Je ne sais pas vous, mais moi, je ressens une grande envie de me retrouver à la campagne dès qu’arrive l’automne au Japon. Et justement, les parents du Gracieux m’avaient invitée à passer deux jours avec eux dans la région de Daisen au cœur de la préfecture de Tottori. La préfecture la moins peuplée de l’archipel, le Japon rural dans toute sa splendeur. Exactement ce qu’il me fallait !
C’est aussi la seule préfecture de la région Chugoku que je n’avais pas encore visitée. (Oh ! Ce sentiment d’accomplissement pourtant si futile, cette satisfaction similaire à celle qu’on éprouvait en terminant un album Panini ヽ(◎´З`)ノ彡☆).
Comme d’habitude, il s’agira plus d’un récit personnel de séjour et d’impressions ou d’anecdotes, que d’un article rassemblant toutes les informations touristiques utiles. Mais pour cela, je vous laisserai quelques liens en fin de page.
Découverte de la région de Daisen (大山)
Après 3h30 de bus jusqu’à Yonago et 30 min à bord de la voiture de location, nous voilà dans la région de Daisen.
C’est là que se trouve la pension où vont régulièrement séjourner les parents (que je nommerai K. pour elle et S. pour lui) depuis une vingtaine d’année. Le mont volcanique Daisen, qui culmine à 1729m, surplombe de larges champs et pâturages séparés par des clôtures de bois. Les plaines sont plutôt rares au Japon. C’est surtout qu’on les utilise habituellement pour y construire des villes.
La végétation, assez différente de celle des régions que j’ai visitées jusqu’à présent, a également attiré mon attention : forêts de hêtres parsemées de conifères.

Mont Daisen

Vue sur la péninsule de Yumigahama et la baie de Miho depuis le pied du mont Daisen
On a voulu visiter le Musée de la photographie Shoji Ueda (lien), dont on m’avait dit du bien, malheureusement il était fermé ce jour-là. Ça valait tout de même le coup rien que pour l’architecture et je regrette qu’on ne s’y soit pas plus attardé en découvrant maintenant d’autres photos des lieux.
On a donc repris la route pour acheter quelques légumes de la région en bord de route puis pour faire une pause café / glace au Daisen Milk no Sato (le village du lait).
C’est une ferme de vaches laitières mais « Disneylandisée » à la Japonaise. On peut s’y restaurer, acheter des produits laitiers et souvenirs à thème entouré de mascottes, peluches et sculptures à l’effigie de l’animal « kawaisé » (site officiel). Je n’ai pas vu les bovins, mais je les ai bien sentis et ces odeurs m’ont rappelé la Bourgogne de mes grand-parents.

Musée de la photographie Shoji Ueda
Le temple Daisen-ji (大山寺)
Il n’était pas encore 16h lorsqu’on est parti de la ferme mais le temps s’était déjà assombri et rafraîchi. Un épais manteau de brouillard recouvrait le mont Daisen jusqu’aux genoux. C’est là qu’on m’a expliqué que les paysans du coin considéraient depuis bien longtemps cette montagne comme une divinité. Une divinité qui les protège des intempéries et autres catastrophes naturelles, et leur assure de belles récoltes. Ainsi, ils prient et organisent de nombreuses cérémonies dédiées à la montagne qu’ils appellent respectueusement « Daisen-san ».
En arrivant au pied du temple, on a croisé des foules de randonneurs parés de leur plus belle panoplie Montbell (comme le faisait remarqué S. un peu moqueur). En effet, le lieu est réputé pour ses chemins de trekking mais les accidents semblent fréquents.
Ça grimpe d’ailleurs pas mal jusqu’au pavillon principal ! On suit d’abord une route escarpée et bordée d’hôtels et ryokan décrépis. Les Japonais préfèrent aujourd’hui loger près des stations de ski plutôt que le long des chemins de pèlerinage.
Ensuite, on se casse les genoux sur les marches irrégulières d’un grand escalier qui s’enfonce dans une forêt d’arbres gigantesques.

Pavillon principal du temple Daisen-ji
On s’étonne guère que ce lieu mystique ait donné aux moines du 8e siècle l’envie d’y pratiquer l’ascèse et de se consacrer à la religion Shugendo. Une religion qui mêle Shintoïsme, Bouddhisme, Shamanisme et vénération de la montagne.
Bien au chaud à la pension Dandan
La nuit s’apprêtant à tomber, on avait maintenant hâte d’aller s’installer à la pension Dandan (ペンション暖暖 lien). K. et S. m’en avaient tellement vanté les mérites que j’étais impatiente d’y séjourner et je n’ai pas été déçue !
On dirait une petite maison de poupée. C’est mignon, confortable et le couple qui la tient est adorable et super chaleureux. Je m’y suis immédiatement sentie bien et à l’aise.
Le kanji 暖 dan évoque la chaleur en japonais mais « dandan » signifie également « merci » dans le dialecte de la région.

Ma chambre

Vue de mon balcon sur le mont Daisen
Ils ont construit cette maison eux-mêmes il y a 29 ans. C’est Madame (originaire de Kumamoto, Kyushu), mais rencontrée sur les pistes de ski par Monsieur, qui s’occupe de la déco, de la cuisine, et du graphisme et des illustrations de leurs outils de communications.

Décoration et bocaux maison

la salle à manger

Intérieur cosy

La terrasse
Monsieur quant à lui s’occupe d’aller ramasser des champignons et des légumes sauvages de saison quotidiennement (voir les images sur le site), de couper le bois pour le poêle qui chauffe agréablement la maison, du bricolage, et du service à table.

Les prunes salées (umeboshi) maison
Les chambres super douillettes sont situées à l’étage, et au rez-de chaussée se trouvent la salle à manger, un petit salon, le coin fumeur, les deux bains intérieurs et le rotenburo (露天風呂 bain extérieur).
Le dîner
Ils servent à 18h30 un repas « occidental à la Japonaise » avec des produits locaux, frais et de saison qu’ils récoltent ou cultivent eux-mêmes.
Dîner à la pension Dandan
L’entrée comprenait des rouleaux de printemps aux légumes, une fève d’un haricot géant (genre 30cm de long sur 7 de large), de la renouée du Japon (イタドリ itadori) marinée, du congre maturé, divers sortes de champignons, un tartine de fromage frais à la confiture de yuzu maison, de la figue et des tranches de poulet.
Pour continuer, on nous a servi un gratin de taro (里芋 sato-imo), des tempura de champignon, une soupe de champignons au yuzu, des tsukemono maison (pickles) de daikon, rakkyō (oignon de Chine) et champignon.
Et en plat de résistance : du bœuf wagyu de la région Daisen cuit au vin avec des légumes (lotus, brocoli, tomate cerise, patate douce) accompagné de riz aux mukago (espèce de mini pommes de terre : photo).
On a fait descendre tout ça avec un vin rouge local, mais là je serai moins élogieuse… ça ressemblait plus à du jus de fruit qu’autre chose même si ça restait buvable.

Mont Blanc et sorbet au dekopon
Et pour finir en dessert : un Mont Blanc à la châtaigne et un sorbet de dekopon (デコポン), un agrume de la région de Kyushu.
Fin de soirée autour du poêle à bois
J’ai d’abord profité du bain avant de retrouver tout le monde au salon pour bavarder avec un thé bien chaud autour du poêle à bois crépitant. Le fils et sa petite amie nous avaient rejoint aussi.
La chaleur du poêle qui se diffuse dans toute la maison et jusqu’à l’étage est tellement agréable ! Le nom de la pension prend vraiment tout son sens lorsqu’il fait froid dehors. Je n’ai pas eu besoin d’allumer le chauffage dans ma chambre et K. et S. m’ont affirmé qu’on s’y sentait bien au chaud même en plein hiver.
Bien que la maison soit située en bord de route, le calme règne toute la nuit. Aucune voiture ne circule avant la matinée et aucun éclairage ne vient perturber le clair de lune ni les étoiles.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas passé une nuit aussi paisible.
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La 2e journée dans le prochain article.
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Liens :
Le mont Daisen – Premiers pas dans la préfecture de Tottori
Mont Daisen : l’une des plus belles randonnées du Japon
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Pour les geek photo : Oui, j’ai pris toutes mes photos* avec l’objectif Fujinon XF56mm f/1.2, pas du tout adapté à la photo de voyage. Mais si vous vous demandez pourquoi, et bien c’est par pur caprice. Je l’ai reçu juste avant de partir et savais qu’avec l’avalanche de travail qui m’attendais après je n’aurais pas le temps de l’essayer en rentrant donc je me suis dit tant pis, on essaiera d’être inventive. Mais oui, ça m’a un peu frustrée aussi par moment… (* à part les photos de plats à l’iPhone 7)
Rémy
novembre 06, 2019
Ça faisait tellement longtemps que je n’avais plus pris le temps de lire des billets de blogs… Merci, tant pour le récit que pour les photos. J’avoue que ça donne franchement envie, surtout quand j’ai vu débouler les photos des plats. Une dinguerie avec des produits de saison. Les champis cueillis du jour, le top.
Ça m’a vraiment donné envie d’aller visiter les alentours surtout que je ne connais pas du tout la région. Ce ne sera pas pour tout de suite mais j’ai enregistré le lien de la pension bien au chaud ^^.C’est déjà top à cette saison alors en Hiver, j’imagine que ça doit être bien sympa. Surtout autour du poêle à bois et la neige autour. J’ai bien rigolé en imaginant la scène des randonneurs en « Montbell » 🙂
Le côté tranquille de l’établissement, la déco, les personnalités des proprios et les produits locaux, c’est un super bon plan. Hâte de lire la deuxième partie.
Judith Cotelle
novembre 06, 2019
Merci pour ton commentaire !
Oui je recommande chaudement, aussi bien la région que cette petite pension. J’aimerais bien y retourner plus longtemps et faire une randonnée (en Montbell ou non :D). En farfouillant à la recherche d’autres blogs parlant du coin j’ai vraiment vu de belles choses !
Céci
avril 14, 2021
Ahlala mais j’adore, je veux retourner à Tottori ! T_T
En plus c’est pile la région que j’ai raté dans cette préfecture. Trop beau. Et cette nourriture quoi… Merci pour le partage de ces jolis moments 🙂
Judith Cotelle
avril 14, 2021
Merci pour ton commentaire !
Y a des photos de bouffe encore plus alléchantes dans celui-ci 🙂 https://www.jud-hiroshima.com/2020/11/22/randonnee-au-japon-mont-daisen/
Bertrand
mai 16, 2021
Super article, sur des coins totalement méconnu pour le touriste lambda comme moi. Merci pour ton blog, ça ne court plus les rues des blogs sans placement de produi, de sponso et autres joyeusetés marketing-esques.
Judith Cotelle
mai 17, 2021
Merci ! Ce commentaire me fait vraiment plaisir 🙂