Me revoilà ! Ca fait un petit moment que je n’ai pas écrit et pour plusieurs raisons : J’étais occupée avec plein de choses, je suis sortie de mon hibernation hivernale, j’ai eut la visite de pas mal d’amis français pendant la période de hanami et aussi, surtout même peut-être, j’avais besoin d’un break après ces articles qui m’ont pris un travail fou.
La préparation des enquêtes / interviews, les entretiens et les prises de vue, le tri et la retouche des photos, et la rédactions des articles prennent VRAIMENT du temps, plus que je ne l’imaginais, et quand on travaille déjà à temps plein, ça oblige quasiment à se couper de toute relation sociale, ce qui est un peu un paradoxe quand on souhaite principalement écrire sur les gens de sa ville.
J’ai d’autres articles programmés mais le rythme risque encore d’être assez lent dans les mois qui viennent : visite d’autres amis français, Golden Week et Flower Festival, week-ends en extérieur, un gros projet dont je parlerai quand il se concrétisera et dans un mois, un nouveau business trip, à Los Angeles cette fois-ci.
Je reviens donc cette fois-ci avec un article plus léger, qui n’a pas spécialement à voir avec Hiroshima en particulier, pour vous présenter un aspect de la culture japonaise liée au mariage.
Oui, je sais, ça sent un peu l’article « le saviez-vous ? », mais je ne peux pas non plus aller interviewer des punks et des rastas tous les 3 jours…
Cette année en Janvier, le dernier de mes collègues encore célibataire (divorcé ceci-dit) s’est marié. Il n’y a pas eut de cérémonie, comme c’est souvent le cas lors d’un 2ème mariage au Japon (seulement la signature des papiers en mairie, qu’on appelle 入籍 nyuuseki : entrée dans le registre familial). Pour ceux qui ne le sauraient pas, les mairies au Japon ne proposent pas de cérémonie comme c’est le cas en France. Il suffit d’aller à un guichet, sans rendez-vous, et de faire tamponner ses papiers par un employé. Ca prend quelques minutes. Les couples choisissent cependant en général une date qui représente quelque chose pour eux ou dont la prononciation des chiffres en japonais a un sens.
Cependant, en tant que personne proche – oui l’entreprise c’est comme une famille, et de fait, mes collègues sont les gens avec qui je passe le plus de temps dans ma vie – j’ai dû m’alléger d’une certaine somme d’argent que l’on appelle 結婚祝い kekkon-iwai : cadeau de mariage. Au Japon, on n’offre pas de cadeaux en nature, les listes de mariage n’existent pas non plus (je me rappelle en avoir parlé à des amis et ils trouvaient le concept plutôt cool), non, on offre de l’argent. Et la somme minimale / standard est de 30,000 yens (230 euros à l’heure où j’écris l’article). Oui, ce n’est pas rien..
J’ai été invitée à un paquet de mariages au Japon, mais toujours à partir de la 二次会 nijikai : 2ème partie de mariage (la partie festive, moins formelle, où à peu près n’importe qui peut se rendre, et à laquelle la famille ne participe pas en général). Je n’ai pour l’instant pas eut d’amis super proches qui se soient mariés depuis que je suis là (ils l’étaient déjà avant que j’arrive ou ne le sont pas encore mais bientôt, bien que l’on approche tous la quarantaine), et seuls les super proches sont invités au 披露宴 hirōen : réception officielle, à laquelle le cadeau de mariage est obligatoire.
C’était donc ma première fois. Heureusement, mon patron m’a expliqué comment procéder. Il m’a donné l’adresse d’une papèterie / calligraphie, et m’a dit qu’il suffirait de préciser que je venais pour un kekkon-iwai, et que s’il on ne me proposait pas de calligraphier mon nom, je n’aurais qu’à le demander.
Il m’a envoyé à 永井纸店 Nagai-kamimise, un vieux magasin situé en étage dans la rue commerçante couverte principale d’Hiroshima : Hondori.
On y trouve tout un tas de magnifiques articles de papèterie, d’accessoires pour la calligraphie et, ce pour quoi j’étais venue, des enveloppes pour offrir de l’argent pour tout un tas d’occasions différentes (mariage, ouverture de commerce, etc..).
Je me suis donc présentée au comptoir avec le nom de code kekkon-iwai. On m’a demandé quelle somme je souhaitais offrir (alors, là je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle ils ont besoin de connaître la somme.. la cliente à côté de moi venait pour un cadeau de 600,000 yens !). On m’a demandé si je voulais faire calligraphier mon nom, j’ai dit oui et ai écrit mon nom sur un papier, puis on m’a dirigé vers le rayon des enveloppes réservées pour les mariages. J’ai eut du mal à choisir, elles me semblaient toutes jolies et j’ignore si les couleurs ou les décorations ont un sens, mais mon cadeau étant destiné à un homme, j’ai essayé de choisir quelque chose qui ne soit pas trop rose ni trop fleuri (malgré le fait que je pense que les garçons ont le droit de jouer à la poupée et les filles aux petites voitures…).
J’ai été extrêmement surprise qu’ils acceptent que je prenne des photos vu le côté solennel du lieu et l’allure sévère, lunettes, chignon tiré, maîtresse d’école nazi, de la dame qui réalise les calligraphies, mais non, aucun souci.
On m’a ensuite remis mon enveloppe avec mon nom écrit à l’encre de chine et là, j’ai eut (heureusement !!) la présence d’esprit de demander comment on mettait l’argent dedans (heureusement j’avais pris les billets avec moi !). Le pliage n’est pas évident mais heureusement, ils l’ont fait pour moi et en ont même profité pour me montrer les gestes pour la remettre.
Voilà le résultat !
Alors, oui, je vais pas mentir, ça fait un peu mal au cul sur le moment quand il faut sortir cette somme d’argent, mais comme je l’ai lu partout, au moment de l’offrir, c’est agréable.
Et tout n’est pas perdu…
Qui dit kekkon-iwai dit お祝い返し o-iwai-kaeshi : le retour de cadeau, ou le retour sur investissement en gros. Lorsqu’on offre une somme d’argent à quelqu’un pour son mariage, celle-ci doit en rendre plus tard la moitié, sous forme d’argent ou de cadeau. J’ai donc reçu un magnifique assortiment de serviettes de bain Shu Uemura la semaine dernière.
En fait, c’est un peu comme si j’avais donné seulement 15,000 yens et que je m’étais fais un cadeau surprise pour dans le futur !
Nagai Kamimise : 3F, 1-15 Hondori, Naka-ku, Hiroshima
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