On termine enfin cette fois-ci (11 mois après la partie 2 !) la promenade historique Futabanosato, qui je vous le rappelle, est un circuit qui permet de visiter d’anciens temples et sanctuaires situés dans l’arrondissement Est (東区 Higashi-ku) de la ville d’Hiroshima.
Alors, si j’ai été super séduite par les 2 premières parties de ce parcours (1ère partie / 2e partie) je vous avouerai que cette dernière m’a largement moins emballée. Cependant, tout n’est pas à jeter, loin de là ! Donc restez avec moi ! Je vous ferai d’ailleurs un petit récapitulatif à la fin, de ce qui selon moi est à ne pas manquer, et de ce dont on peut se passer sur l’ensemble de la promenade.
Ushita 牛田
J’ai d’abord traversé Ushita, un district qui se situe au Nord-Est du centre ville d’Hiroshima. Bien qu’on se trouve encore relativement près du centre (20 min en vélo), on se sent déjà quasiment à la campagne : maisons individuelles, rizières, pépés et mémés qui cultivent leur petit jardin sur les bords de rivière… Ça fait un peu village : les conbinis ressemblent à de vieilles épiceries et on trouve encore des bouchers, des poissonniers ou des marchands de légumes tenus par des familles. Une sorte de petit voyage dans le temps.
Ça semble aussi être un quartier qui depuis longtemps attire les familles étrangères. Les loyers bas permettant de se loger dans une maison avec jardin*, la campagne à proximité de la ville et la présence d’une école primaire internationale réputée y sont sans doute pour beaucoup.
J’avais déjà eu quelques rares occasions d’y aller, invitée pour des barbecues chez divers amis japonais et chez une connaissance américaine également, mais je ne m’étais encore jamais aventurée dans les ruelles et j’ai trouvé ça très agréable et charmant, paisible quoi. (* l’Américaine en question paye 50,000¥ / 374€ de loyer pour une maison de 2 étages avec grand jardin et parking !!)
Le Temple Anraku-ji (安楽寺)
Le tour est vite fait. Ce sont les détails du portail qui m’ont le plus intéressée. On y trouve aussi un Ginkgo âgé de 350 ans, magnifique paraît-il à l’automne, mais ce n’était pas la saison. Je me suis donc rabattue sur le prunier en fleur qu’une famille japonaise a pris pour un sakura, mais je n’ai pas osé m’immiscer dans leur conversation… (« Hé ! moi ! moi ! Je sais ! Et je vais aussi en profiter pour apprendre à vos enfants que le Père-Noël n’existe pas ! Bon week-end quand même ! »)
Le Sanctuaire Yatsurugi (八剣神社)
Voilà typiquement le genre de lieux qui m’ont déçue. Certes, il y a peut-être un intérêt historique : un sanctuaire construit en 1617, seul vestige du règne de Masanori Fukushima (← « qui ça ? »… « ben voilà… », bref, vraiment rien de grandiose à voir, à moins que vous ne soyez un grand féru d’histoire Japonaise… et encore.
Hop, on passe donc à la suite.
Le sanctuaire Ikari (碇神社)
Cette partie de la promenade nous amène dans le quartier d’Hakushima et dans un sanctuaire qui m’a déjà beaucoup plus intéressée. C’est en fait l’un des plus anciens de la ville (Période Nara : 710-794), construit à une époque où la mer se trouvait encore à proximité et aux abords duquel les bateaux venaient s’arrimer (d’où le nom ikari qui signifie « ancre »). Il paraît que le matsuri qui s’y tient fin octobre vaut le détour.
Mais comme je suis une fouineuse, je n’ai pu m’empêcher d’aller voir ce qui se trouvait aux alentours, et évidemment, j’y ai trouvé quelque chose d’intéressant qui ne fait pas partie du parcours Futabanosato…
Le mémorial des enfants morts-nés du temple Hōshō-in (宝勝院)
Lorsqu’on prie pour les enfants morts-nés ou avortés au Japon, on se tourne vers la divinité Mizukojizō (水子地蔵). La cérémonie qu’on leur offre s’appelle Mizukokuyō (水子供養). Et ce temple propose justement ce service.
Comme au temple Myōjōin, dont je vous ai parlé dans la partie 2, de nombreux jouets et peluches étaient entreposés dans l’autel.
Le temple Fudō-in (不動院)
Un temple zen
Bien que ce soit le temple le plus important de la ville d’Hiroshima d’un point de vue historique et touristique, je m’y rendais pour la toute première fois. Une rencontre bien trop tardive mais du coup très appréciée. Difficile de décrire l’atmosphère qui y régnait pendant ma visite, mais les mots « vaporeux » et « hypnotique » sont ceux qui me viennent à l’esprit.
J’ai beau être 100% athéiste, ne pas croire au paranormal ni à quoi que ce soit (je pense l’avoir déjà dit dans un autre article), il m’arrive souvent de ressentir quelque chose de spécial, de devenir superstitieuse et momentanément mystique quand je visite certains temples ou sanctuaires.
Le site, quasiment désert les 2 fois où je m’y suis rendue, très spacieux et aéré, respire le calme et le zen (et pour cause, c’est le plus grand temple d’architecture Zen traditionnelle [禅宗様 zenshūyō] du Japon encore préservé). On ne sait pas exactement à quand remonte sa première construction, mais la statue de Bouddha qu’abrite le pavillon principal date la fin de la période Heian (794-1185). Les édifices ont tous été détruits pendant une guerre au 16e siècle mais reconstruits peu après, et la plupart d’entre eux datent encore de cette époque*. (*Les temples et châteaux japonais sont rarement d’origine.)
Cependant, si le Fudō-in appartenait originellement à la secte Zen, il s’est tourné vers la secte Shingon au cours du 17e siècle. Je parle très souvent cette secte bouddhiste sur mon blog parce que j’ai toujours un énorme coup de cœur pour les temples y appartenant. Je m’y suis d’ailleurs beaucoup intéressée lorsque je travaillais pour la promotion touristique de Miyajima, puisque s’y trouve l’un de ses temples emblématiques : le Daisho-in. Je vous invite d’ailleurs à lire l’interview de son grand prêtre : Shoyu Yoshida (p.14) dans le n°16 de GetHiroshima, et de son fils et prochain successeur (p.8).
L’entrée : Rōmōn (楼門)
De style Zen traditionnel et construit en 1594, le Rōmōn est classé « Bien culturel important ». Il est bien évidemment gardé par deux gigantesques gardiens Niō qui se tiennent à gauche et à droite du passage central.
Le pavillon principal : Kondō (金堂)
Classé « Trésor national » et construit vers 1540, le Kondō possède toutes les caractéristiques de l’architecture Zen importée de Chine à l’époque Kamakura (1185-1333), notamment les bords de toiture qui rebiquent (屋根の反り), les dessous de toit en éventail (扇垂木) et les fenêtres en forme de fleur. Je le trouve rustique et majestueux à la fois avec sa parure uniforme de bois sombre. Malheureusement je ne suis pas très douée pour prendre les bâtiments en photo…
Des Jizō en pagaille
Le beffroi : Shōrō (鐘楼)
Ce bâtiment classé « Bien culturel important » est le plus ancien du temple Fudō-in (1433). Au milieu de toute cette sobriété on a presque envie de dire qu’il est beau comme un camion !
Le Fudō-dō (不動堂)
Les pêchers en fleur et les bourgeons de magnolia
Pour changer un peu après cette débauche de pruniers en fleur dans les 2 parties précédentes, voici des pêchers ! Du moins c’est bien ce dont je crois me souvenir mais j’ai un gros doute (j’ai pris ces photos il y a un an), mais certains sites semblent confirmer qu’on trouve bien des pêchers dans le temple, et début mars, leur floraison est possible. Et puis ça me donne l’occasion de placer le mot « pêche » que j’aime beaucoup en japonais : momo (桃).
Le petit sanctuaire Inari
Il y avait aussi un grand cimetière qui surplombait le temple et dans lequel je me suis promenée. Les âmes de grands personnages historiques tels que Toyotomi Hideyoshi ou Fukushima Masanori y reposent en paix. Enfin.. il ne faut pas prendre ça trop au pied de la lettre non plus. Y a sans doute au mieux 3 bouts d’os de doigts de pied de chacun. Des tombes de Toyotomi Hideoshi, on en trouve apparemment des 50aines dans tout le pays.
Grosse digression « le saviez-vous ? » : [J’en profite pour rappeler qu’à cette époque, toute l’histoire du Japon se déroulait dans l’Ouest, entre Kyushu et le Kansai (d’un point de vue politique, économique, culturel, etc). Les mines d’argent du Japon, principalement situées dans les préfectures d’Hiroshima et Yamaguchi fournissaient alors entre 70 et 80% de l’argent mondial. Et Tokyo n’existait pas encore (jusqu’à ce que Tokugawa Ieyasu y soit envoyé).
La « rivalité » entre Osaka-Kyoto et Tokyo viendrait de cette époque. Tokyo, qui s’appelait encore Edo, n’était qu’un coin paumé en pleine cambrousse alors que les 2 autres villes étaient capitale du commerce pour l’une, et politique et religieuse pour l’autre. Un ami originaire de Kyoto nous a expliqué qu’on y avait parfois gardé l’habitude de dire « Je descends à Tokyo » plutôt que « Je monte à Tokyo » en souvenir du mépris et du sentiment de supériorité ressentis à l’époque. ]
Je pense que je n’ai pas pris de photo parce qu’il commençait à faire trop sombre.
Les bords de la rivière Otagawa
Que voir en priorité sur le parcours Futabanosato ?
Sur la 1ère partie, je n’ai regretté aucune visite, donc si vous avez le temps, n’hésitez pas à suivre le parcours comme je l’ai fait. Vous pouvez éventuellement faire l’impasse sur le Saizō-ji, assez éloigné du reste et dont le tour est vite fait. Cependant, moi je l’ai beaucoup aimé ce petit temple…
Ensuite, même si le lieu en lui-même m’a paru froid et austère, il y a énormément de curiosités à voir au Shōkō-ji : les étranges statues de vieillards et les grenouilles notamment.
Mais mon préféré reste le Onaga Tenmangu, pour son atmosphère et sa situation à flanc de montagne et de forêt, avec sa vue en hauteur sur la ville.
Enfin, le panorama incroyable depuis le cimetière du Mont Futabayama est n’a rater sous aucun prétexte.
Sur la 2e partie, sans doute la plus riche, les temples et sanctuaires sont vraiment tous très proches les uns des autres, alors si vous n’êtes pas pressé, inutile de sauter des étapes. Le sanctuaire Tōshōgū ainsi que le sanctuaire Kinkō Inari avec sa centaine de torii grimpant dans la montagne sont à visiter absolument.
Mais sur ce parcours, mon plus gros coup de cœur personnel reste le Temple Myōjōin. J’en profite pour ajouter cette vidéo d’une soirée qui s’y déroulait le 29 octobre 2017 (dégustation de nourriture et de saké, calligraphie, concerts, light up et dj’s comme Suiko et SleepyEye le soir). C’était magique !
Enfin, sur cette 3e et dernière partie, je recommanderais la balade le long des berges de la rivière Otagawa, ainsi qu’Ushita (même s’il n’y a rien d’exceptionnel à voir d’un point de vue touristique) et enfin le Fudō-in que je viens de présenter. En revanche, j’insiste, inutile de vous déplacer jusqu’au sanctuaire Yatsuguri ni au temple Nittsu-ji (un bâtiment ordinaire au milieu d’un parking bordé d’HLM) !
(Note : ce découpage en 3 parties correspond uniquement à celui de mes articles et du temps que j’ai pu consacré à chaque journée photo en hiver)
Comment accéder au parcours Futabanosato et s’y déplacer ?
Carte en anglais du parcours / Explications complémentaires
Tout dépend d’où vous partez (vous aurez sûrement remarqué que j’ai fait le parcours à l’envers pour des raisons de commodité).
- LE VÉLO ! C’est sans doute faisable à pied, mais vous risquez de passer plus de temps à marcher d’un point à l’autre qu’à visiter les lieux intéressants. Docomo-cycle vous permet de louer facilement un vélo et de le déposer à l’une des nombreuses bornes ensuite.
- Si vous êtes à pied et commencez par le Saizō-ji (n°16 sur la carte) : prenez un train JR sur la ligne Geibi depuis la gare d’Hiroshima : trajet 4min / 140¥ si vous n’avez pas de JR Pass.
- Si vous commencez par le Fudō-in (n°1 sur la carte), prenez l’Astramline depuis Hondori Station et descendez à Fudoin-mae (230¥).
- Vous pouvez aussi accéder au Sanctuaire Tōshōgū (n°10) à pied depuis la sortie Nord de la gare d’Hiroshima ou en Maple loop bus (green line) depuis le centre (200¥, gratuit avec le JR Pass).
Voilà, cette fois, Futabanosato c’est terminé, mais n’oubliez pas de partager si ça vous a plu ! ♡
Pauline
février 26, 2018
Très jolies photos comme d’habitude
Judith Cotelle
février 26, 2018
Merci !