Bon.. bonne année, machin, bidule.. voilà ça c’est fait..
Oui, alors je sais, mon dernier article remonte à un bail, mais quand vous aurez fini de lire celui-ci vous comprendrez pourquoi, je vous le promets. Mon titre, malgré ses airs racoleurs, n’a rien d’exagéré. Le mois de décembre semble être pour tout le monde le mois le plus intense, le plus chargé, professionnellement, émotionnellement et alcooliquement, au Japon.
Si vous connaissez déjà un peu le pays, vous savez sans doute que mois de décembre rime au Japon avec Bōnenkai (忘年会 fête de fin d’année en gros), mais aussi avec bouclage de gros boulots, rues et restaurants pleins de gens ivres 7 jours sur 7, vomis sur les trottoirs, soirées nabé, fêtes en tout genre, shots et gros hugs entre amis etc.. Ha et on a aussi Noël au milieu de tout ça !
À cette période, on sent partout cette envie ou nécessité de clore l’année au sens propre comme au figuré, afin de passer à autre chose :
- En effet, comme je l’ai déjà dit 100 fois, Bōnenkai contient les kanjis « oubli », « année » et « fête », on ne peut être plus clair.
- Mais on a aussi le Ōsōji (大掃除, grand ménage de fin d’année) à la maison comme au boulot, dont on profite pour se débarrasser de toutes les merdes accumulées pendant cette fichue année.
- L’envoi des Nengajō (年賀状, cartes de vœux pour la nouvelle année)
- Les Toshikoshi soba (年越しそば, nouilles que l’on mange le 31 pour symboliser le passage à l’année suivante, toshi signifiant « année », et koshi « passage »).
- Les grigris et amulettes qu’on rapporte au Sanctuaire afin qu’ils soient brûlés
- Et j’en oublie certainement…
Bref, tout à cette période est là pour symboliser, rappeler, marquer les notions de fin et de début d’année, et de passage ; aussi bien dans les mots employés que dans les objets de décoration, les rituels ou les plats que l’on mange. On reviendra vite fait sur la cuisine O-sechi, un ensemble de plats servis pendant les célébrations de Shōgatsu (3 premiers jours de janvier), elle aussi pleine de symboles (plus que de plaisir pour le palais d’ailleurs…) dans le prochain article qui sera consacré au jour de l’an. (d’autres articles sur le réveillon / shōgatsu au Japon)
L’ambiance est aussi assez électrique. On sent que les gens se mettent le dernier coup de pression avant de se relâcher complètement pendant les vacances de fin d’année.
Pour des raisons esthétiques, je vais d’abord commencer par la plus grosse Bōnenkai à laquelle j’ai participé tout simplement parce que c’est la seule où j’ai pensé à emmener mon appareil photo.. et ensuite on repartira dans l’ordre chronologique.
19 décembre, 広島インフラ会, Bōnenkai de la Hiroshima Infra(structure)
Tous les ans, Nininbaori (mon entreprise) et la branche d’Hiroshima d’une entreprise nationale spécialisée en 3D, vidéo, animation et imagerie, un imprimeur ainsi que quelques freelances dans le secteur du graphisme (une vingtaine de personnes en tout), organisons cette grosse fête.
La rencontre débute chaque année à 17h par une compétition de 2h de bowling pendant laquelle on boit des bières (oui, on peut apporter ses boissons et fumer au bowling au Japon). Je termine chaque année lamentablement avant dernière ou avant-avant dernière.. je me demande d’ailleurs si je ne devrais pas viser la dernière place, histoire d’exceller au moins dans quelque chose : la médiocrité. (J’aime ça pourtant, hein, le bowling)
On poursuit ensuite avec un repas au cours duquel on remet des prix aux participants et où les figures principales prononcent des discours. (Y sont forts les Japonais pour les speechs.. je parle pas forcément du contenu, mais être capable de parler aussi longtemps, sans hésitation, sans feuille de pompe, et parfois en totale impro, sans avoir été prévenu à l’avance..)
Cette année, le repas a eut lieu à Gonpachi (権八) où l’on a mangé des sashimis de kawahagi (un poisson proche du fugu, que l’on déguste d’ailleurs de la même manière), des sardines grillées, et un nabé (鍋) gros plat en terre dans lequel mijotent des tas de choses, cette fois-ci : poissons, légumes et fruits de mer.
Ma hantise était de tomber à une table de gens pas drôles, mais je me suis bien débrouillée cette année. De toutes façons on s’est mis à faire quelques rotations au cours de la soirée. Vous reconnaîtrez sûrement nos 2 protagonistes ci-dessus si vous avez lu mon article à propos de notre voyage d’affaire à Singapour.
Que ce soit le dashi (出汁 bouillon), ou la garniture (lotte, palourdes, champignons, tofu, chou, poireau, etc..) tout était excellent.
Ensuite on s’est dirigé vers le lieu de la Nijikai (二次会 2ème partie de soirée).
Nous avons donc atterri à Okame (お香芽), un immense karaoké bar à l’ambiance Showa, avec des serveuses / hôtesses en tailleurs et colliers de perle un peu rétro et des o-tsumami (petites choses à grignoter) toutes aussi nostalgiques les unes que les autres pour les Japonais d’un certain âge : boîtes de conserves, gâteaux apéritifs à l’ancienne, tranches d’ananas, etc… Ça fonctionne comme dans un snack bar ou une nomiya, en mode nomihōdai (飲み放題 boisson à volonté pour un temps déterminé) et votre verre est rempli avant même que vous en ayez fini les 3/4.
Les autres soirées du mois de décembre
Ce soir-là on a été à Torikororo とりころろ, un restaurant assez haut de gamme spécialisé dans la cuisine à base de poulet kochin de Nagoya (en sashimi, grillé, en nabé, shabu-shabu, etc…)
Puis on a poursuivi au Club Eight, un club qui ne fait aucune promo et n’a aucune enseigne à l’extérieur. Il faut monter au 6ème étage d’un immeuble par un ascenseur, et là, un lieu magnifique, construit dans un ancien cinéma, vous attend. On vous remet des bracelets qui permettent de payer au comptoir. L’immense cabine de DJ est située au centre de la salle principale et équipée de matériel vintage hi-tech. Les DJ’s ne mixent qu’au vinyle, de la Soul très classieuse et principalement japonaise.
J’ai aussi eut la visite d’un ami de Fukuoka rencontré lorsqu’il faisait ses études à Aix-en-Provence il y a une bonne quinzaine d’année. Il gère maintenant une plantation de légumes bio Hide-chan Nōten (ヒデちゃん農園).
Ce soir-là, je passais aussi de la musique à Centre Point.
Si vous souhaitez en savoir plus, j’avais écrit l’année dernière un article sur la soirée Nagarekawa Lovers Rock, qui a lieu tous les ans fin décembre à Edge, suivie d’une interview de Big Stone dans ma série dédiée à la scène reggae d’Hiroshima.
On a aussi fait notre petite Bōnenkai juste entre nous (l’équipe Nininbaori) dans le teppanyaki Sarii-chan. Paul de GetHiroshima nous a rejoint pour quelques verres. Notre patron n’a fait qu’un cours passage, mais nous avons continué au karaoké avec mes 2 autres collègues.
Et le lendemain, le 23 (jour férié au Japon pour l’anniversaire de l’Empereur) le Gracieux m’a invité à Sanbi (三嵋), un restaurant de cuisine japonaise traditionnelle, pour fêter Noël ensemble. Il avait commandé un menu principalement constitué de fugu (en sashimi, frit, en nabé, etc..). Si on l’a fait ce jour-là, c’est que c’était son dernier jour de congé avant le 31. Et oui, le mois de décembre étant une période juteuse pour le secteur de la restauration, on ne peut pas se permettre de chômer.
Le lendemain, j’ai été bien gâtée : un magnifique bouquet et un cadeau choisi avec énormément de goût m’attendaient chez moi à mon retour du travail. Je lui ai remis le sien le sur-lendemain (oui, le Noël à rallonge et en différé..)
Le lundi 28, nous avons fait notre grand ménage au bureau puis terminé avec une Nōkai (納会 « Dernière soirée avant séparation », oui ils ont des noms pour tous les types de soirées imaginables) avec 2 collègues d’une entreprise partenaire, avant d’être enfin réellement en vacances.
Le 30 à midi, j’étais invitée au mariage d’une ancienne collègue de l’époque où je travaillais pour la promotion de l’île de Miyajima, et qui vit depuis quelques années en France où elle est partie rejoindre son petit ami de longue date et désormais mari français.
Le soir, j’ai rejoint une amie à une soirée à Edge où jouait Yoshihiro, membre de Kyoto Jazz Massive.. avant de rejoindre le Gracieux à la préouverture du resto de son meilleur ami..
Ha.. et j’ai aussi travaillé un samedi au mois de décembre pour préparer la présentation devant un client d’une proposition de branding complet pour une marque de produits pour le bain (nom, logo, packaging, image de la marque, etc..) …
Et je vous assure que tout ça n’est qu’un résumé et une sélection du plus montrable.. sur ce, bonne nuit..
Les adresses :
Centre Point : 3-12 Yagenbori, Tsubaki Bldg 5F, Naka-ku, Hiroshima
Gonpachi :
Okame :
La Maschera : 2-17 Yagenbori, Rotary Bldg 2F, Naka-ku, Hiroshima
Bar Capone : Senda-machi 1chome 1-8, Naka-ku, Hiroshima
Izakaya & Dining Micks (ouvert jusqu’à 6h du mat) : 4-1 Nagarekawa-cho, Naka-ku, Hiroshima
Torikororo : 2-3 Yagenbori, Naka-ku, Hiroshima
Bar Edge : 8-15 Nagarekawa-cho, Hawaiya Bldg B1F, Naka-ku, Hiroshima
Teppan-yaki & Okonomiyaki Sarii-chan : 7-11 Kyobashi-cho, Minami-ku, Hiroshima
Cicilemon
janvier 12, 2016
Merci Jud pour ce panorama très complet de ces beuve… euh soirées de fin d’année. 😉 Mention spéciale au club 8, qui a l’air d’un endroit très classy et où j’aimerais bien aller…
Hâte d’avoir l’autre partie…
Judith Cotelle
janvier 12, 2016
Merci pour le commentaire !
Oui la suite (enfin les 2 : jour de l’an à Kyoto et Shogatsu) est en cours de rédaction, ça sera prêt d’ici quelques jours !