Si vous vous intéressez un petit peu au Japon, vous avez sans doute déjà entendu parlé de Miyajima qui est considéré comme l’un des 3 plus beaux paysages nippons (日本三景 Nihon sankei) aux côté d’Amanohashidate et Matsushima. C’est une île sacrée située dans la préfecture d’Hiroshima, et qui en est la principale attraction touristique avec le Dôme de la bombe.
Bien qu’envahie par les touristes toute l’année, les locaux se rendent eux aussi très fréquemment sur l’île, notamment pour les feux d’artifices d‘O-bon (お盆) au mois d’Août ou pour le hatsumōde (初詣 1ère visite de l’année au temple ou au sanctuaire) de Shōgatsu (正月) le 1er Janvier.
C’est aussi LE lieu romantique où vont se promener les amoureux (d’ailleurs une copine s’y trouvait ce jour-là avec son nouveau copain, mais ils ont plus passé leur journée à picoler qu’à visiter apparemment…). Ça n’a pas toujours été le cas cependant, en effet dans le passé, l’île était considérée comme de mauvaise augure pour les couples, mais voyant le potentiel touristique, certains ont du s’arranger pour faire passer aux oubliettes cette vieille superstition.
Malgré tout, je suis toujours surprise de voir à quel point les habitants d’Hiroshima connaissent mal Miyajima. Bon, ayant travaillé 2 ans pour la promotion de l’île et ayant consulté toute la documentation possible en Japonais afin de la traduire pour le site officiel dont j’étais en charge et ayant parcouru l’île de long en large pour y prendre une grande partie des photos qui figurent sur ce même site, j’ai un niveau expert certainement uniquement égalé par les membres de l’association touristique de Miyajima, les employés du service touristique de la mairie, les guides, (peut-être) les 2000 habitants et les quelques passionnés fanatiques, mais tout de même ! La personne avec qui je m’y suis rendue cette fois, bien qu’originaire d’Hiroshima, n’avait jamais visité le temple Daishō-in 大聖院, ni le parc Momijidani 紅葉谷公園 ! Et il est loin d’être un cas isolé.
Je vais donc certainement faire une petite série sur Miyajima (de manière espacée) pour vous montrer mes endroits préférés et vous dévoiler quelques secrets.
Voilà donc notre parcours de ce jour (vous pouvez consulter et télécharger des cartes ici si vous avez du mal à vous repérer) :
La pagode Tahōtō
Nous y allions entre autre pour le 紅葉 kōyō (aller admirer les feuillages rouges d’automne), mais c’était encore un peu tôt. Il vaut sûrement mieux y aller à la mi-novembre.
Une fois que vous avez contourné le sanctuaire flottant d’Itsukushima et que vous arrivez au niveau du temple Daiganji, vous verrez des petites marches sur votre gauche.
Peu de gens empruntent ce chemin qui monte à la pagode Tahōtō 多宝塔. La vue sur le reste de l’île y est magnifique et un petit chemin situé à l’arrière permet de rejoindre le temple Daishō-in 大聖院 en évitant les foules.
Le « parc d’attraction », le temple Daishō-in
C’est mon temple préféré de l’île, et pour beaucoup d’étrangers avec qui j’ai parlé, leur temple préféré au Japon. N’ayant pas moi-même visité tant de temples que ça, je ne m’avancerais pas jusque là, mais c’est probable aussi. C’est un lieu où l’on peut se rendre régulièrement sans s’en lasser, et découvrir de nouvelles choses à chaque fois. De nouvelles statuettes sont sans cesse ajoutées.
Lorsque vous pénétrez dans l’enceinte du temple, sur votre gauche se trouvent les 500 statues des disciples de Shaka Nyorai.
C’est cliché, mais je ne m’en lasse pas. Un paysage typique du Japon en automne : la mousse et les feuilles d’érable.
C’est dans ce lieu que nous avions été faire les prises de vue (dont j’avais en charge la direction artistique) pour présenter le packaging des bouteilles d’umeshu Shakujo no Umeshu, il y a 2 ans.
Vous pouvez poursuivre en montant les escaliers sur la rampe desquels se trouvent les 600 volumes des sutras Dai-Hannyakyo, rapportés d’Inde par un moine chinois. Les faire rouler porterait chance.
« Il nous pose ses grosses couilles devant le nez, et en plus il fait la manche çui-là.. » — Le Gracieux
Un peu plus loin toujours sur votre droite, se trouve le pavillon Kannon-dō 観音堂.
Si vous touchez la statue de l’affreux qui ressemble à un grand brûlé sur un endroit de son corps qui vous fait mal sur le vôtre (si vous trouvez une meilleure manière de construire cette phrase, je suis preneuse), vous êtes censés guérir. Je ne garantis rien moi, hein, par contre.. Ça explique les nombreuses usures que l’on peut observer sur la statue.
Un truc rigolo à faire : le tunnel obscure des 33 réincarnations de la déesse Kannon. Descendez les escaliers, et vous allez vous retrouver dans une obscurité totale, à marcher à tâtons dans un long tunnel plein de virages inattendus. Évidemment, nous, on était pétés de rire et on s’est rentré dedans tout le long, mais normalement le but est de méditer en silence sans l’aide de la vue.
Il faut laisser une petite pièce dans la boîte à l’entrée.
Le long des murs sont affichées les 33 Kannon fluorescentes (et qui n’éclairent absolument pas le tunnel, d’où la qualité médiocre de la photo, mais c’est juste pour vous donner une vague idée). On a l’impression qu’on en sortira jamais, alors je déconseillerais plutôt aux gens claustrophobes ou susceptibles de paniquer.
Si, si. Un archange dans un temple bouddhiste.. mais on en est plus à 2 surprises près après avoir vu une statue d’Ampanman et d’Ultraman.. Je suppose que c’est lié au jumelage avec le Mont St-Michel. Je ne sais pas depuis quand il est là, mais c’est la première fois que je le remarquais. C’est mon acolyte qui l’a repéré, sans doute parce que ses parents sont catholiques (oui Japonais et catholique, ça existe) et qu’il a passé un an à ronfler sur les bancs de la messe tous les dimanches pendant son échange universitaire aux États-Unis.
Un peu plus loin, sur la gauche devant le Pavillon des fidèles, vous pouvez faire une petite pause en dégustant un thé aux 16 herbes médicinales concocté par les moines. Et c’est gratuit ! Il y a même des bancs et un coin fumeur, oui oui, dans l’enceinte du temple.
Ensuite vous allez vous trouvez face au pavillon Chokugan-dō 勅願堂. On y pratique le rituel Goma et d’ailleurs on a même eut l’occasion d’y voir une jeune none pratiquer l’entrainement ascétique (修行 shugyō), mais les photos étaient interdites. Vous trouverez ici les 1000 statuettes de Fudo-myo et d’autres statuettes assez particulières. Ça vaut le coup de prendre le temps de les observer une par une.
Malgré les apparences, ce n’est pas le « dieu du zgeg » comme a voulu me le faire croire l’autre (en même temps ça ne coûte rien d’essayer de lui caresser le nez pour voir ce que ça fait), mais un Tengu. Un espèce d’être maléfique des forêts et des montagnes.
Tournez sur la droite après la statue du « dieu du zgeg » (チンコの神様。。。ではない), et vous pourrez monter au pavillon Maniden 摩尼殿.
Faire tourner les roues équivaut à lire un volume du Hannya-shingyo (ou Sutra du Coeur) ! Ou le bouddhisme pour les gens pressés et les flemmards…
On peut rarement pénétrer à l’intérieur des temples au Japon, mais au temple Daisho-in, tout est permis ! (tékalékatam tékalékatam, ohé ohé ♪). J’ai d’ailleurs croisé des potes d’Hiroshima ce jour-là dans le temple et les ai entendu s’exclamer « Wow ! C’est génial ici, on se croirait dans un parc d’attraction ! ». Donc, si vous contournez cette pièce sur la gauche, vous pouvez monter à l’étage et même accéder à la terrasse pour une vue époustouflante sur l’île de Mayajima.
Montez les escaliers et vous pourrez traverser un petit pont de bois (non, non, je ne la ferai pas celle-là ! même si ça me tente, mais je suis sûre que vous l’avez dans la tête maintenant) donnant sur le pavillon Hakkaku Manpuku 発覚満腹 dédié aux 7 divinités de la chance.
En montant encore un peu les marches vous arriverez sur La grotte Henjōkutsu 遍照窟. Le plafond couvert de lanternes est assez impressionnant.
Et enfin, vous atteindrez le dernier pavillon, le Daishi-dō 大師堂 dédié à 空海 Kūkai ou 弘法大師 Kobō Daishi (son nom posthume), le fondateur de la secte Shingon.
Le Parc Momijidani (紅葉谷公園 parc de la vallée des érables)
Quand vous ressortez du temple Daisho-in et redescendez un peu le chemin qui se trouve en face de vous, vous trouverez quelques mètres plus loin un chemin partant sur la droite qui mène au Parc Momijidani.
Si vous avez l’occasion d’être dans le coin fin Août – début Septembre, je vous conseille vivement le matsuri Tanomosan qui s’y déroule chaque année (la date varie puisqu’elle est basée sur l’ancien calendrier lunaire).
Montez le chemin comme pour aller en direction du Mont Misen.
Vous tomberez sur une petite aire de restauration en plein air.
Autant le lieu est mignon et agréable, avec ces tables zashiki en plein air sous les érables, son petit étang rempli de carpes Koi et ses biches qui se baladent en liberté, mais si vous voulez vous régalez ce n’est VRAIMENT PAS le lieu que je vous conseille.
Sans aller jusqu’à dire que c’était mauvais, c’était franchement décevant. Peu d’anago et mal cuit en plus, sauce trop sucrée, riz trop cuit et plein d’eau. Et c’était servi avec une soupe miso de base alors qu’ailleurs on a droit à une bouillon un peu plus raffiné. Si vous tenez à vous arrêtez dans ce lieu, ce qui n’est pas une mauvaise idée en soi, faites-le juste pour boire un verre ou un thé. (menu à 1600¥)
Pour un vrai anago-meshi, qu’il serait dommage de rater, voici de meilleurs options :
Le plus réputé : Ueno, mais il se trouve à Miyajima-guchi, donc en dehors de l’île. Vous repèrerez facilement le lieu, sur le côté droit de la route menant à l’embarcadère, grâce à la queue qui se trouve en permanence devant son entrée. La réputation du lieu n’est en rien exagérée, c’est réellement délicieux genre « wow ! haaaa ! hoouuu ! » et pas particulièrement cher. Vous pouvez en outre acheter votre anago-meshi en bentō (à emporter) et le déguster sur l’île quand il ne fait pas trop froid. (1470¥ le bentō, entre 1260 et 1890¥ suivant la taille sur place)
Le plus luxueux : Fujitaya (1 étoile au Michelin). Il se trouve sur le chemin entre le temple Daigan-ji et le temple Daisho-in. Je ne l’ai jamais testé personnellement mais d’après ma copine qui y était ce jour-là et les photos qu’elle nous a envoyées, c’était très bon. Par contre ça vous coûtera légèrement plus cher. (2300¥)
Deux options plus accessibles et sur l’île (et que j’apprécie beaucoup moi-même):
Mame no tanuki, qui se trouve dans la galerie marchande Omotesando. (1950¥)
Et l’Auberge Watanabe, qui se trouve devant l’entrée du temple Daisho-in. Le cadre traditionnel japonais y est très agréable. (1780¥)
Dans le n°16 de GetHiroshima, nous avons consacré un dossier au temple Daisho-in avec une interview de son grand prêtre et de son fils qui lui succédera bientôt (pages 8 à 15).
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