Hello ! Je vous présente aujourd’hui Ishigaki (石垣), capitale des îles Yaeyama. Ce sera le 1er article d’une série consacrée à Okinawa, cet archipel subtropical connu pour ses plages paradisiaques, sa faune et sa flore exotiques, son impressionnant récif corallien mais aussi son folklore bien distinct de celui du reste du Japon.
L’archipel Yaeyama (八重山) se situe à l’extrême sud-ouest, à presque 1000km de Kyushu et 2000 de Tokyo. Et c’est là que nous avons passé la majeure partie de notre voyage (6jours / 5 nuits) avec le Gracieux et nos potes de Marseille, Anaïs et Pedro.
Un départ en plein typhon
Je dois avouer que j’ai presque une petite larme de nostalgie en écrivant cet article. Un tel kiff ce séjour !
On a d’ailleurs déjà tous une seule idée en tête : y retourner et surtout y rester plus longtemps. Il y a tellement de coins à visiter sur ces 29 îles dont 10 habitées ! Pas le temps de s’ennuyer non plus : snorkeling et plongée, mangroves, trekking dans la jungle, balade en canoë sur les rivières, en charrette tirée par des buffles, montagnes, grottes, baignade sur des plages de rêves, petits villages pittoresques, etc.
On n’a cependant pas choisi la meilleure période. Septembre, c’est en effet le mois des typhons et en décollant le 14 septembre, pile quand le violent Talim remontait vers Honshu, on n’avait aucune certitude de pouvoir atterrir, même 20 min avant l’arrivée.
Notre programme a d’ailleurs été pas mal perturbé du fait d’une mer encore extrêmement agitée durant les 3, 4 jours suivant le passage du typhon.
Ishigaki-ville
Avec moins de 50,000 habitants, Ishigaki est l’île la plus peuplée de l’archipel Yaeyama et c’est là que nous avons logé. La majeur partie de l’île est couverte de champs de cannes à sucre, palmeraies, mangroves, rivière, monts et jungles, et parsemée de petits hameaux. Avec 90km de circonférence, la location de voiture est plutôt recommandée. Son centre-ville situé au sud, est peu étendu en revanche, on en fait vite le tour à pied.
On est d’ailleurs tout de suite tombé sur nos potes, sans même avoir besoin de leur donner rendez-vous. Ils arrivaient pourtant 2h avant nous par un vol d’Osaka ; le Gracieux et moi étions partis de Fukuoka.
A quoi ça ressemble ?
Comme partout au Japon, on ne se s’émerveille pas devant l’architecture ni le paysage urbain, mais les bâtiments peu élevés, aux façades blanches ou parfois peintes de couleurs vives ont du charme. Les murets de corail et les allées, bordés d’une abondante verdure faite de palmiers, plantes, fleurs et arbres fruitiers exotiques, évoquent immédiatement le sud et la mer.
Dès qu’on s’éloigne des quartiers commerçants, on ne trouve quasiment plus que des maisons individuelles, qu’on pourrait parfois presque qualifier de cabanes, souvent décorées de boules de mouillage peintes. Par-ci par-là, les personnes âgées vous saluent avec de grands sourires du fond de leur jardin. On croise des chats partout, rarement farouches.
Une toute petite mémé adorable, voyant qu’on lorgnait sur le goyavier de ses voisins nous a abordés et nous a cueilli quelques fruits. Elle nous a accompagné un moment en commentant la vie des voisins.
Je regrette vraiment de ne pas avoir pris de photos lorsqu’on se promenait dans ces coins le premier jour, persuadée qu’on y reviendrait.
Sur Ishigaki poussent aussi des goyaves, des mangues, des petites bananes, des papayes, des caramboles, de l’acérola, etc.
Bon, la ville paraît un peu déserte sur mes photos, mais on trouve bien des rues commerçantes couvertes (shōtengai 商店街), des conbini et des rues animées !
La baie de Kabira, le joyau d’Ishigaki
Hormis le centre, c’est finalement tout ce qu’on a vu de l’île d’Ishigaki. Ni eu le temps d’explorer les terres, ni de profiter des plages qui nous faisaient tant rêver. Il faut dire que notre emploi du temps était assez serré (une journée sur l’île de Taketomi-jima, une à Iriomote pour le snorkling, et deux à Okinawa Hontō) et que la baignade était malheureusement interdite la moitié du séjour.
On voulait quand même tenter de se faire une belle plage (Sunset Beach ou Yonehara) le samedi, pensant que la mer s’était calmée. Mais Anaïs et Pedro n’ayant pas pu choper de places sur les mêmes vols que nous pour Naha (oui, on s’y est pris au dernier moment comme des gros manches), et rentrant plus tard, on s’est retrouvé sans voiture au retour. Des bus circulent mais ça prend tellement de temps qu’en fin de compte on s’est payé le luxe d’un taxi, qui roulait à 40 km/h, en s’arrêtant et nous faisant la visite commentée ceci-dit.
Puisqu’on ne pouvait toujours pas se baigner et que Sunset Beach et Yonehara sont assez isolés du reste, on a décidé de se rendre à la baie de Kabira. Ça nous a permis d’admirer la plage de sable blanc et les eaux émeraude de ce paysage de carte postale, puis de rejoindre à pied le petit matsuri où l’on s’était donné rendez-vous le soir avec Anaïs et Pedro.
Je vous laisse imaginer le supplice de se retrouver sur une telle plage et par un telle chaleur sans pouvoir tremper plus que les pieds !
Le port d’Ishigaki
C’est un lieu où on passe forcément lorsqu’on séjourne à Ishigaki puisqu’il permet de rejoindre les îles voisines. L’eau y est d’une limpidité hallucinante.
Le matin, notre petit plaisir, c’était de se prendre un café et une pâtisserie « Noa » (noix, amandes, café) sur la terrasse du Blue Café en attendant Anaïs et Pedro. Notre guesthouse ne se trouvant qu’à 10 min en tongs, c’était plutôt pratique !
Notre guesthouse, Rakuten-ya (楽天屋)
Les marseillais avaient réservé dans une superbe guesthouse : Iriwa, mais quand on a réalisé que ça se trouvait au nord de l’île, à 40 min en voiture du centre, et n’ayant pas le permis, on a préféré se rabattre sur la guesthouse Rakuten-ya. Les chambres sont moins somptueuses certes, mais c’est super bien placé et finalement très agréable en dehors de l’absence totale d’isolation sonore entre les chambres. C’est une maison traditionnelle des années 30 entourée d’une verdure luxuriante.
Le proprio : un grand mec d’environ 50 ans, cheveux longs et barbe grise, est du genre plutôt relax, pas pressé, un peu bab’ quoi. Quand tu l’appelles à 14h, tu captes direct à sa voix que tu le réveilles. On a appris qu’il venait de Tokyo et s’était installé ici avec sa femme il y a 20 ans.
L’extérieur de la guesthouse
Les parties communes intérieures
Un joyeux bordel règne à l’intérieur des parties communes, et la porte d’entrée est grand ouverte jour et nuit, même quand il n’y a personne.
Notre chambre
C’était une pièce en tatamis avec futons très confortables, équipée de clim, wi-fi et frigo, plutôt spacieuse. Ce n’était pas le grand luxe, mais vu le peu de temps qu’on y passait, je m’y suis sentie super bien. Et la luminosité du matin était particulièrement agréable.
On devait payer 30,000¥ (227€) pour les 5 nuits mais le proprio nous a déduit celle qu’on passait à Naha. Au final, on en a donc eu pour 24,000.
La cuisine d’Ishigaki
Les Japonais ont coutume de dire que la cuisine d’Okinawa est médiocre mais franchement, à Ishigaki, on s’est régalé ! Porc Agū (あぐー豚), bœuf d’Ishigaki, thon, soba et végétaux de la région, mmh ! Bon, on aussi mangé pas mal de Spam (oui, oui ça), mais au final ça passe, hein.
Y a plein de choses qu’on regrette de ne pas avoir pu goûter, notamment la soupe de serpent habu ou les tempura d’adan (une sorte d’ananas local) mais ce sera pour la prochaine fois !
Les noms des plats typiques d’Okinawa (écrits en katakana) sont souvent incompréhensibles même pour les Japonais, mais rassurez-vous, Ishigaki étant très touristique, vous trouverez de nombreux menus traduits en anglais !
Les yaeyama soba
C’est un plat de nouilles au porc, une viande délicieuse dans tout l’archipel Ryūkū. Ça ressemble beaucoup au Soki Soba (ソーキそば) d’Okinawa Hontō mais les nouilles sont plus fines et la partie du porc utilisée est différente. Cependant, mieux vaut bien choisir son resto, car dans l’attrape-touriste de Taketomi-jima, le bouillon rappelait franchement celui des nouilles chinoises instantanées.
Lieu : Māsan-dō (そば処まーさん道) lien
Le raisin de mer, umi budo
L’umi budō est une algue d’Okinawa, très rafraîchissante et à la consistance proche de celle des œufs de saumon. D’après Anaïs et Pedro ça aurait même un léger goût d’oursin. Trempé dans du ponzu au shīkuwāsā (le citron vert local), c’est un régal !
Le bœuf d’Ishigaki
On a dégusté le bœuf d’Ishigaki mi-cuit, roulé avec des herbes (shiso, pousse de daikon, etc) et trempé dans une sauce acidulée. Cette viande de très haute qualité provient d’ailleurs des élevages d’Ishigaki que l’on envoie ensuite dans la préfecture de Hyogo pour produire le fameux bœuf de Kobe.
Dans cet izakaya, on a aussi testé le tofu de crabe et les gyoza avec une sauce délicieuse à l’ail et à la cacahuète. À tomber !
Lieu : Ishigaki Island Village, Ippo Ippo (石垣島 一歩一歩) lien
Divers autres plats
Le gōya champurū (ゴーヤチャンプルー) est l’un des plats des plus connus d’Okinawa. Il s’agit d’une poêlée de gōya (concombre extrêmement amer faisant partie des secrets de longévité des okinawaïens), porc, spam, pousses de soja, oignon, œuf et tofu.
Le shīkuwāsā, citron vert emblématique d’Okinawa ! On l’utilise aussi bien en cuisine que pour agrémenter les boissons alcoolisées, comme le Shīkuwāsā sour, dont on parlera plus tard.
Lieu : Setsukanchi (せつか家) lien
Lieu : Uminchu Izakaya Gen ( 海人居酒屋 源) lien
On n’a pas vraiment été conquis par le nokogirigazami, un crabe des mangroves. La chair nous a semblé avoir un goût un peu trop prononcé.
Lieu : Izakaya Konami (居酒屋 瑚南) lien
Le taco-rice
C’est sûrement à cause des plats nés de la présence américaine, comme le taco-rice, que le Japonais lambda associe souvent la cuisine d’Okinawa à la junk food. Ceci-dit, sans être d’une subtilité extraordinaire, ça passe très bien ! Il s’agit de riz blanc couvert de garniture de tacos : bœuf haché aux épices, laitue émincée, tomate, fromage et salsa.
Lieu : Beach (ビーチ) lien
En dehors de l’izakaya Konami qui nous avait été recommandé par un barman, on a trouvé tous les restaurants au hasard, en entrant là où l’ambiance nous paraissait sympa. On rêvait d’aller goûter le thon chez Hitoshi, mais sans réserver des siècles à l’avance c’est même pas la peine !
Les rafraîchissements
Alors, on ne va pas se voiler la face ni faire nos mijaurées, par « rafraîchissements » j’entends évidemment « alcool » ! Et je peux vous garantir ma p’tite dame qu’on a consommé local tout le séjour : Orion beer, shīkuwāsā sour (shōchū, eau gazeuse et shīkuwāsā pressé) et awamori (泡盛), le shōchū de l’archipel Ryukyu. Je gardais de mon premier voyage à Okinawa en 2008 un très mauvais souvenir de l’awamori, qui peut titrer jusqu’à 60° (!), mais le Yaesen (八重泉), produit à Ishigaki, a su me faire changer d’avis !
Ishigaki le soir
L’ambiance
À Ishigaki, on a l’impression que c’est les vacances en permanence, et que les locaux passent leur temps en tongs, à jouer du sanshin (le petit banjo à 3 cordes) en buvant des Orion, hilares. Le ton est déjà donné quand on atterrit, accueilli par le personnel d’aéroport en chemises à fleurs.
On prend vite le rythme, sans forcer. Dès le 2e jour, on se surprend à siffloter un de ces 3 morceaux qui passent en boucle où que l’on soit : Umi no koe, Begin : Shimanchu nu takara, Orion Bīru.
Les soirées
On s’est vraiment marré, même si on rentrait généralement avant 2h en prévision des journées chargées. Le Gracieux étant très bavard et pas timide pour un sou, on s’est vite fait des copains partout !
À Ishigaki Village, où se mêlent touristes et population locale, 3 acolytes viennent faire leurs numéros de bars en bars et de tables en tables. Ils chantent des airs connus d’Okinawa, un peu n’importe comment, racontent des conneries et se versent de la bière sur la tête. Tout cela, évidemment, dans le but de pousser le chaland à recommander des tournées d’Orion ! Mais il faut avouer que l’ambiance décolle vraiment. Si vous êtes plus musique que cirque, un musicien un peu plus sérieux passe aussi de temps en temps.
Uminchu Izakaya Gen, c’est le seul endroit où le serveur avait l’air au bord de la dépression. On a même un peu galéré à passer les commandes tellement il était à la ramasse…
L’ambiance chez Konami, un izakaya uniquement fréquenté par les locaux était franchement sympathique. C’est là que le patron, un sacré rigolo, a essayé de nous apprendre à siffler avec les doigts.
Verdict
Juste une envie d’y retourner au plus vite ! On est tous tombé sous le charme.
Bien que l’on soit au Japon on ressent un véritable dépaysement (paysage, climat, ambiance, culture, traits des habitants). D’ailleurs bien plus à Ishigaki que sur Okinawa Hontō. Et en discutant avec les commerçants, on s’est aperçu que beaucoup venaient de grandes villes du Japon, et s’étaient installés ici pour adopter un rythme de vie tranquille, loin du stress. Et on les comprend !
Dans les articles suivants, je vous parlerai des îles voisines : Taketomi et Iriomote, ou plus éloignées : Okinawa Hontō (Naha), alors restez près du poste !
Eva
septembre 22, 2018
C’est le drama Churusan qui m’a donne envie d’aller a Okinawa, ses paysages, sa musique, etc, de ce fait j’ai aussi hate d’aller sur l’ile de Kohama et de voir certains lieux de tournage. J’ai toujours entendu que Okinawa est tres different du reste du Japon, qu’effectivement le depaysement est total. J’ai mis 7 ans a convaincre mon mari d’y aller, je suis ravie 🙂 Ma liste de choses a voir et a faire est plein, prions juste pour le temps ! 🙂
Judith Cotelle
septembre 22, 2018
Je ne connais pas le drama en question mais je ne peux que te recommander Okinawa, surtout les îles Yayeyama ou Miyakojima. L’île principale où se trouve Naha m’a beaucoup moins plu et moins fait ressentir ce dépaysement, mais c’est sympa tout de même. Bon voyage en tous cas et hâte de lire ce que tu écriras sur cette destination !