On reprend aujourd’hui la promenade historique Futabanosato là où on l’avait laissée il y a deux semaines. Si vous n’avez pas lu la 1ère partie c’est ici.

Comme la dernière fois, j’ai été séduite par les petits détails insolites et la riche palette de couleurs qu’offre le parcours : le vermillon flamboyant et l’or des sanctuaires shinto, le bleu saturé du ciel d’hiver, le rose et le blanc des fleurs de prunier, le rouge vif des allées de torii grimpant dans la forêt, les créatures énigmatiques d’un temple Shingon et son autel couvert de peluches, ou encore l’étonnante faune composée de chouettes, aigles, chiens, chats, souris, grues, chevaux, tigres et dragons (si si…)

Les sanctuaires et temples étant vraiment très proches les uns des autres sur ce segment, la balade se fait très facilement.

Le sanctuaire Tōshōgū (東照宮)

J’ai commencé cette fois-ci par le sanctuaire Tōshōgū, qui se trouve tout près de la sortie de la gare shinkansen d’Hiroshima.

Torii d’entrée du sanctuaire Tōshōgū

Lanterne de pierre (石灯籠 ishidōrō)

Fleurs de pruniers blancs

Fleur de prunier rose

haiden (拝殿) du sanctuaire Tōshōgū

Si j’apprécie en général la sobriété, je dois vous avouer que je suis aussi complètement fana de cette couleur vermillon (朱色 shu-iro), surtout lorsqu’elle est sublimée par le ciel azur typique de l’hiver japonais. Je peux rester absorbée des heures à contempler les ornements de ce style très bling-bling – n’ayons pas peur de le dire – qui caractérisent les constructions karahafu (唐破風). Les vagues et les nuages menaçants (妖雲 yōun), les fleurs de pivoine, les têtes de lion-dragon (獅子 shishi), la souris blanche, les dorures, les tuiles gris-verdâtre… Comme vous l’aurez sans doute deviné, c’est un style qui a été largement influencé par l’architecture des pays asiatiques voisins.

détail des tuiles du sanctuaire

omikuji et porte-bonheur « Japan number one »

omikuji et hi no maru

La chouette et l'aigle

Le sanctuaire Kinkō Inari (金光稲荷神社)

Je vous ai parlé la dernière fois de la pagode de la paix qui offre un magnifique point de vue sur la ville, les monts voisins et la mer intérieure de Seto. Et bien sachez que vous pouvez y accéder par cette allée composée d’une centaine de torii. C’est d’ailleurs la route que je vous conseille. Du moins si l’idée de parcourir un chemin de 600m dans la forêt seul ne vous fait pas flipper comme moi. Ce sanctuaire se trouve juste derrière le Tōshōgū que je viens de vous présenter.

Torii d’entrée du sanctuaire Kinkō Inari

Torii dans la forêt du mont Futabayama

Vue sur la ville depuis la forêt du mont Futabayama

Le sanctuaire Tsuruhane (鶴羽神社)

Le sanctuaire des « plumes de grue » (鶴羽 tsuruhane) se situe 450m plus loin. Rien d’extravagant dans celui-ci mais il y règne une atmosphère apaisante que l’on ressent dès que l’on traverse le pont de pierre voûté au bord duquel se trouve un petit jardin zen.

Torii de pierre du sanctuaire Tsuruhane

Corde « shimenawa » et papier « shide »

komainu

Sanctuaire Shii no ki Inari (椎の木稲荷神社) – le sanctuaire Inari du castanopsis

ema à l’effigie de la grue

Le Temple Myōjōin (明星院)

Je n’aurais jamais soupçonné la présence d’un tel temple au fond d’une petite ruelle située à seulement 100m du sanctuaire Tsuruhane. De tous les sites visités ce jour-là, c’est sans hésitation celui qui m’a le plus intriguée.

Après, je dois vous confier que les temples de la secte Shingon et moi, c’est une grande histoire d’amour. Histoire d’amour rarement partagée avec les Japonais, qui voient souvent cette secte avec une suspicion que je ne saisis toujours pas complètement. Des quelques discussions que j’ai pu avoir, il semblerait que ce soit l’aspect farfelu et le luxe ostentatoire qui créent le malaise.

En tous cas, selon moi ce sont les plus rigolos à visiter. Je vous ai d’ailleurs déjà présenté Mitaki à Hiroshima et le Daisho-in à Miyajima, qui appartiennent eux aussi à la secte Shingon. Des temples qui valent vraiment le détour, même si vous vous êtes déjà fait Kyoto, j’insiste.

Entrée du temple Myōjōin

Même si cette photo n’a rien de grandiose, son atmosphère me plaît énormément. Les lumières chaudes sur la droite en contraste avec les teintes bleutées du bas et cette jeune fille sur son vélo juste à la frontière entre ces deux zones… Je trouve qu’il y a quelque chose.

Le Gracieux, pourtant né à Hiroshima et habitant le quartier depuis 6 ans n’avait jamais entendu parler de ce temple.

les tétons en fleur mais la main ferme

Stop ! in the name of love ♫

Gardiens Nio du temple Myōjōin

Comme je l’ai dit plus tôt, les temples Shingon font rarement dans la sobriété en ce qui concerne l’ornement. Ils se distinguent d’ailleurs par l’abondance de statues en tous genres et autres éléments incongrus que l’on trouve dans leurs jardins (des statues d’Anpanman et d’Ultraman au Daisho-in par exemple).

le dragon du chozuya

Des petites statues de JIzo caractéristiques des temples de la secte Shingon

Bishamonten (毘沙門天) dieux des guerriers (l’un des 7 dieux du bonheur)

Dragon de fontaine

Le dieu Fudō Myoō (不動明王) ou Acala l’immuable (ou le dieu vénère)

Le dieu un peu timide qui se marchait sur les pieds

Raijin (雷神) le dieu du tonnerre et Fūjin (風神) le dieu du vent

On aurait pu les croire dieux de l’aérobique et de la bataille de polochon, mais leurs tâches sont un peu plus nobles en réalité : genre représenter le vent et le tonnerre par exemple, rien que ça. N’empêche, en voyant celui de gauche, moi le morceau Physical d’Olivia Newton-John m’est directement venu en tête (un de mes hits au karaoké).

Des peluches et un dieu Jizo qui veille sur elles

En tombant sur toutes ces peluches, j’étais un peu perplexe mais il s’agit en fait des jouets préférés des enfants décédés auxquels est dédié ce lieu du sanctuaire.

le préposé au ménage

Notez cet air tout à fait digne malgré la tâche qui lui incombe. « Il n’est point de sot métier » comme on dit.

Temple Myōjōin

Le tigre

Et moi, tu me dis le « le tigre », je pense à ce fabuleux groupe punk féministe à moustache et surtout au remix de DFA. Oh oui, je sais, je m’égare, c’est toujours comme ça dans ma tête.

La cloche

Des chiens, des chats et des oiseaux super kitsch et glauques

un petit pot de fleur tout mignon sur lequel j’ai craqué

J’ajoute tardivement cette vidéo d’une soirée qui se déroulait dans ce temple le 29 octobre 2017 (dégustation de nourriture et de saké, calligraphie, concerts, light up et dj’s comme Suiko et SleepyEye le soir). C’était magique !

Le sanctuaire Nigitsu (饒津神社)

Et enfin, le dernier site (de notre balade d’aujourd’hui) à peine 100m plus loin. Son entrée est assez impressionnante de par sa longueur que ma photo prise à mi-chemin ne reflète malheureusement que pauvrement.

entrée du sanctuaire Nigitsu

le deuxième torii près de l’entrée

l’un des deux komainu du sanctuaire

Lanternes de papier de l’entrée du sanctuaire

J’adore les lanternes de papier ! Tellement graphique. Tout comme ce kamon qui me fait penser à deux gélules.

allée de torii rouges

Ebisu (恵比寿天), dieu des pêcheurs et des marchands (7 dieux du bonheur)

encore des ema, avec des chevaux cette fois-ci

ou bien des cibles qui représentent la réussite aux examens

Je pensais au départ tout faire en une journée (et c’est tout à fait possible) mais passant beaucoup de temps à prendre des photos et démarrant en général vers 14h, j’aurais fait la totalité du parcours en 3 fois. Nous verrons la dernière partie la prochaine fois.

Voici aussi un petit aperçu en vidéo de la promenade par Jules en Asie :

• Carte en anglais du parcours / Explications complémentaires