Le contexte de ce voyage : 3 jours à Singapour pour rendre visite à Mr A, le fournisseur d’huiles essentielles d’Oliver Rich, une marque dont nous gérons l’identité visuelle et le packaging chez Nininbaori.
Notre équipe de choc : Mon patron, sa femme (qui travaille à temps partiel chez Oliver Rich) et Mr T, le jeune directeur d’Oliver Rich, qui vend ces huiles essentielles au Japon.
Je sais pas pourquoi, mais partir dans un pays où on n’avait jamais eu l’intention d’aller donne un petit côté exotique, aventure, genre « Demain, vous embarquez sur le premier vol pour Caracas. »
(Les photos sont dégueulasses, je m’en excuse d’avance. On était en groupe, on marchait vite, pas le temps de s’appliquer, de vérifier si la photo est réussie, ni de la refaire de toute façon)
Mes impressions
Alors Singapour, c’est de loin le pays le plus étrange que j’aie pu visiter jusqu’à présent. J’ai eu un peu la sensation d’arriver dans la station de transit pour extraterrestres de Men In Black.
On se sent vraiment en Asie, comme si l’Asie était soudain devenu un pays et non plus un continent (cette Asie globale qu’on nous vend dans les rayons « cuisine asiatique » chez Carrefour, ou sur les menus des restos « ethnic food ») sans vraiment savoir où en Asie.
On a l’impression de ne pas savoir où on est, on perd la notion de l’espace et du temps, on n’a plus aucun point de repère.
Je n’avais pas du tout eu cette sensation les premières fois que je suis allée au Japon, en Corée, en Chine ou au Vietnam.
À Singapour, dans la même rue, on peut entendre un air de musique chinoise guillerette, faire 10 mètres et passer devant une mosquée d’où s’échappent des chants coraniques, et se retrouver 2 pas plus loin devant une église de « True Jesus » ou « Lady of Lourdes » (certaines églises ressemblent presque à des Love Hotels japonais), puis traverser le passage piéton et atterrir devant une pagode hindoue, avec de la pop bollywoodienne en musique de fond.
Je ne sais pas si Singapour a sa catch phrase officielle, comme « terre de contraste » (déjà prise par une bonne dizaine de destinations, tapez cette phrase dans Google juste pour voir), « entre tradition et modernité » (déjà pris par le Japon), mais moi je décrirais ce pays comme le pays de l’inuniformité (bien que ce mot n’existe pas), dans sa population, son architecture, sa cuisine, sa multi-culture, les langues qui y sont parlées, les religions qui y sont pratiquées.
On croise toutes les couleurs de peau, une variété incroyable d’habits traditionnels de différents pays d’Asie, de tenues ou coiffes religieuses : hommes en barbe et djellaba, femmes en saris colorés, hommes en turban sikh, femmes voilées avec différentes sortes de pashminas, tchadors, hijabs, hommes coiffés de fez, de calotte musulmane ou de kippa, habillés de kesas rouges et dorées, etc, etc (et ce, même sur le lieu de travail, que ce soit dans un bar, chez H&M ou à l’aéroport) mais aussi de jeunes occidentales en tenues super sexy pour sortir le soir.
On peut passer d’un quartier ultra moderne et bling-bling comme Marina Bay et les quartiers alentours à des zones super populaires et plus obscures comme Geylang.
On entend parler des tas de langues sans toujours savoir les identifier. Tout est généralement écrit au moins en Anglais, Mandarin, Tamoul et Malais. Je pensais d’ailleurs que les gens parlaient en anglais dans la vie de tous les jours, mais entre eux beaucoup parlent d’autres langues et dialectes. J’ai eut parfois un peu de peine à comprendre le Singlish.
Mes impressions du pays doivent sembler super naïves (même peut-être erronées et sans aucun doute très subjectives) à ceux qui habitent ou connaissent bien Singapour, comme le sont en général pour moi, celles des gens qui découvrent le Japon.
Pour être honnête, avant d’y aller, je n’avais que très peu d’images de ce pays en tête, même le Merlion qui vient immédiatement à l’esprit des Japonais quand on évoque Singapour, ne me parlait pas du tout jusqu’à il y a peu. Malgré tout, ce que j’ai vu était assez différent de ce à quoi je m’attendais, j’imaginais un pays aseptisé et artificiel, super policé…
Le séjour
Bon, on ne pouvait pas se permettre de consacrer un budget faramineux à ce « working-holiday trip », on a donc voyagé en low cost avec Jet Star (5h30 de vol de Fukuoka à Bangkok et 2h30 de Bangkok à Singapour) et on a réservé dans un hôtel un peu cheap dans le quartier de Geylang (en fait on confié ce boulot à une agence de voyage).
Geylang
Quand Mr A, le businessman singapourien à qui l’on rendait visite, a appris qu’on logeait à Geylang, ils nous a littéralement pris pour des fous et nous a conseillé d’annuler sur le champ nos réservations.
Oui, c’est le Red Light District de Singapour, ou dit plus crûment, le quartier des putes où l’on s’attend à tout moment à croiser Bernard de La Villardière marchant à reculons. Mais nous, on a plutôt bien aimé ce quartier. Comme dira plus tard mon patron (en japonais) : « Nous n’avons pas les mêmes valeurs ». Puis ça va, les prostituées ne vont pas nous sauter dessus non plus.
Sur le trajet jusqu’à l’hôtel, Mr A n’arrêtait pas de pointer du doigt des maisons avec de gros numéros inscrits dessus « Regardez, tout ça c’est des bordels avec des filles de tous les pays, de Chine, de Macao, de Thaïlande, de Russie, .. vous auriez du prendre des chambres au Marina Bay Sands ! ou loger chez moi, y a la piscine, le sauna, des cours de tennis ! » (nous n’avons pas les mêmes moyens).
Nos moyens étant comme je viens de vous le dire limités, nous n’avons réservé que 2 chambres pour 4.
J’ai donc partagé ma chambre, et même mon lit (!) avec la femme de mon patron (on avait bien réservé des twins mais on s’est retrouvé avec des doubles) et mon patron, son lit avec Mr T.
Ça peut vous paraître hallucinant, mais c’est assez courant au Japon. Les Japonais sont beaucoup plus habitués à la promiscuité, dormant parfois avec leurs enfants dans le même lit jusqu’à un âge très tardif ou dans des appartements exigus.
Je l’ai découvert au moment d’arriver à l’hôtel (« ha ? qu’est-ce que tu fais ? tu viens visiter ma chambre ? »), mais étant au courant de ce genre de pratique je n’ai pas été trop surprise.
Lorsque l’idée de partager une chambre avec une collègue lors d’un voyage d’affaire à Paris m’avait été suggérée il y a 3 ou 4 ans, j’avais dit niet, mais c’était un voyage bien plus long, avec de grosses journées de travail et je n’avais pas particulièrement d’affinité avec mes collègues donc ça m’aurait vraiment frustrée de ne pas avoir un peu d’intimité le soir. Et puis non, à cette époque je ne savais pas encore qu’il était normal de partager une chambre d’hôtel avec un collègue de boulot, donc ça m’avait paru totalement incongru.
Là, on n’a passé que 2 nuits à l’hôtel, et vraiment juste pour prendre une douche et dormir quelques heures.
Notre première soirée
Après un rapide check-in, Mr A nous a annoncé qu’il nous emmenait manger. Chouette ! on était mort de faim. On s’était levé à 5h30, donné rendez-vous à 7h à la gare d’Hiroshima, pour prendre un shinkansen jusqu’à Fukuoka, pris le métro jusqu’à l’aéroport où on avait failli loupé le vol (sur lequel aucun repas n’est proposé), couru pour la correspondance à Bangkok (l’avion ayant eu trois quarts d’heure de retard, sur les 1h de transit prévues) et on était finalement arrivé à 18h30 heure locale (19h30 au Japon) le ventre quasiment vide.
Sur le trajet, on commentait avec émerveillement les rues super animées et chatoyantes de la ville, et attendions avec impatience de trinquer avec notre première bière.
Nous sommes finalement arrivés sur Marina Bay, le quartier carte postale plein de gratte-ciels étincelants, magnifique la nuit, où on s’était promis d’aller au moins une fois pour faire un tour à la mythique piscine du Marina Bay Sands. Nous commencions à nous imaginer le resto de luxe sur le rooftop mais Mr A nous a emmené au sous-sol de l’immense centre commercial, dans son lieu de prédilection, un casino enfumé où il dépense régulièrement des sommes astronomiques. Puis nous avons atterri au Fatt Choi Express, un resto de steamboat chinois genre Flunch, où on ne sert pas d’alcool… On s’est régalé, mais ce n’est pas exactement le type de soirée qu’on s’attendait à passer le premier soir de notre arrivée.
On prend son plateau, on choisi d’abord ses légumes (j’ai pris de l’épinard chinois, du chou et du tofu), ses viandes ou poissons (j’ai pris des boulettes de porc (qui avaient l’air d’être en plastic, le seul truc pas bon de mon plateau) et des tranches de poisson), ses nouilles (nouilles jaunes pour moi) et son bouillon (j’ai choisi un Tom Yum – ultra épicé), ensuite on peut choisir tout un tas de condiments, sauces, herbes (j’ai opté pour le green onion chinois (vraiment délicieux !) et de la sauce XO).
Et on fait cuire tout ça dans son propre petit hot pot.
On a fini par perdre Mr A dans le casino, et commencé à élaborer des plans pour se sortir de ce lieu qui nous foutait le bourdon. Quand on l’a finalement retrouvé (enfin, on l’a appelé, notre conscience nous empêchant de partir comme des voleurs même si c’était pas l’envie qui manquait), et annoncé qu’on se dirigeait vers Club Street pour aller boire un verre, il nous a regardé comme des extraterrestres : « A Club Street ?? Mais pourquoi ?? Vous pouvez boire des coups au rez-de-chaussée du centre commercial ! »
Oui, mais non..
Club Street
Le quartier de Club Street, c’est ce qui nous a semblé être le quartier des expats et des touristes étrangers : une très longue rue pleine de bars et restos chics parfaits pour des hipsters et d’une foule de fêtards qui boivent parfois à même la rue avec un mini-bar improvisé sur le trottoir.
On devait y rejoindre le pote d’un pote pour l’open-party d’un bar à rhum mais mes collègues ont préféré s’installer à une terrasse un peu plus relax. On s’est donc posé au bar Scoop sur Ann Siang Road pour trinquer notre première bière à 14$ (9,20€) vers 23h30 et par une chaleur de 28°. Si manger ne coûte généralement presque rien, l’alcool est dans cet ordre de prix dans pas mal d’endroits. Mais là, sérieux, on s’en foutait !
Mr T, c’est aussi Mister-2ème-remarque-sournoise-qui-tue-et-baaaam! :
Elles sont bonnes les filles dans ce quartier ! …
mais elles ont de ces gros poteaux !.. et baam !
Il était vraiment super cool le serveur ! …
mais il a l’air vraiment superficiel comme mec… et baam !
C’est aussi le mec qui finalement se plaint beaucoup mais avec humour, sans être chiant. Il ne se plaint pas sur le moment, mais après coup « En fait, c’est dégueulasse ces putains de noodles, vivement qu’on rentre au Japon pour manger des vraies nouilles ».
C’est aussi le mec qui sait redonner de l’entrain quand tout le monde commence à flancher et être indécis :
– ha bon, c’est 92000 euros la bière en bouteille mais blablabla, qu’est-ce qu’on fait ? blablabla..
– (coup de poing ferme sur la table) Allez, 4 Tigers s’il vous plaît ! et vous nous mettrez des frites avec ça !
Ou qui après avoir passé 40 minutes complètement amorphe, va se mettre à faire des pas de danse comme si un DJ imaginaire venait de lancer « on va s’aimer » de Gilbert Montagné.
C’est aussi celui qui vous donne en douce un petit morceau de fruit sec à l’aéroport de Bangkok : « Mmh ? c’est quoi ?… du durian !! putain le con ! » avec ce goût infâme qui te reste des heures dans la bouche et qu’il faut couvrir avec 3 paquets de chips.
Bref, le clown de service, un bon compagnon de voyage même si pour lui, ça va de soi, tout ce qui n’est pas japonais est forcément pourri, attitude qui m’agace profondément.
On a ensuite voulu faire un tour dans Chinatown qui ne se trouvait pas loin (je dis pas loin, mais en fait Club Street et Ann Siang Road font parti de Chinatown), mais malheureusement, tout était déjà fermé.
Geylang by night
On s’est donc replié sur notre quartier : Geylang.
Geylang, comme sans doute plein d’autres quartiers à Singapour, vit jour et nuit non-stop. La plupart des stands de nourriture affichent « ouvert 24/24 », ça grouille de monde (principalement des hommes), qui mangent, boivent ou font les magasins à tout heure de la nuit. On croise beaucoup moins de touristes qu’à Club Street.
Les Japonais sont célèbres pour s’assoupir dans les transports en commun, mais à Geylang j’ai vu un nombre incroyable de gens dormir comme des loirs sur les tables des terrasses.
Après quelques tergiversations, on a fini par s’installer à la terrasse d’un hawker (terrasse avec stands de nourriture)
Comme dans la plupart des endroits en dehors des lieux touristiques ou trendy, le service est aussi aimable qu’une porte de prison dans un film polonais des années 30, on te montre que tu fais chier et que t’as plutôt intérêt à te grouiller pour passer ta commande. En comparaison, le plus blasé des garçons de café parisien passerait pour un joyeux luron, un G.O de Club Med (et j’ai pas l’impression que cet accueil soit seulement réservé aux étrangers). J’avais noté la même chose au Vietnam, qui ne se trouve pas si loin.
Même dans un endroit d’apparence cheap comme celui-ci, les prix ne sont guère moins élevés qu’ailleurs. Bon, là, la grosse bouteille de Carlson était à 7$ (4,60€), donc en fait si, c’était super cheap mais mes collègues avaient d’abord compris 40$ au lieu de 14 pour les 2 bouteilles et ce premier prix ne leur est plus jamais sorti de la tête, si bien que moi aussi il m’a fallu un moment pour réaliser que non, ça coûtait que dalle. Les plats étaient entre 3,50 et 4,50$ (2,50 à 3€).
On a jamais compris pourquoi les gens aux autres tables commandaient les bouteilles de bières par dizaines malgré la chaleur au lieu de les commander au fur et à mesure… Une ristourne peut-être ? ou bien il l’a préfèrent tiède ?
On a aussi commandé de quoi grignoter.
Puis on est rentré s’écrouler à l’hôtel.
2ème journée, rendez-vous avec Mr A et petit dèj’ à Woodlands
Le lendemain matin, Mr A est venu nous récupérer à l’hôtel comme prévu à 9h00. Il ne s’était pas encore couché. Il avait passé la nuit au casino.
Pour commencer, il nous a emmené prendre le petit dèj’ dans un Food Center de son quartier : Woodlands au Nord de Singapour.
Il y a un choix tellement incroyable de stands (cuisine hainanèse, singapourienne, malaisienne, végétarienne, Chicken rice, Hokkien Mee, Fish Ball Soup,..) et autant de noms qui ne nous étaient pas familiers du tout, que Mr A est finalement allé commander pour nous tous.
Soupe Curry Laska (cuisine Perakanan) : soupe à base de lait de coco, curry, tofu frit, nouilles, coques et pâte de pimant sambal.
Me rappelle plus du nom de tous les plats et je ne les ai pas tous pris en photo, mais c’était délicieux. En tous cas maintenant que je les revois. L’un de nous 4 a tellement passé son temps à dire que tout était dégueulasse comparé à la « vraie » bouffe japonaise que sur le coup j’ai fini par rester un peu sur cette impression, ou celle qu’on avait loupé les vrais bons endroits. En tous cas, c’est sûr qu’y a plein de choses qu’on a pas eu le temps de goûter : le chicken rice, le fish head curry (qui me faisait tant envie), le chili crab, la cuisine thaï, la cuisine nyonya et la cuisine arabe entre autres.
Après ce copieux petit dèj, nous sommes allés dans les bureaux de Mr A, longeant des routes aux abords d’une nature luxuriante. Singapour c’est super vert, des plantes et des arbres partout, plantés par le gouvernement.
Pendant le rendez-vous, Mr T a eut droit à un petit remontage de bretelles, ayant commis récemment un business faux-pas que Mr A lui a pardonné pour son jeune âge.
« Haha, Mr T, il est un peu espagnol sur les bords ! » (sympa pour les espagnols..), se vengeant tout de même plus tard en nous proposant de nous déposer au zoo de Singapour (le plus beau / grand du monde apparemment) en précisant à Mr T qu’il l’emmenait rendre visite à ses petits frères et petites sœurs (les singes)…
Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais à l’étranger pour du business avec des Japonais, et à chaque fois, les Japonais m’ont donné l’impression de se comporter comme des enfants, de se montrer exagérément impressionnés (peut-être le complexe dû au manque de maîtrise de l’Anglais ?), face aux businessmen étrangers, ou alors ce sont ces businessmen étrangers qui les traitent comme des enfants ? je ne sais pas.. A New-York c’était encore bien plus flagrant. Mr A a dû d’ailleurs à un moment les rappeler à l’ordre : « hé ! c’est votre business les gars, je suis pas votre papa non plus, hein ».
Vous vous demandez peut-être au fait quel était mon rôle dans l’histoire ? interprète (tant bien que mal) anglais-japonais. Mr T a des compétences assez limitées en anglais mais comme il n’est pas timide, il arrive assez bien à communiquer (même s’il a besoin des particules « ha » et des « ga » pour structurer sa phrase). La femme de mon patron se débrouille plutôt bien aussi, mais elle n’a pas beaucoup eu l’occasion d’intervenir.
Pendant le séjour, mes collègues me posaient plein de questions, comme si en tant qu’étrangère, je devais forcément avoir réponse à tout sur n’importe quel pays de l’Étrangisthan.. sauf que moi aussi, c’était la première fois que je mettais les pieds à Singapour, donc je n’en savais pas plus qu’eux.
Le zoo de Singapour, vite fait…
« Bon, je vous dépose au zoo et je vous récupère ce soir à 18h pour vous emmener manger ! »
Sachant qu’on avait un peu foiré notre première soirée et qu’on n’avait toujours pas visité les rues de Singapour, que le zoo (même si c’est le plus beau du monde) ça ne m’intéresse pas plus que ça (j’en ai visité quand j’étais petite et ça me paraît amplement suffisant), qu’il y avait plein de choses que j’avais envie de visiter, et que la fête avec Mr A, c’est un peu champomi et centre commercial, j’ai eut un petit coup de déprime (comme mes 3 collègues visiblement) à l’annonce de ce programme. Chacun s’est mis à transpirer à grosses gouttes en son for intérieur (bon, on suait aussi comme des cochons, comme n’importe qui par 32° et 90% de taux d’humidité) : « nooon, je veux paaaas, je veux pas retourner dans un Flunch de centre commercial ce soir ! »
Cependant, lorsqu’à 13h30 il nous a déposé au zoo, et avant qu’on descende de la voiture, j’ai eu la présence d’esprit de consulter les autres et de préciser à Mr A qu’à 18h on ne serait peut-être plus au zoo « OK, appelez-moi pour me dire où vous êtes ! », ouuffff….
Personne n’osait vraiment dire ce qu’il avait envie de faire ou surtout de ne pas faire, mais le fameux don de télépathie japonaise fonctionnait à plein régime. Fallait juste qu’à un moment quelqu’un fasse le pas d’extérioriser pour qu’une décision et une action soient prises. On s’est posé au bar du zoo pour faire un petit point. La serveuse du bar ne nous parlait qu’en langue locale. On a failli se séparer en 2 groupes, mais on a finalement fait un compromis : un peu de zoo et direction le centre-ville, et on verra plus tard avec Mr A, on a encore le temps.
La femme de mon patron tenait au moins à faire l’Amazon River Quest (un safari rivière en bateau). J’en pouvais littéralement plus des plans pourris, mais le voyage m’étant entièrement payé, ça m’aurait paru vraiment ingrat de le montrer. J’ai donc essayé de le cacher au maximum même si ça devait écrit en gros sur mon front.
Comme le prochain embarquement n’était que dans une heure, nous avons visité la partie rivières du monde et le parc des pandas en attendant.
Comme il restait encore du temps on a été manger nous aussi.
On a fini par monter sur la barque-attraction de 10 minutes, avec une voix américaine plein d’entrain qui t’annonce des choses « amaaaaziiing », « regardez sur votre gauche les singes red-backed bearded saki !!!! » – on a rien vu. « regardez sur votre droite ! les empereurs Tamarin !!! » – dégun…
Bref, on n’a à peine vu un pelé et trois tondus depuis notre barque, et encore, de très loin et à moitié cachés derrière un arbre pendant 3 micro-secondes.
Marina Bay
Après cette lamentable visite, les autres voulaient absolument aller voir le Merlion. Mon Jean-Pierre Bacri intérieur commençait à trépigner et à s’approcher de son point de rupture. « Mais bordel ! cette statue tu la vois sur n’importe quelle carte postale, n’importe quelle brochure de tourisme ! qu’est-ce que t’as besoin d’aller la voir en vrai ? elle sera pareille en moins bien ! elle sera plus petite et moins belle que sur les photos !! »
Ça c’est ce que je me suis dit dans la tête.
Par souci de maintenir les relations entre nous 4, par ailleurs excellentes, j’ai suivi.
En fait, quand je voyage, les monuments, les statues, les trucs dans lesquels on ne peut pas rentrer, où tout ce qu’on peut faire est passer devant et prendre une photo, m’intéressent peu. Ce que j’aime, c’est visiter les quartier, les rues, sentir l’ambiance, les odeurs, voir comment les gens vivent (bon, pas sur un séjour aussi court, forcément), me balader sur les marchés, et même voir à quoi les supermarchés ressemblent. Bref, tout ce qu’on ne peut vivre qu’en étant sur place.
La première fois que je suis venue au Japon, j’ai passé 3 semaines à Hiroshima (et 2 jours à Tokyo), et les 2 seules choses que j’ai réellement « visitées » sont Miyajima et le pont de Kintaikyo et pourtant c’était une expérience riche et inoubliable.
On s’est ensuite dirigé vers Bugis, où on a atterri dans une sorte de centre commercial (encore !). Les autres voulaient aller manger un morceau au Food Junction (un food court), alors qu’il semblait y avoir des petites rues sympas juste à côté. J’en pouvais plus..
Et hallelujah, on a fini par se diriger vers l’un des endroits avec lesquels je les tannais depuis le début : le quartier d’Arab Street !
Arab Street
Jusqu’à présent, j’ai un peu dépeint le voyage comme super ennuyeux mais j’exagère un peu, on s’est quand même marré tout le long. En revanche, c‘est à partir de ce moment qu’on a vraiment commencé à s’amuser.
Le quartier d’Arab Street, c’est mignon comme tout, vivant, plein de petites maisons colorées, de terrasses et de boutiques. Et ce quartier a fait l’unanimité, on a tous adoré.
L’heure fatidique du rendez-vous avec Mr A commençait dangereusement à approcher et personne n’osait encore clairement dire qu’il ne voulait pas y aller (même si pour mettre à l’aise les autres, j’avais un peu utilisé, à plusieurs reprises mais subtilement, ma carte joker d’étrangère, pour dire à haute voix (mais pas trop quand même) ce que les autres pensaient tout bas).
Personne n’osait. Par mauvaise conscience, parce qu’on était en business trip et pas en vacances, pour ne paraître trop individualiste, et tout un tas d’autres raisons ; et je voyais bien que tout le monde comptait sur moi pour faire quelque chose au moment du coup de fil qu’on devait passer à Mr A.
« Dis-lui qu’on repousse un peu le rendez-vous, qu’on veut encore visiter des choses ! ».
Un groupe de Français ne se seraient certainement pas posé toutes ces questions et n’y serait pas allé par 4 chemins « C’est bon, il soûle l’autre avec ses plans moisis, on laisse tomber on y va pas ! »
Comme il avait fait une nuit blanche et dormi seulement 2h la nuit d’avant, il était encore dans le pâté, limite ne se souvenant plus pourquoi on l’appelait. Je lui ai dit qu’on le rappellerait (éventuellement) plus tard, mais je me doutais qu’il envisageait plutôt cette sortie comme une obligation envers nous.
Pour être sûre que mes collègues ne se sentent pas coupables, j’ai bien insisté sur le fait qu’il n’avait pas du tout l’air dans l’optique de sortir ce soir et qu’on risquait plus de l’embêter qu’autre chose – soulagement pour tout le monde.
C’est pas qu’on n’apprécie pas sa compagnie, mais sa conception des sorties nous est un peu étrangère.
Du coup, on s’est directement posé à une terrasse pour siroter quelques bières et manger encore un peu : du tzatziki avec du pain pita (les autres n’en avaient jamais goûté et ils ont adoré), des frites, des boulettes de seiche.
Bref, on pouvait enfin commencer à s’amuser. Enfin moi oui, eux avaient encore un souci à régler :
LES OMIYAGE !!!! leur obsession pendant tout le séjour. Ces fameux souvenirs qu’on doit obligatoirement ramener de tout voyage. Pas des choses locales qu’on trouve sympa et qui pourrait plaire à un tel ou un tel, non il leur fallait des biscuits ou des chocolats en forme de Merlion ! Le genre de souvenirs qu’ils se torturent à trouver et qui finit sur le bureau de ceux qui les reçoivent, à côté des autres boîtes d’omiyage, sans être touchés pendant des semaines.
Voilà, en gros, les omiyage, ça occupe tout un voyage, ça ne fait ni plaisir à ceux qui les achètent, ni à ceux qui se les font offrir, mais on ne peut pas y couper, c’est comme ça.
Ça été la même histoire à chaque business trip que j’ai fait avec des Japonais, et également l’année dernière, quand j’ai ramené une copine en France avec moi (à la différence qu’elle, cherchait de vrais cadeaux individualisés pour ces amis, ce qui n’empêche pas que c’était son obsession principale).
Haji Lane, c’est une petite rue pleine de bars, de boutiques de vêtements, de fixie ou de déco, de coiffeurs, etc..
Après ça, on s’est dirigé vers un autre quartier qui faisait partie de mes priorités de visite, un endroit où je voulais aussi manger (c’est pourquoi je me suis abstenue à Bugis – je sais pas si vous avez déjà compté tout ce qu’on a mangé depuis le matin ce jour-là, c’est effrayant).
Little India
C’est beaucoup plus authentique que le quartier arabe dans le sens où il n’y a que des Indiens, et quasi aucun touriste (on n’en a pas croisé en tous cas ce soir-là). Ça grouille de monde, enfin.. d’hommes. C’est là que Patrick Juvet aurait pu se rendre vraiment utile à se demander où sont les femmes, avec leurs gestes pleins de charme (ouch.. j’avais toujours cru entendre « leurs justaucorps de charme », on en apprend tous les jours)
Il y a des moulons d’hommes de partout, on sait pas ce qu’ils sont venus faire, mais ils sont là. Certains font leurs courses mais les autres on ne sait pas, ils ne boivent pas, ils ne fument pas, ils sont en groupe comme ça, debout, à discuter ou même à se disputer, certains marchent 2 par 2 main dans la main. Un mystère pour moi. (Mon boss a suggéré que c’était peut-être leurs femmes qui les viraient de la maison le soir). On est passé devant un parc, ils étaient une bonne centaine, par petits groupes..
La femme de mon boss a voulu s’arrêter à ce stand pour acheter un collier de fleurs.. enfin ce qu’on pensait être des colliers de fleurs…
On aurait tellement aimé visiter ce temple, mais malheureusement, il fermait juste au moment où on a voulu y entrer. Du coup on est parti en quête du restau Muthus Curry (un restau ouvert en 1969). Dans ce quartier, on trouve toutes les spécialités de l’Inde et de chacune de ses régions : Nord, Sud, Côte, Penjab, cuisine Tandoor, végétarienne, etc..
Là encore, on a été reçu comme du poisson pourri, mais l’énorme faux-pas commis par la femme de mon patron y était peut-être pour quelque chose.. Elle s’était mis autour du coup le joli collier de fleurs acheté quelques minutes avant sur le stand, et apparemment tout le staff l’a regardée avec un air horrifié (j’ai pas assisté à la scène, j’étais aux toilettes). Ces colliers de fleurs sont en fait des offrandes pour les dieux…
Le curry était juste à tomber par terre, vraiment… Le black daal (lentilles) et Pallaak Daal (épinard, lentilles) nous ont moins plus. Le papadum et le tikka étaient aussi excellents. Les Japonais ont été étonnés de la petite taille des naans, qui sont servis énormes au Japon, mais ça fait une éternité que je n’ai pas mangé dans un restau indien en France donc je ne sais pas comment ils sont servis chez nous. Ils étaient petits, certes, mais on en avait une pile, donc une quantité largement suffisante.
Pas d’assiette, on mange sur une feuille (de bananier je pense ? pas sûre) sur laquelle sont déposés des accompagnements (choux en jaune, et aubergine en rouge). On était les seuls à manger avec des couverts, les clients indiens mangeant avec la main.
(Alors, j’ai déjà essayé de manger à la main, avec la grand-mère sénégalaise de mes cousins et cousines, et franchement, je pense que c’est aussi difficile, voire plus, quand on on maîtrise pas la technique que pour quelqu’un qui essaie de manger avec des baguettes pour la 1ère fois, donc aucun de nous n’a pris le risque de se ridiculiser).
Après ça, et une journée déjà très longue, la dernière chose que l’on voulait faire à tout prix, c’était se faire un bar super classe sur un rooftop. C’est mon boss qui avait proposé ça dans l’après-m, il en avait repéré un situé sur le toit de Marina Bay Sands.
On marchait jusqu’à la prochaine station de taxi, qui se trouvait aux abords de la station de métro de Little India, quand tout à coup on s’est dit :
« Soyons fous ! et si on prenait le métro ?! »
Le métro de Singapour
Le métro de Singapour est super propre, safe, facile d’utilisation, un vrai bonheur ! Un enfant de 5 ans cul-de-jatte et aveugle s’y déplacerait sans le moindre souci ! En fait, il fonctionne comme celui de Shanghai : on va à la borne informatisée, on clique sur la carte, on clique sur sa station d’arrivée et le prix s’affiche. On reçoit une carte qu’on peut ensuite recharger. Toutes les indications sont super claires, c’est impossible de se tromper ou de partir dans la mauvaise direction.
Toutes les stations et correspondances sont bien indiquées de chaque côté du quai donc pas besoin de retenir le nom du terminus pour savoir dans quelle rame monter.
Juste derrière nous, se trouvait un groupe de 3 dames japonaises « d’un-certain-âge » en vadrouille, en train de se demander ce qu’elles n’avaient pas encore goûté à Singapour « Ha oui ! le chili crab ! ». Mr T commençait à hésiter à aller taper la conversation et se faisait une simulation en mode Julio Iglesias :
« Bonsooir.. alors comme ça, vous aussi vous aimez le riz ? »
(je déteste les guides touristiques Japonais. Bon il nous a servi quand même ceci-dit, faute de mieux).
On s’est senti comme pousser des ailes après ce premier trajet en métro, on s’est dit « whaou ! maintenant on peut aller où on veut, quand on veut, pour à peine quelques dollars, ça y est on maîtrise ! »
Rooftop bar, Ku Dé Ta
On a traversé le centre commercial avant de trouver l’ascenseur qui mène au 57e étage du bâtiment (en 45 secondes).
Et on est allé boire des cocktails hors de prix (enfin pas plus chers qu’au Park Hyatt de Shinjuku, et finalement pas grand chose par rapport à une bière dans un bar de Singapour, surtout vu le cadre, 24$ pour tout vous dire, et sans charge d’entrée contrairement au Park Hyatt) au bar Ku Dé Ta.
Le staff était accueillant, la clientèle ne se la pétait pas. La djette passait de la house très classe du début des années 2000 (soul, jazz, percu) qui a pu lassé à une époque, mais là ça convenait parfaitement. C’était une excellente DJ d’ailleurs, mais en même temps j’imagine que dans ce genre de lieu ils ne vont pas recruter le petit cousin de Jo le Dj du dimanche. Elle a aussi passé quelques classiques et fini sur Lucky Star de Madonna.
Et ensuite un Royal Smile (Apple brandy, dry gin, citron et grenade). En fait, les cocktails sont quand même un peu moins sophistiqués qu’au Park Hyatt, et au Park Hyatt on a avait un concert de jazz avec une chanteuse sublime au lieu d’un dj.
Bref, tout ça est super cliché, mais c’est ça qui est bon !
Après on est retourné s’écrouler pour la 2ème nuit dans notre hôtel. Le taxi a dû être un peu surpris de notre trajet Marina Bay Sands – Geylang Lorong 10…
Alors qu’il nous récupérait sur un parking plein de Ferrari.
3ème et dernière journée, Sentosa Island
On s’est donné rendez-vous le matin à 10h et on avait vaguement parlé de faire une plage la veille. Quand on se rejoint, je leur demande ce qu’ils ont finalement prévu, Mr T m’annonce
– Un Mac Do ! (j’ai remarqué qu’une question existentielle turlupinait souvent les Japonais à l’étranger, est-ce que les portions au Mac Do sont plus grandes qu’au Japon ?)
– (moi) Un Mac Do ?? Pourquoi ?
– Ben pourquoi pas ? t’as quelque chose contre le Mac Do ?
– je sais pas, on a fait toute cette route jusqu’à Singapour, le Mac Do on peut en manger à Hiroshima quand on veut..
– Ouai mais là j’ai envie d’un vrai café et de vrai pain, et après on va à Sentosa Island
OK, je voulais pas faire ma chiante intégriste du voyage qui veut faire que des trucs authentiques et blabla alors go pour le Mc Do, puis c’était juste pour le petit déj’ de toute façon.
Les serveuses, plutôt des vieilles femmes, étaient incroyablement bienveillantes et souriantes, ce qui contrastait pas mal avec une bonne partie des endroits où on a avait été mangé jusqu’à présent. Même au Japon, le staff du Mac Do n’est pas aussi accueillant (bien qu’il le soit déjà 10 fois plus qu’en France – au cas où j’ai déjà travaillé dans un Mac Do moi-même, le plus grand de Lyon, celui de La Part Dieu, alors je sais quel enfer c’est d’y bosser).
Puis on a pris le métro, direction l’île de Sentosa, pour une journée relax plage, cocktails et palmiers.
On peut traverser jusqu’à l’île à pied par un pont, et c’est ce qu’on a fait (on peut aussi traverser en train).
Sentosa, c’est une île ultra touristique, avec des tas de restaus, d’hôtels, de resorts et de d’attractions (comme Universal Studio), mais nous nous sommes directement dirigés vers les plages, et comme dernière journée, personnellement, ça me convenait parfaitement. Partout, on pouvait entendre du zouk. Ca m’a étonné que même au fin fond de l’Asie, « île » soit associé avec « musique des Antilles ». C’est parti d’où cette histoire ? Des îles avec des plages y en a partout sur terre ! (en même temps on a bien entendu la Lambada dans un taxi, alors pourquoi pas).
On avait pas atterri directement sur la meilleure plage, mais pas de souci, un mini-bus circule gratuitement. Du coup, on en a quand même profité pour se faire une glace à la noix de coco, servie dans une coque de noix de coco avec de la cacahuète pilée, et un verre de Coconut Water.
Puis on s’est dirigé vers Siloso Beach où d’après mon boss il y avait un bar sur la plage (il sait flairer ce genre de choses).
Mr T et moi avons été faire quelques brasses dans l’eau bleu turquoise à parfaite température. (Je dis Mr par commodité, mais on l’appelle tous T…-kun en réalité, il a 8 ans de moins que moi quand même..)
Tempête à Siloso Beach
Et puis une pluie équatorienne (oui, Singapour se situe à 1° au Nord de l’Équateur) s’est abattue sur nous.
Les serveurs nous ont demandé de nous replier vers l’intérieur de la terrasse, et ils ont installé des rideaux pour protéger tout le monde de la pluie.
Puis petit à petit ça c’est transformé en pluie torrentielle, bruyante et violente.
Ce qui ne nous a pas empêché de continuer à boire et à manger.
Puis ça c’est calmé un peu…
On a profité de cette petite accalmie pour reprendre le mini-bus, le Sentosa express et le métro direction Geylang.
Dernier repas, Sin Huat Seafood Restaurant
Comme nos valises étaient encore à l’hôtel et que Mr A devait nous y récupérer pour nous emmener à l’aéroport le soir, on s’est dit que manger dans le quartier serait le plus simple. Dans une petite liste de restos grappillée par-ci par-là sur internet avant de partir, j’en avais un qui se trouvait justement à Geylang : le Sin Huat Seafood Restaurant.
C’est donc là qu’on a été. Sur la route, mon boss a trouvé le blog d’un Japonais qui en ventait les mérites.
Comme l’endroit était conseillé de partout, je m’attendais à un lieu moderne et d’apparence touristique (y a même une application iPhone !), mais rien de tout ça. On s’est même demandé si on s’était pas trompé en arrivant. Le lieu ne paie pas de mine, ça fait crado, seul le chef, pas du tout accueillant, baragouine quelques mots d’anglais et le nom des plats en Japonais.
On s’est tout de même installé. Le chef est venu nous demandé ce qu’on commandait et a commencé à nous récité quelques plats. Mon patron lui a demandé les prix, exorbitants (enfin pas ceux auxquels on s’attendait dans un lieu pareil), puis on lui a demandé s’il avait un menu :
– Non
On était un peu partagé entre l’impression de se faire arnaquer ou de ne pas avoir compris quelque chose, mais mon boss était d’humeur à ce qu’on se fasse plaisir le dernier soir, on a donc commandé sans compter (enfin un petit peu mais pas trop..) :
– des saint Jacques
– des légumes
– et ce qui est apparemment le plat signature : du crabe bifun (à 75$)
En vérifiant sur internet, apparemment, c’est en fait vraiment un resto de renom :
www.hungrygowhere.com/singapore/sin_huat_seafood_restaurant/
Et pour être honnête, c’est un des meilleurs endroits où l’on ait mangé. On n’a plus revu le chef après la commande, ensuite c’est une vieille dame en pleine forme qui s’est occupé de nous et qui ne nous parlait qu’en chinois, mais bon, elle était sympa, elle nous prenait en main. On devinait ce qu’elle voulait nous dire.
« Allez, poussez-moi tous ces plats, je vous apporte les légumes ! là ! ta bière tu la mets là, comme ça gène pas et tu manges des St Jacques avec cette cuillère, comme ça, voilà ! »
On était toujours en train de se régaler quand on a réalisé qu’il était l’heure d’y aller. On a laissé une patte de crabe et la vieille dame s’est pris un fou rire à s’en étouffer en voyant qu’on avait laissé une patte. Elle nous l’a montré plusieurs fois en rigolant comme si c’était impensable de partir en laissant une patte de crabe, ce qui est sûrement le cas, mais on devait vraiment sauter dans le 1er taxi.
Pendant que mon boss signait son reçu de carte bancaire, une jeune serveuse s’est amusée à lire les kanjis de son nom en chinois : ce qui sonnait approximativement comme wo-shin-chon-sha-a. (J’ai passé la fin du voyage à l’appeler comme ça).
Voilà, dans l’ensemble c’était sympa mais je suis un peu repartie avec l’impression d’avoir loupé trop de choses, ou de tout avoir fait trop vite. Je suis également repartie de la plage sans me doucher, enfilant juste quelques vêtements par dessus mon maillot de bain et suis restée comme ça presque 24h jusqu’à mon retour à Hiroshima ! (par 5°, sous une pluie battante mais pas du tout équatoriale).
On s’est tous super bien entendu, pas une seule dispute, on a chacun fait quelques compromis mais on a aussi tous pu faire les choses qui nous tenaient à cœur. Un voyage réussi.
Toujours moi
mars 19, 2015
Mais t’as passé combien de temps à écrire cet article??!? T’as écrit un vrai guide touristique pour 3 jours sur place! Et puis elles sont très bien tes photos, quesse tu racontes?
Bon le truc où je voulais ramener ma fraise (total hors-sujet par rappport à l’article), c’est « (les Japonais )dormant parfoisd avec leurs enfants dans le même lit jusqu’à un âge très tardif ». C’est pas parfois, c’est tout le temps. 80% jusqu’à l’âge de 6 ans, on tombe à 30% jusqu’à l’âge de 10 ans (de mémoire, pour vérifier le Wikipedia japonais a les chiffres). Tiens d’ailleurs tu devrais faire une comparaison entre les wikipedia francais, amerlocke et japonais sur le sujet, c’est super marrant, ils racontent pas les mêmes choses.
Et sérieux, c’est le pied. C’est génial de dormir avec ses enfants (par contre ma femme je la virerais bien volontiers du lit). Je conseille fortement, si on a pu se débarrasser du lavage de cerveau occidental « ouin dormir avec ses enfants c’est pas bien et c’est DANGEREUX ». je disais complètement le contraire quand je suis arrivé au Japon, je me disais c’est MAL et NUL. Et puis j’ai changé et c’est super.
Judith Cotelle
mars 19, 2015
Ha ça fait plaisir que quelqu’un remarque ! Oui, je crois que j’ai passé une 20aine d’heures à écrire cet article ! (et je compte pas le temps de tri / retouche photo..).
J’avoue que dans le doute j’ai dû écrire « parfois » pour éviter que les 1000 personnes qui ne sont pas dans ce cas crient à la caricature, mais je me doutais qu’on était plus proche du « toujours » que du « parfois ». Je ne connaissais pas les statistiques.
J’ai pas d’avis totalement définitif sur la question de « dormir avec les enfants », j’ai lu autant d’études pour que contre il y a quelques années.
Personnellement, je n’ai pas encore d’enfants, mais je pense que j’aurais du mal, ou alors seulement les premiers mois si ça peut éviter d’avoir à se lever 50 fois la nuit. Après, je me demande si ça n’a pas un impact sur la vie du couple.. et si le taux très élevé de couples sexless au Japon n’est pas lié à cette habitude.