Journée snorkeling à Iriomote (西表島)
Un plan modifié à la dernière minute
Comme je vous l’expliquais dans le premier article de cette série consacrée à Okinawa, le programme de notre séjour a été pas mal perturbé par le passage récent du typhon. On devait passer notre dimanche sur l’île d’Iriomote, à bord d’un bateau charter qu’on avait réservé 2 mois à l’avance, mais on a dû annuler la veille en raison des conditions maritimes.
Cette journée était censée être le « climax » de notre voyage, celle qu’on attendait avec la plus grande impatience. Déjà, on aurait eu le bateau initialement prévu seulement pour nous quatre. Puis on aurait fait du snorkeling, exploré la mangrove et les cascades, fait du trekking dans la jungle, un barbecue sur une île déserte. Et on aurait même eu une glacière pleine de bière ! (← le détail qui compte.)
Je vous laisse admirer les images du site sur lequel on avait réservé, sur les conseils d’Ippei et Janine. (← leurs photos d’Iriomote sont spectaculaires, jetez-y un œil !)
Heureusement, on a trouvé in extremis un autre bateau sur lequel il restait quelques places libres, le lundi, pour le snorkeling et une visite d’un hameau isolé : Funauki Iriomote nature tour Funeya.
Iriomote, l’île sauvage
C’est la plus grande île de l’archipel Yaeyama, mais 90% de son territoire est couvert de jungle. On y accède en 40 min de ferry depuis Ishigaki, mais une fois sur place, on s’y déplace surtout en bateau ou en kayak puisque les infrastructures sont assez peu développées. La seule route existante ne couvre qu’une moitié du tour de cette île encore très sauvage. C’est aussi là que vit le Iriomote Yamaneko, une race de chat unique et proche du chat-léopard découverte en 1965.
à bord du Funeya (ふね家)
Au bout de 40 min de ferry assez pénibles sur une mer un peu déchaînée, on a enfin atteint le port de Uehara (上原). Ikeda-san, le moniteur, est venu nous chercher en van. On y est monté avec une fille d’Osaka, pas timide du tout (ben Osaka, quoi…), mais pas exubérante pour autant. Puis on a passé le trajet jusqu’à la baie de Shirahama (白浜湾), subjugués par les paysages : forêts primaires, champs d’adan, mangrove…
Comme vous devez vous en douter, les explications n’étaient faites qu’en japonais, ce qui m’obligeait à traduire l’essentiel à Anaïs et Pedro. C’est là que le moniteur, après nous avoir vanté les mérites de la vitre avec vue sur les fonds marins, nous informe de la présence de toilettes à bord du bateau… placés juste avant la fameuse vitre.
Et comme les Japonais sont plutôt à l’aise avec ce sujet, je dirais même qu’ils en sont friands, forcément… [roulement de tambours]. Le moniteur nous a joyeusement expliqué que si on allait faire caca, les crottes défileraient à la vue de tous sous la vitre. Je garde un souvenir ému du fou rire de Pedro, en léger décalage avec le reste de l’équipage, le temps que je traduise dans l’oreillette.
Première expérience snorkeling
Je le dis pour ceux qui ne connaîtraient pas le terme, « snorkeling » signifie tout simplement nage avec palmes, masque et tuba. C’était la première fois pour moi. Malheureusement, étant sujette à des phobies liées à la suffocation et aux étouffements en tout genre, j’avais quelques appréhensions à respirer dans un tuba. Vous imaginez bien qu’à ce stade, c’est même pas la peine de me parler de plongée avec des bouteilles.
Finalement, même si le premier quart d’heure a été assez éprouvant, je m’y suis assez vite habituée. J’y ai même franchement pris goût ! On a fait 3 sessions dans la journée.
À vos palmes, go !
Le matériel était fourni, et on avait (plus ou moins) l’obligation de nager avec le gilet de sauvetage. Le moniteur nous accompagnait, nous dirigeant vers les meilleurs spots, mais il nous laissait ensuite à chaque fois une bonne demi-heure libres de nos mouvements.
Vous voyez comme les autres prennent l’affaire au sérieux et sont sapés comme des pros ?
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Voilà comment on s’est pointé nous : en slibard et en bikini !
Et on bien regretté… Sur le spot à tortues de mer, on s’est fait bouffé par le plancton (brûlures similaires à celles provoquées par les méduses), et moi, la plus pâle de peau, ai fini avec les fesses bicolores, genre boules vanille-fraise.
Corail, anémones et poissons exotiques
Les fonds marins de la régions sont couverts de corail jaune et parfois violet. On nage littéralement au milieu des poissons multicolores (jaunes à rayures noires et blanches ou argentées, rose fluo, bleu électrique, arc-en-ciel, à pois…). On a vu des blotched foxfaces, des zancles cornus, des chirurgiens rayés, des poissons papillon-jaune, des perroquets, des poissons-papillon vagabonds, des demoiselles à trois bandes, etc. Mais pas de Némo malheureusement…
(Je dois confesser que je me suis servie dans Google image pour les photos de poissons…)
Je suis super fière d’avoir pu voir le dernier (celui à gros pois blanc, un Mongara Kawahagi ou Baliste clown) puisqu’il serait assez rare de l’observer sans aller dans les profondeurs équipé de bouteilles !
Tortues de mer
Bien qu’Ikeda-san, le moniteur de ce tour, garantisse à 90% la possibilité de voir des tortues de mer, l’émotion était tout de même intense une fois tout près d’elles.
(La vidéo de la tortue a été prise à la GoPro par le mec de Tokyo. J’aimerais bien le créditer mais malheureusement, je ne connais pas son nom.)
Même si les températures de l’air et de l’eau étaient encore extrêmement élevées lorsqu’on a fait ce tour, on se retrouvait vite frigorifié après une séance de snorkeling. On a donc bien apprécié le thé chaud et les carrés de sucre brun d’Okinawa offerts à bord !
Pause de midi dans le village isolé de Funauki (船浮)
Le village de Funauki, où Ikeda-san est né, est totalement isolé. On ne peut y accéder qu’en bateau et seules 40 personnes, dont 4 élèves y vivent. Et ça fait seulement 30 ans qu’ils ont l’électricité, ce qui signifie qu’avant ça, ils ne possédaient pas de frigo, d’où le succès du Spam !
Repas à Funetchānu-ya ( ふねっちゃーぬ家 )
On était parti d’Ishigaki vers 8h du matin, donc oui, on crevait vraiment la dalle à ce moment-là !
L’herbe chōmeisō (長命草, littéralement « herbe de longue vie ») pousse partout sur l’île et c’est l’un des secrets de longévité de ses habitants. Cette plante est en effet bourrée de calcium, vitamine C, fibres et carotène. Au goût, ça m’a vaguement rappelé la sauge.
Visite du village et du musée
Avec la fatigue et la digestion, c’était dur de rester concentré sur les paroles de cet amoureux de son village. Pourtant, je dois avouer que c’était extrêmement intéressant. Ikeda-san est d’ailleurs un excellent orateur, plein d’humour et d’auto-dérision.
On a donc appris entre autre, qu’avant que le fameux chat Yamaneko soit officiellement répertorié, il se retrouvait parfois dans l’assiette des habitants mais aussi qu’il était possible que des personnes enregistrées nulle part, vivent en ermite au milieu de la jungle. D’autres, menant une existence de Robinson sur les plages à l’arrière de l’île depuis des décennies, ont également été repérées. Enfin, la langue parlée à Iriomote en dehors du Japonais standard n’a absolument aucune ressemblance avec celui-ci.
La religion Shintō n’ayant jamais vraiment pris sur ces îles reculées, il s’agit simplement d’une sorte d’imitation de torii, réalisée « à l’arrache » comme nous le fera remarqué le moniteur avec amusement. Cette porte marque cependant un lieu de rassemblement où l’on vient prier pour les récoltes, et seules les femmes sont autorisées dans l’espace le plus sacré.
L’eau bleu piscine
C’était le dernier spot de snorkeling de la journée, et celui qu’on a préféré ! L’eau y est d’une transparence incroyable et d’un bleu semblant presque artificiel. C’est là qu’on a vu les plus grandes variétés et quantités de poissons. Une tortue de mer est également passée furtivement, mais je ne fais pas partie des chanceux qui l’ont aperçue.
Verdict
Et bien on a qu’une envie, c’est d’y retourner pour voir les merveilles cachées au centre de l’île !
Contrairement à Taketomi-jima, là on peut vraiment dire qu’on s’aventure hors des sentiers battus, surtout s’il on monte sur le bateau d’Ikeda-san, qui semble être le seul à faire visiter le village de Funauki, ou sur celui de Kobuchi-san, qui fait découvrir des lieux habituellement inaccessibles.
Infos utiles :
Ferry Ishigaki – Iriomote : aller-retour : 3910¥
Prix de la journée snorkeling : 13,000¥, site
Jeremy
janvier 05, 2018
J’ai enfin pris le temps de lire ta serie Okinawa et c’est comme d’habitude un plaisir a lire autant au niveau du style que du contenu.
Ca confirme le fait que j’ai vraiment envie d’aller voir Ishigaki et pourquoi pas une de 2 autres iles que tu cites a l’occasion !
Vive la mer !
Judith Cotelle
janvier 07, 2018
Merci !
Oui, les autres îles sont vraiment juste à côté, ça serait dommage de s’en priver !
Fuchan
mars 27, 2018
Superbes photos!
Cela me manque mais cet été je ne ferai pas mon quatrième séjour dans les Yaeyama… ce sera cap au nord.
Heureusement, il me reste les souvenirs… et la découverte de tes articles!
Merci!
Judith Cotelle
mars 27, 2018
Merci !
Nord du Japon ou d’OKinawa ? En tous cas bon voyage et hâte de découvrir les articles qui en découleront !
James Koss
juillet 06, 2018
Everything looks so beautiful there.
Eva
septembre 22, 2018
Celle-ci n’est pas dans notre programme, mais les poissons sont juste magnifiques !