre pendant un mois. Y a vraiment une ambiance sympa, vivante et toujours des nouvelles choses à découvrir (petites boutiques ou cafés, etc).