Pour faire suite à, et même un peu miroir avec l’article que j’ai publié il y a 15 jours, dans lequel j’évoquais le fait qu’on me prend souvent et de plus en plus pour une Japonaise (brièvement hein) ou que mes amis me disent « mais nan, mais toi t’es Japonaise, c’est bon ! », je vais tenter aujourd’hui de vous expliquer comment je conserve mon identité française, enfin plutôt comment je reste moi-même dans une culture complètement différente, puisque ce n’est pas uniquement ma nationalité qui me définit en tant que personne. Non, j’ai d’autres cordes à mon arc, rassurez-vous !
On se pose certainement tous ce genre de questions à un moment donné, quand on vit à l’étranger et je pense que c’est sain de le faire. On est nombreux à passer par une phase de doute où l’on se demande qui l’on est, ce qu’on fait là, si en s’adaptant à son pays d’accueil on ne perd pas un peu de soi, de sa nature, de sa personnalité au passage. Ce n’est pas toujours facile de savoir où placer le curseur sans avoir l’impression de faire trop de compromis.
Je suis passée moi aussi par ce genre de phase, et ai traversé une période de crise, c’était entre ma 2ème et ma 3ème année au Japon (2009-2010). Je ne sais pas si ça arrive à tout le monde au même moment, donc ça m’intéresserait d’avoir vos témoignages en commentaire.
Pendant cette période j’ai commencé à sombrer dans la nostalgie de la France (une France idéalisée bien sûr) et à nourrir un rejet du Japon (je suis bien contente de n’avoir pas fréquenté d’autres Français à cette époque ce qui m’a évité d’entretenir cet état d’esprit). Coïncidence, cause ou conséquence, je ne sais pas, mais à cette époque je m’étais remise à regarder la télé française sur le net (Canal +, les chaînes France Télévision). Je m’étais aussi mise à revisionner tous mes vieux films français préférés, des Chabrol en veux-tu en voilà, des films avec des dialogues d’Audiard en pagaille, des Louis de Funès, plein de films des années 70/80.. et je soulais tout le monde autour de moi à essayer de leur prouver par A+B que la France c’était mieux. Je m’étais soudain aussi prise de passion pour la cuisine française, moi qui n’avais jamais réellement cuisiné en France. Tout m’exaspérait au Japon. J’hésitais à y rester.
C’était en même temps une phase de transition entre 2 états, pendant laquelle mes amis ont commencé à me faire comprendre que je n’étais plus l’éternelle invitée, la fille à part à qui on excuse tout, mais que je devais songer à m’intégrer, m’assimiler, qu’on ne me ferait plus de faveur, d’exception, que j’étais maintenant censée savoir comment les choses fonctionnaient, que je devais prendre des initiatives et ne plus attendre qu’on me serve tout sur un plateau.
Je suis vraiment reconnaissante envers mes amis d’avoir été patients mais aussi parfois durs à cette période, parce que ça m’a permis de prendre conscience des choses, d’évoluer et d’avoir une vie plus facile ici par la suite, de prendre de bonnes habitudes et d’adopter une attitude adéquate très rapidement. C’est à partir de ce moment-là que j’ai réussi à faire naturellement la distinction entre les règles qu’il faut suivre, les choses que l’on doit faire comme les Japonais, et celles où rien ne sert de les imiter. Il faut le faire avec bon sens, sans offenser, sans provoquer de gêne (違和感 iwakan) ni se faire remarquer inutilement, et sans perturber la société dans laquelle on vit évidemment. Le but est de trouver le bon équilibre, nécessaire, indispensable même, si l’on veut conserver sa personnalité et préserver sa santé mentale. C’était une phase de mise au point, en gros.
Dans certaines situations très formelles (ou lorsque je travaillais à la mairie en charge de l’île de Miyajima par exemple), j' »éteins » quasiment ma part française et passe en mode tatemae (face publique pour faire très court, de plus amples explications dans cet article) comme tout le monde, et comme tout le monde, je déteste ça, trouve ça épuisant. C’est pourquoi j’évite au maximum ces situations et me suis créé un environnement me permettant de n’avoir quasiment pas à jouer un rôle (choix des amis, du lieu de travail, du petit ami).
Quand je dis que c’est épuisant pour tout le monde, j’entends par-là que même pour les Japonais, qui sont pourtant habitués depuis l’enfance à switcher et sont pour la plupart soumis toute leur vie à cette pression sociale, ça n’a rien de si évident et naturel. Par exemple l’autre soir dans un bar, j’entendais un ami, qui a dû prendre une partie de la semaine un boulot de salaryman en costard cravate depuis son mariage et la naissance de sa fille, se plaindre qu’il n’en pouvait plus de jouer ce rôle toute la journée, de devoir se transformer en quelqu’un d’autre. J’ai un autre pote qui est passé de vendeur en boutique de vêtement à la restauration, parce qu’il n’en pouvait plus de mentir. (Pourtant, l’univers de la fringue reste encore un milieu assez relax).
Je n’ai aucune qualification pour juger la manière qu’ont les autres de gérer leur relation avec leur pays d’accueil, en l’occurrence le Japon, mais si je peux me permettre de donner mon opinion, j’ai l’impression que l’erreur de certains, est de penser qu’il faut devenir 100% Japonais (EDIT : ou à l’inverse ne se distinguer uniquement par le fait d’être français et du coup n’attirer que des gens qui cherchent à tout prix à se faire des amis français / étrangers), devenir timide parce qu’on les présume timide, etc. Du coup, ceux qui adoptent cette attitude souffrent et finalement se plaignent du fait qu’une fois qu’ils ont fait tous les efforts pour s’adapter et se fondre dans la masse coute que coute, ils n’intéressent plus personne comme à l’époque où ils venaient d’arriver et baragouinaient 2, 3 mots de Japonais et avaient encore au moins leur exotisme à offrir. Ce qui me semble être la raison pour laquelle certains sont persuadés que les Japonais ont du mépris pour les étrangers qui parlent trop bien leur langue, théorie très répandue qui ne me convainc guère.. Moi personnellement c’est l’inverse, mieux je maîtrise la langue, plus les choses me semblent devenir faciles.
Après cette première partie théorique et peut-être un peu trop solennelle (ça va, vous pouvez le dire que ça vous a gonflé !), passons à la pratique, aux cas concrets.
Voilà, donc, qu’est-ce que je fais que les Japonais ne font pas ? Et bien, j’ose faire des choses que la plupart d’entre eux n’osent pas même si parfois ils aimeraient, tant que ça n’offense personne et ne va pas à l’encontre des règles de base en société. Voici quelques exemples pêle-mêle et sans ordre particulier.
♦ Aller manger des ramen seule le midi : Ça vous paraît peut-être étonnant, mais au Japon, il y a des types de cuisines ou de restaurants qui sont profondément associés à un genre. Les ramen c’est un truc de mec, un plat souvent servi dans des boui-bouis un peu crados avec des néons au plafond, et pas le moindre effort de décoration. C’est un plat riche en graisse et en sel, pas très raffiné, et qui en plus se slurpe. Ce n’est donc pas ce qu’il y a de plus féminin. Les restos italiens ou français un peu coquets et classes, en revanche, c’est pour les filles.
Le midi surtout, quand les gens vont manger seuls. Le soir ça se mélange beaucoup plus puisque les gens sortent en groupes (parfois) mixtes. Il n’y a pas d’interdit à proprement parler et vous trouverez toujours des exceptions, mais en règle générale, une femme seule se sentira un peu gênée d’aller manger des ramen même si elle en crève d’envie, et un homme seul ne se sentira pas à l’aise non plus dans un resto super oshare (classe) entouré de hordes d’O.L. (Office Lady) et de femmes au foyer.
D’après ce que je lisais dans la réponse d’un Japonais spécialiste du sujet des ramen sur Quora, les choses seraient en train de changer, avec l’apparition de restos à ramen plus modernes et plus cossus où les filles et les couples se sentent plus à l’aise. (Oui, c’est assez rare d’aller manger des ramen en couple).
Et les Japonaises ne sont visiblement pas les seules à avoir une réticence à l’idée de franchir la porte d’une ramen-ya en solo, vous pouvez lire le témoignage de Béné no Fukuoka (une graphiste française installée à … Fukuoka) dans cet article.
Et bien moi, non, si j’ai une envie de ramen, seule ou en couple, je vais manger mes ramen et basta, seule au milieu de salarymen, d’étudiants ou d’employés du bâtiment. Qu’importe si ce n’est pas super kawaii. Je n’ai jamais eut l’impression d’être regardée de travers en même temps. Je pense que c’est plus dans la tête des filles que dans celle de ceux dont elles craignent le jugement. Non vraiment je trouve ça absurde. C’est pas non plus comme si j’allais pisser dans les toilettes des hommes ou me trompais de côté au sentō ou au onsen.
♦ Être la seule femme au coin fumeur : Quand je travaillais à la mairie, je n’étais pas la seule à fumer, mais les autres femmes le cachaient. Même si beaucoup de femmes fument au Japon, ça reste encore assez mal vu dans certains milieux, pour certaines générations ou dans certains types de relations sociales. Je me rappelle d’une copine qui m’avait demandé d’effacer une photo d’elle clop à la main, de mon blog ou de Facebook, à l’époque où elle était commerciale dans une entreprise parce que ses supérieurs et collègues ne savaient pas qu’elle fumait. Je connais même une ou deux filles qui fument en cachette de leur mari. A la mairie, j’étais donc quasiment la seule femme à me rendre au coin fumeur à l’heure de la pause. En 2 ans j’ai du y croiser moins de 10 fois, 1 ou 2 autres filles, plutôt jeunes.
Je ne vois pas de raison objective à cacher ce vice aux hommes ni à soutenir ou encourager le sexisme de certains.
♦ Ne pas toujours porter de soutif : J’étale un peu ma vie privée là, mais je n’ai jamais aimé porter de soutif. Ça m’est inutile, c’est inconfortable et assez peu esthétique selon moi. En plus, d’après des études récentes, ça provoquerait un relâchement avec l’âge pour celles qui n’en ont pas réellement besoin. En France, on est assez relax là-dessus. Quand je suis arrivée au Japon, j’avais gardé mes vieilles habitudes sans y faire attention et en toute candeur, mais j’ai vite compris qu’ici c’était très audacieux de laisser entrevoir la forme d’un téton à travers un vêtement. Dans les soirées, les copines me sautaient dessus mortes de rire en me les tripotant et en me criant « Wow ! c’est dingue ! t’es venue en no-bra ?!! » et me confiaient souvent ensuite qu’elles m’enviaient et aimeraient bien oser elles aussi. Je me suis assagie depuis, et fais l’effort d’en porter au boulot (du moins en été quand les vêtements sont trop fins) mais le soir et le week-end, je laisse mes tétons libres !
♦ Faire des blagues de cul : (Vous devez commencer à vous demander jusqu’où je vais aller entre ça et le point précédent…). On appelle ça 下ネタ shimoneta au Japon. Quand je dis blague de cul, c’est pas de blagues que j’ai lu quelque part et que je répète, c’est juste des allusions, des réactions spontanées, etc. Très peu de filles le font ici, et certainement pas en présence de garçons, encore moins devant leur copain ou leur mari. Attention, je ne me permets pas non plus ce genre de chose devant n’importe qui. Y a des situations qui s’y prêtent plus que d’autres, des gens avec qui ça passe et d’autres non, mais ça on le sent. Il ne faut pas être K.Y. évidemment. (K.Y. qui se prononce comme en anglais « kay-waï » signifie « à côté de la plaque », 空気読めない Kūki Yomenai, littéralement : « qui ne sait pas capter l’ambiance », et encore plus littéralement « qui ne sait pas lire l’atmosphère »).
J’ai la chance d’avoir un copain qui parle lui aussi très librement de ce genre de sujets, et se félicite, se vente même auprès de ses amis, de mes exploits qui à leur tour envient notre liberté et notre complicité.
Je me souviens de cette anecdote d’ailleurs : il m’avait emmené un jour à un barbecue dans un parc avec des amis à lui que je ne connaissais quasiment pas et un des gardiens du parc, avec une tête de psychopathe qui cache son jeu (le genre vieux garçon qui vit chez sa maman à 60 ans et fait des reproductions de châteaux du monde en allumette) était venu nous demander s’il pouvait prendre une photo de notre groupe pour son blog (le mec qui bosse dans un parc et fait un blog sur le parc dans lequel il travaille, déjà…). Une fois la photo prise, j’étais allée discrètement dire à l’oreille de mon copain « ça va, tu vas pas me faire croire que t’as cru à son histoire ? pour le blog, ouai.. pff, mon œil… il se fait une collec’ de photos de petits jeunes pour se tripoter la nouille dessus ouai ! » sauf qu’il s’était empressé d’aller rapporter ma connerie à voix haute à tous ses potes. Bon, en même temps, ça avait directement brisé la glace…
♦ Faire la fofolle comme j’ai toujours fait : Je ne suis pas le clown de service mais bon.. En tous cas, j’ai une copine qui est magnifique, super intéressante, indépendante et comme moi très fofolle et libérée. Et du coup, toujours célibataire. Beaucoup d’hommes au Japon (surtout les plus de 40 ans) préfèrent les filles discrètes, qui se tiennent bien et n’amusent pas la galerie lorsqu’il s’agit de leur épouse ou de leur régulière, même si eux-mêmes sont complètement déjantés. Pas de problèmes si ce ne sont que des amies ou des maîtresses, mais pas leur femme à eux (même s’ils s’ennuient avec). J’ai pas mal d’amies qui ont des comportements complètement différents quand on est entre nous et quand leurs copains / maris sont là.
Je suis incapable de me contenir donc c’est un compromis que je ne peux pas et ne veux pas faire.
♦ Pratiquer l’ironie : On dit souvent que les Japonais en manquent, mais ce n’est pas le cas de tous heureusement. Pratiquer l’ironie et l’humour dès le début me permet de faire le tri entre les gens avec qui je risque de m’ennuyer et avec qui ça n’accrochera probablement jamais et ceux avec qui une vraie complicité et une amitié durable peuvent s’installer. C’est tellement essentiel pour moi l’humour que je n’envisage pas une relation amicale ou amoureuse sans.
Voilà, pour terminer, j’ai évoqué cette nostalgie de la France que j’avais eue à une période, mais elle a complètement disparu. Quand on me demande si la France me manque, ou ce qui me manque en France, j’ai toujours besoin de réfléchir un moment. Je ne fais plus de comparaison. En fait, ici je profite des choses agréables, des choses qui me plaisent et que je ne peux avoir qu’ici au lieu de me lamenter sur les choses que je n’ai pas. Quand je rentre en France chaque année, je profite à fond de tout ce que j’ai là-bas sans trop penser au Japon et j’ai toujours un petit pincement au moment de partir mais une fois rentrée ici, ça passe toujours plus vite que je ne l’aurais imaginé.
Si vous vivez au Japon, ou même dans un autre pays, ça peut être intéressant, n’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire.
Senbei "Bernard Piavot" Norimaki
novembre 17, 2015
« les gens vont mangés seuls »
Vraiment ? Jud ? Allo ? Où va le monde ?
Sinon, puisqu’on y est :
– « deuxième » s’abrège en « 2e » et non en « 2ème ».
– Pas de majuscule à Juin, sauf si tu parles du maréchal libérateur de l’Italie, paix à son âme de moustachu.
– adéquatE, parce qu’une attitude.
– « s’il on » < "si l’on," pour faire court.
– Un boui-boui se met au pluriel en "bouis-bouis".
– Les femmes auX foyer, ça sent la double vie…
– unE collec’ de photos, comme une collec’ de pin’s à la con.
– « cette nostalgie de la France que j’avais eut », et pour cause : j’avais euE…
Senbei, vieux con
Judith Cotelle
novembre 17, 2015
Ben quoi, j’ai pas dit que c’était bizarre que les gens aillent mangés seuls, c’est juste que le midi ben.. tu vas pas appeler toutes tes potes ou rameuter tous tes collègues à chaque fois que tu prends ta pause déjeuner.. je comprends pas bien ta remarque en fait..
Pour 2e / 2ème : OUI, je le sais, c’est un choix délibéré de ma part, je préfère comme ça, tout comme j’écris Mr au lieu de M. J’en avais déjà parlé dans un autre article où je disais que c’était inutile de me faire la réflexion en commentaire.
Les autres oui c’est bien des erreurs d’inattention que je vais corriger de ce pas. (Le majuscule aux mois, c’est parce que j’écris souvent en anglais, d’où la mauvaise habitude.
Merci pour le proofreading comme à chaque fois !
Senbei "Bernard Piavot" Norimaki
novembre 18, 2015
Au temps pour moi: en principe, je ne lis jamais les commentaires, question de santé mentale.
Je ne veux pas faire chier inutilement, je rappelle juste les règles de grammaire. Après, c’est toi qui voit. Je ne suis pas le dernier à faire des fautes volontaires pour que ça sonne mieux à mes oreilles.
Cela dit : pas « les gens vont mangés seuls » mais «les gens vont manger seuls ».
Le fond, rien à dire.
Judith Cotelle
novembre 19, 2015
Hahaha, elle est tellement énorme celle-là que je suis totalement passée à côté ! En fait, je pense que j’ai paranoïé sur cette réflexion, parce qu’il y a quelques années une fille était venue passer quelques jours au Japon, (je l’avais aussi reçue à Hiroshima), et avait tiré des conclusions hallucinantes de ces quelques jours passés au Japon, en ce basant simplement sur ses observations et les interprétations hâtives qu’elle en avait fait. Donc selon elle, les Japonais étaient « solitaires et individualistes » parce qu’elle avait vu des gens manger seuls dans les restos.. bref
Sinon, pour revenir sur « 2ème » et « Mr », ça vient probablement du fait de mes 3 années de Sciences du Langage pendant lesquelles ont nous a toujours pousser à garder en tête le fait que le langage parlé précédait le langage écrit et les conventions d’écriture et pour le coup je trouve qu’écrire « 2ème » pour « deuxième » est bien plus cohérent, évident, logique que « 2e ». De même, je trouve qu’en écrivant Mr Trucmuche au lieu de M. Trucmuche, on évite la confusion avec Michel ou Martin Trucmuche. Voilà.
Béné
novembre 17, 2015
Merci pour la petite mention. Je me demandais pourquoi j’avais autant de visites venant de ton blog ces derniers jours… j’ai ma réponse !
Encore une super idée d’article, je suis très jalouse x)
Qu’est-ce que je fais que les japonaises ne font pas…
– pratiquer l’ironie
– croiser les jambes ou m’assoir n’importe comment sur ma chaise de travail
– m’assoir en tailleur quand j’en ai marre de faire le seiza sur le côté..
c’est totu ce qui me revient pour le moment.
Sinon pour les ramens, j’y suis allée la semaine dernière seule un midi ! Victoire !
Judith Cotelle
novembre 19, 2015
Ha oui ! je n’y avais pas pensé à la façon de se tenir, et au début j’ai faillit dire « mais les Japonais aussi se tiennent n’importe comment ! » Les Japonais oui, mais pas les Japonaises. Tous mes collègues sont des mecs et ils s’assoient parfois en tailleur sur leur chaise, mais j’imaginerais mal une fille faire ça.
En fait, pour résumer, je pense que contrairement à une majorité de Japonaises, les Françaises s’autorisent beaucoup plus souvent / facilement à ne pas avoir une attitude féminine 100% du temps (attitude du stéréotype ou cliché de la femme bien évidemment).
Sinon, bravo pour le challenge des ramens ! ou la victoire des femmes par les ramens.
Geogaddi
mars 30, 2016
Salut ! Merci pour ton blog il est vraiment hyper intéressant et met en avant un point de vue qu’on ne voit pas assez je trouve. Vu que tu parles de ta vie en tant que française au Japon, j’aurais quelques questions (pardon si elles sont trop indiscrètes) :
-Tu dis que tes proches t’ont fait comprendre à un moment que tu ne pouvais plus faire certaines erreurs d’intégration que font les étrangers au Japon. À quelles erreurs fais-tu allusion?
-Je crois que c’était sur un autre article, mais il me semble avoir lu que tu étais arrivée au Japon avec seulement des bases en japonais. Quel niveau avais-tu en arrivant et au bout de combien de temps as-tu pu te considérer comme « bilingue » ? (Le mot est peut-être mal choisi mais tu comprends l’idée).
Merci et bonne continuation !
Judith Cotelle
mars 30, 2016
Merci pour le commentaire et les compliments !
Ca remonte alors c’est dur de me rappeler précisément des détails, mais en gros ils me trouvaient un peu passive, trouvaient que je me considérais encore trop comme une invitée de passage et souhaitais que je prenne plus d’initiatives dans mes relations avec les autres, que je fasse plus attention à ce qui se passe autour, aux sous-entendus et non-dits, à l’emploi correct de la politesse et aux gaffes que je pouvais faire parfois. Ils commençaient également à me reprendre plus souvent sur mes erreurs en Japonais, sur l’intonation notamment.
En ce qui concerne la langue, je suis arrivée avec un niveau proche de zéro (j’avais juste appris quelques bases et vocabulaire grâce à des podcasts et des petits bouquins. Mais je ne savais absolument pas lire. Je n’ai toujours pas à l’heure qu’il est un niveau bilingue, et j’ai sûrement du retard par rapport à des gens qui ont pris de vrais cours de manière encadrée, mais je dirais que j’ai commencé à me sentir vraiment à l’aise au bout de 3/4 ans. C’est la frustration de ne pas toujours pouvoir expliquer clairement mes arguments dans les conversations ou débats qui m’a poussé à apprendre toujours plus de vocabulaire, d’expressions et de formulations mais un peu au détriment de l’apprentissage des kanjis.